1.2.2- Agrégation des effets
microéconomiques de la volatilité
L?agrégation des politiques d'investissement
individuelles des firmes n'est pas facile parce que, comme nous l'avons, sous
l'irréversibilité, de telles politiques ne sont pas
linéaires. Ainsi, l'impact d'un choc donné sur l'investissement
global dépend, par exemple, des institutions, de combien d?entreprises
individuelles sont dans les plages d'inaction, de quelle distance les
séparent de leurs points de déclenchement, et de l'importance des
chocs particuliers relativement aux chocs globaux.
Bertola et Caballero (1994) ont étudié les
implications de l?irréversibilité de l'investissement global dans
un modèle dans lequel l'investissement des entreprises individuelles se
produit en rafales discontinues. Les investissements individuels ne sont pas
synchronisés, et les entreprises sont assujetties à la
volatilité idiosyncratique, en plus de la volatilité globale. En
conséquence, l?investissement global montre une certaine douceur dans
ses variations. Une perturbation global favorable (par exemple, une baisse du
prix des biens d'équipement) peut avoir un effet très faible sur
l'investissement global si beaucoup d?entreprises sont en deçà de
leur seuil d'investissement positif, et peut prendre beaucoup de temps pour
développer son plein effet, qui dépend des conditions initiales -
c?est-à-dire la situation originale des entreprises par rapport à
leurs seuils d'investissement respectifs. Les etudes qui ont suivi se sont plus
axées sur l?empirisme que les méthodes analytiques.
Bloom et al. (2007) utilisent un modèle de simulation
avec une large gamme de coûts d?ajustements, une mesure temporellement
variable de volatilité, et les données sur 672 firmes
manufacturières d?Angleterre pour le calibrer ; Ces dernières
subissent à la fois des chocs idiosyncratiques, mais aussi communs. Il
se base sur le modèle typique de la littérature qui
considère que l'investissement est fait dans un bien capital unique
partiellement irréversible, avec une fonction de revenus Cobb-Douglas,
et de la demande qui suit un processus brownien avec une variance constante.
L'investissement se produit uniquement lorsque le revenu marginal du capital
atteint un seuil supérieur donné par le coût d'usage
traditionnel du capital
plus une valeur d'option pour l'investissement. De même,
le désinvestissement se produit uniquement lorsque le revenu marginal
atteint un seuil inférieur, donné par le coût d'usage pour
la vente du capital moins une valeur d?option de désinvestissement.
L'entreprise choisit d'attendre et de ne rien faire si son efficacité
marginale du capital se situe entre ces deux seuils.
Comme l?EMC évolue de manière stochastique cette
approche prédit que l'entreprise s'engage dans des rafales sporadiques
d'investissement ou de désinvestissement, cohérentes avec la
preuve typique des données24. Abel et Eberly (1996) montrent
par des statistiques comparatives que les valeurs d'option sont de plus en plus
élevées pour des mesures invariantes dans le temps de
l'incertitude. Cela suggère que les entreprises qui font face à
un niveau plus élevé de volatilité sont moins susceptibles
de réagir à un choc de demande donnée.
Il existe alors deux types distincts d'agrégation qui
peuvent être observés: d'abord, l'agrégation pour tous les
types de capitaux (constructions, le matériel et les véhicules)
et, deuxièmement, l'agrégation entre les usines au sein de la
firme ou de l'entreprise. Dans les deux cas, on observe une proportion plus
élevée des observations avec des investissements zéro
lorsque l'on considère des données plus détaillées.
Il est également susceptible d'avoir un troisième type
d'agrégation - agrégation temporelle - puisse que la
fréquence des chocs et des décisions d'investissement est
susceptible d'être beaucoup plus élevée que celles des
données (annuelles).
Les conclusions montrent que l?effet néfaste de
l?irréversibilité sur l?investissement agrégé est
conforté. En fait, même un choc positif de demande se traduirait
par une réponse moins flexible des investissements.
Enfin, comme on l?a déjà rappelé, il a
été montré qu?en présence de bonnes institutions,
l?effet de la volatilité sur l?investissement agrégé et
donc l?accumulation de capital physique est aussi considérablement
réduit, ceci grace à l?épargne de précaution des
pouvoirs publics, du secteur privé (Dotsey et Sarte, 2000 ; jones, 2005)
mais aussi des effets externes positif de ces épargnes dans l?ensemble
de l?économie. Le rôle des institutions n?est donc pas à
négliger dans le processus d?agrégation.
24 Voir par exemple, Doms et Dunne, (1998); Nilson et
Schiantarelli, (2003)
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