Conclusion
La discrimination à l'égard des filles existe
toujours. A l'heure actuelle, le plus bas taux de scolarisation dans le
primaire se trouve dans la wilaya de Ghardaïa avec 40.27% de filles. Le
taux le plus élevé concerne la wilaya d'Alger avec 48.27%. Pour
le moyen, le taux le plus bas se trouve dans la wilaya d'Adrar 31.09% de filles
contre 50.73 à Alger. Pour le secondaire c'est encore la wilaya d'Adrar
qui compte le moins de filles, soit 27.92% contre 61.75% dans la wilaya
d'Alger. Comme on peut le marquer le taux le plus bas existe au Sud du pays et,
dernièrement, les spécialistes ont été
catégoriques quant au taux élevé de mortalité
infantile enregistré au Sud du pays.
Le taux d'analphabétisme pour les femmes de (16 ans et
plus) est de 43.02% soit plus de 04 millions de femmes ne savent ni lire ni
écrire. Que peut-on dire devant ces chiffres qui parlent
d'eux-mêmes, sauf que la discrimination à l'égard des
femmes, au même titre que la plupart des autres discriminations contre
les femmes mèneront tout droit à des taux de mortalité
infantiles élevés. La relation entre la malnutrition de la
mère et l'insuffisance pondérale à la naissance a
été établie, à travers le monde et pourtant les
femmes continuent même lorsqu'elles sont enceintes à être
sous alimentées plus souvent que les hommes.
Un dysfonctionnement de la cellule familiale entraîne
une multitude de problèmes d'ordre psychologique qui rend l'enfant
vulnérable à toutes influences venant de l'extérieur. En
Algérie, nombreuses sont les familles qui n'arrivent pas à
assumer leur rôle de protecteur et de guide. Alors ce rôle est
assumé par l'Etat.
5-4- L'enfant et l'Etat.
« L'enfant a droit à l'éducation sur la base
de l'égalité des chances : l'enseignement primaire est
obligatoire et gratuit pour tous ».
L'organisation des différentes formes d'enseignement
secondaire tant général que professionnel est accessible à
tous les enfants. L'accès à l'enseignement supérieur
s'effectue en fonction des capacités de chacun par tous les moyens
appropriés dans le stricte respect des droits de l'homme, des parents et
de l'épanouissement de la personnalité de l'enfant » (Art 28
et 29 convention des droits de l'enfant).
Dans la législation Algérienne et au terme de
la loi fondamentale Algérienne, l'article 53 de la constitution stipule
que « l'enseignement fondamental est obligatoire. Sa gratuité
obéit aux conditions fixées par la loi ».
Le but de cet exposé, concernant le rôle de
l'Etat quant à l'éducation des enfants, n'est pas de porter une
critique exhaustive avec données statistiques à l'appui, mais au
contraire, de faire part de notre expérience empirique.
Les conclusions de cette expérience nous
révèlent que la société algérienne est belle
et bien diversifiée. L'école n'a pas pris acte de cette
diversification idéologique, politique et culturelle, par
conséquent, il faut donc absolument diversifier l'enseignement.
Uniformisation et démocratisation sont deux termes antinomiques, et
jusqu'à présent ce qu'on appelle « démocratisation de
l'enseignement » a été une uniformisation désastreuse
pour près 90% des enfants de ce pays. Les 10% restant serait à
l'aise dans ce système scolaire que nous allons présenter comme
absurde, parce que nous avons souffert et si nous nous sommes
intéressés à ces problèmes, c'est sans doute parce
que nous sommes le pure produit de ce système absurde.
Il y'a donc des différences et vouloir changer le
système complètement serait rendre un mauvais service à
une partie des enfants qui sont assez bien adaptés au système
actuel. On peut l'améliorer, mais ne détruisons pas ce qui existe
déjà et ce qui profite à 10% des élevés.
Le système éducatif d'une société
reflète le système social de cette société et
constitue, en même temps, le moyen essentiel grâce auquel ce
système se perpétue. On peut d'une certaine manière le
considérer comme le principal appareil de contrôle social, auquel
doivent se soumettre les individus et comme un des modèles les plus
marquant de leur vie d'adulte.
Ces 10% des élèves, que nous avons
évoqué, et à qui le système réussi.
Posons-nous la question sur leur avenir. Que deviennent-ils ? Des professeurs,
des fonctionnaires d'Etat, voire des ministres ? Et bien entendu, ils estiment
que le système scolaire est extraordinaire puisqu'il a fait d'eux ce
qu'ils sont devenus. Alors, la résistance à tout changement vient
de ces intellectuels à la solde du pouvoir. Nous devrions donc, si nos
hypothèses sont exactes, retrouver dans notre système
éducatif les éléments caractéristiques d'une
école dogmatique, démagogique, voire violente.
Reconnaissons le, l'école n'enseigne qu'une part
extrêmement restreinte de tout ce qui constitue l'expérience
collective, la culture vivante d'une communauté humaine. Cette «
haute culture » est et doit rester essentiellement minoritaire, car tout
effort de diffuser à grande échelle pour en faire
bénéficier l'ensemble du corps social ne peut que la
détruire. Nous pensons qu'il ne saurait y avoir de continuité
culturel sans un minimum de stabilité sociale, cette dernière est
au bord de l'explosion, et que la haute culture ne peut survivre que si,
parallèlement à la cristallisation incessante des élites,
un certain nombre de lignes familiales, porteuses traditionnellement de cette
culture, sont capables de préserver leurs position sociale dominante de
génération en génération. Nous insinuons par
là, une méfiance à l'égard de l'idéologie de
la scolarisation. L'essentiel de la culture c'est à dire la
manière de vivre, de se comporter, ne s'apprend pas à
l'école, mais au sein de la famille et on ne doit pas considérer
la scolarisation des masses comme une panacée sociale.
Accorder trop de place à l'éducation familiale
et religieuse ne peut que conduire à une corruption de la culture de
même que la scolarisation d'un individu ne peut être pour lui
qu'une cause de malheur. Et là, nous touchons au «dogme de
l'égalité des chances ». Que signifie
l'égalité des chances ? L'égalité, à notre
sens, veut dire que l'élève A, dont la famille
ayant un revenu avoisinant les 30.000 dinars,
fréquente la même école que
l'élève B, dont la famille ayant un même
revenu. Voilà l'égalité, voilà la
démocratisation de l'enseignement. En contrepartie,
l'égalité d'un point de vue démagogique, est que
l'élève A, ayant des parents, dont le revenu est
de 30.000 DA fréquente la même école avec
l'élève B, ayant des parents, dont le revenu est
de 6000 dinars. Et que dire de l'élève, ayant des parents, dont
le revenu est de 00.00 DA. En claire, on apprend à l'enfant «
d'accepter ce droit, qui consiste à accepter cette injustice. Un
droit égale pour tous à devenir inégaux.
».
Cette politique a été nourrie et soutenue par
les pouvoirs successifs des années 70 et, renforcée par ceux des
années 80. C'est-ce qui a conduit à la
désintégration des classes et l'abandon par la famille de ses
responsabilités éducatives au profit d'un Etat- providence.
Ce dogme et cette démagogie, ont conduit à
soumettre toute la société à des élites d'esprits
agiles, dépourvues de racines sociales et de mémoire culturelle
« Nous avons encouragé la culture orale au détriment de la
culture écrite, signe d'un pays en pleine décadence ». Ce
qui a provoqué la dégradation de l'enseignement universitaire
sous prétexte d'éviter le gaspillage des talents ou
l'étouffement des génies. Il ne fait aucun doute que dans la
précipitation à vouloir faire faire des études à
tout le monde, nous réduisons nos niveaux d'exigences et nous
abandonnons de plus en plus l'étude de ces matières qui servent
à transmettre les éléments fondamentaux de notre culture
scolaire ; détruisant ainsi nos édifices anciens pour
préparer le terrain par lequel les délinquants sont venus camper
avec leurs comportements barbares. Nous avons vécu l'expérience
le résultat est, de 100.000 morts et 20 milliards de dollars de
dégâts matériels (...).
D'une façon générale, on assiste
à un effondrement de l'éducation. Les élèves
fréquentant cette école reçoivent des « informations
scientifiques », souvent livresques et douteuses, fortement
marquées par l'empreinte idéologique et moralisatrice. On se
soucie plus de la mise en condition que de l'épanouissement personnel.
Nous vivons « au moyen âge ». Ajouter à cela la baisse
du niveau de vie et les difficultés économiques : « en 1995,
selon une enquête de l'ONS la masse globale des dépenses
était de 995,85 milliards de dinars, dont 582.17 milliards de dinars
consommés dans l'alimentaire. Les produits alimentaires accaparent 60%
des
revenus des ménages contre 4,39% pour la santé,
1.10% pour l'éducation et 0.62% pour les loisirs. Les plus riches
occupent 27.20% de la consommation globale des ménages contre 2.27% pour
les plus pauvres. La consommation des viandes a connu une baisse durant ces
dernières années et est de l'ordre de 39.5%, tandis que la
consommation des légumes secs a augmenté de 16%, la baisse du
pouvoir d'achat des salaires entre 1986-1996 a été de 45% »
(26)
Avant les années obscures du moyen âge c'est
à dire avant les années 90. On peut remarquer aisément
qu'il y avait une évolution des conditions de vie de toute la
société, c'était les années fastes. Jugez-en. On
prendra les indices suivants pour faire la comparaison entre les groupes de
produits suivants :
Les céréales, les légumes, les fruits,
les viandes, les matières grasses, et le lait et ses
dérivés et observant l'évolution de la consommation par
tête entre 1966 et 1988 et 2000.
Produit
|
1966
|
1988
|
1988/66*
|
2000**
|
Céréales
|
262 kg
|
185 kg
|
-30%
|
+16%
|
Légumes frais
|
37.8 kg
|
75.8 kg
|
+100%
|
Nd
|
Viandes et poissons
|
21.0 kg
|
30.5 kg
|
+45%
|
39%
|
Matières grasses
|
10.2 kg
|
17.2 kg
|
+68.6%
|
Nd
|
Laits et dérivés
|
35 L
|
71.9 L
|
105.4%
|
Nd
|
|
Tableau n° 02
Consommation par tête et accroissement en
%(27) Sources : * Boukhoubza
** Journal Liberté
Ces données démontrent clairement que entre
1966-1988 qu'il y'avait une élévation sensible du niveau de vie.
Après cette date 1988, nous pouvons remarquer que nous sommes entrain
« d'évoluer en reculant ».
Cette baisse du niveau de vie frappe les petits enfants
encore plus durement que les grands. L'effarante moralité infantile
crée une sorte d'indifférence soutenue par la foi. Les jeunes
sont bien loin de croire qu'ils peuvent prendre leurs destin en
main tellement ils se sentent écraser par la
précarité de leurs conditions, mais aussi parce que on leur
enseigne la résignation.
Cette rudesse de la vie quotidienne engendre trop souvent une
brutalité des moeurs. Les viols, la prostitution infantile, la
toxicomanie, le banditisme, et tant d'autres fléaux que la famille ne
peuvent assumer seule. Le retour à une vie calme et paisible n'est pas
pour demain, ni pour après demain, et que l'enfant abandonné,
traumatisé, martyrisé et marginalisé attend beaucoup de
l'Etat, comme le stipule les articles 19 et 34 de la convention des droits de
l'enfant, «les Etats parties prennent toutes les mesures tendant à
protéger les enfants contre les brutalités physiques, mentales,
la négligence, la violence sexuelle, les abandons et l'exploitation
».
La législation, quant à elle, stipule des mesures
législatives, administratives, sociales et éducatives pour
protéger l'enfant contres toutes formes de maltraitantes. « Le code
pénal punit et condamne
· l'abandon et le délaissement d'un enfant en un
milieu solitaire.
· L'attentat à la pudeur et viol commis sur la
personne d'un mineur fille ou garçon même âge de plus de 16
ans.
· La relation sexuelle qualifiée d'inceste
· La relation homosexuelle
· L'incitation de mineur à la débauche et
à la prostitution » (Articles 338 à 339). Pour ce qui est du
code de l'information dans ses articles 24 et 26 il réprime
sévèrement ces actes.
Qu'en est il réellement ? Selon le juriste Zeroual
Abdelhamid, les choses ne sont pas du tout faciles. Cela est du à
plusieurs facteurs dont : la majoration, l'identité et
l'intérêt supérieur de l'enfant. « Pour ce qui est de
la majoration, prévue par l'article premier de la convention du
20.11.89, l'a fixé à 18 ans. En droit Algérien, la
situation est des plus contradictoires. Ainsi l'article 40 du code civile fixe
la majorité à 21 ans pour le garçon et 18 ans par la femme
pour contracter mariage. Le code de la nationalité à 21 ans
(...). En ce qui concerne l'identité, la convention insiste sur la
garantie de l'identité de l'enfant, c'est à dire, sur son droit
d'avoir un nom, un prénom et une nationalité (art 7). En droit
Algérien le nom est régi par deux textes, le décret 7
1-157 du 3 Juin 1971 relatif au changement du nom
et l'ordonnance 76-7 du 20 Février 1976 relative
à l'acquisition de ce nom. Ce qui est notable en droit Algérien
est le progrès assez récent qu'a connu notre législation
avec l'avènement du décret 92-24 du 19 Janvier 1992, modifiant le
décret 71-157 et qui autorise la concordance de nom entre le KAFIL (qui
prend en charge l'enfant dans le cadre de la KAFALA) et l'enfant Makfoul
(adopté). Ainsi le décret de 1992 permet à l'enfant de
prendre le nom de la personne qui le prend en charge et instaure une
compétence juridictionnelle pour l'octroi du nom (par ordonnance du
président du tribunal). Contrairement au décret 75-157 qui
instaure une compétence relevant du domaine réglementaire (...)
ce qui constitue un progrès important (...).
Pour ce qui est de l'intérêt suprême de
l'enfant. En droit Algérien, l'intérêt suprême de
l'enfant connaît des hauts et des bas, ce qui dénote d'une
législation résistante et parfois contradictoire. En effet, les
garanties accordées par le code pénal sont mises en échec
par le code civil. Ainsi, l'article 52 du code de la famille semble ignorer
l'intérêt de l'enfant en privant celui-ci de l'octroi obligatoire
d'un logement au bénéfice de l'épouse divorcée pour
lui permettre d'exercer décemment son droit de garde. D'après
l'article 123 de la constitution, les traités ratifiés par le
président de la république sont supérieurs à la loi
d'où la nécessité de modifier le code de la famille.
Enfin, pour pouvoir consacrer l'intérêt
supérieur de l'enfant, il faudra unifié les codes et les textes
et abroger l'article 52 du code de la famille. De cette façon, se
concrétisera l'intérêt supérieur de l'enfant et
notre droit sera homogène et conforme à la convention des droits
de l'enfant » (28) . Comme nous le constatons, nombre de lois et
règlements protègent les enfants, beaucoup sont bien
conçus et actuelles alors que d'autre remonte à l'époque
coloniale.
La formation ou l'interprétation de la
législation doivent être revues afin de l'aligner d'avantage sur
la convention. Des incohérences existent entre les lois concernant les
différents aspects de la vie des enfants et une définition
légale unique de l'enfant fait défaut. En fait, la
société dans son ensemble ne considère plus comme un
« enfant » un garçon ou une fille ayant atteint la
puberté, et ce quoi qu'en dise la loi.
Le processus législatif n'est donc qu'une des voies
s'offrant pour améliorer la protection de l'enfance. De nombreuses lois
sont insuffisamment appliquées, ou bien elles le sont de telle
manière qu'elles ne font qu'aggraver le préjudice
déjà subi par l'enfant au lieu de remettre sa vie en ordre.
La vie de la plupart des enfants est davantage régie
par la coutume familiale et la loi religieuse. Plutôt par les religieux,
que par la législation nationale. L'application de la loi, par exemple,
les dispositions relatives au paiement de la dote ou au mariage précoce,
passe donc par un changement des valeurs quant aux rôles et à
l'identité des jeunes gens, mais cela ne saurait se produire du jour au
lendemain.
Nous avons évoqué précédemment les
statistiques concernant les enfants en danger moral, les enfants
illégitimes et nous avons démontré que la famille
algérienne, vu le marasme dans lequel elle vit et la pauvreté
caractérisée qu'elle endure, a démissionné de son
rôle de protecteur et de régulateur.
A cette défaillance, l'Etat a répondu par
l'affirmative. Le code pénal, en son article 320, réprime tout
abandon dans un but lucratif des enfants nés ou à naître et
des enfants recueillis (trouvés). La constitution, en ses articles 35 et
39, réprime les infractions commises à l'encontre des droits et
libertés que les atteintes physiques ou morales à
l'intégrité de l'être humain.
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