1.2- Analyse macroéconomique : L'effet sur
l'investissement agrégé
Tout ce qui précède est relatif à la
décision d'investissement d?une seule entreprise. Du point de vue
macroéconomique, cependant, la question la plus importante est l'impact
de la volatilité sur l'investissement global. Pourtant, il est
évident que l'on ne peut pas simplement transposer mécaniquement
les résultats microéconomiques ci-dessus à
l'investissement global.
21 Voir, Bar-Ilan, A. et W. Strange. 1996.
«Investment Lags.» American Economic Review 86, pp. 610-622.
22 Décrivant le niveau de l'aversion au risque
des investisseurs
En réalité, nous n'avons jamais observé
des périodes d'investissement global zéro qui devrait se produire
si toutes les entreprises de l'économie faisaient face à la
contrainte de volatilité - ou étaient toutes à la fois
dans le domaine de l'inaction identifié dans les modèles
microéconomiques. Au lieu de cela, l'investissement global affiche une
douceur et une certaine inertie.
1.2.1-
l'hétérogénéité des agents
économiques
Pour évaluer le rôle de la volatilité sur
de l'investissement global, il est donc essentiel de prendre explicitement en
compte l'hétérogénéité des individus dans
leurs décisions individuelles d?investissement. Par exemple, chaque
firme ajuste son stock de capital lorsque la rentabilité est
supérieure à son seuil spécifique, qui reflète les
capacités de gestion, les conditions sur les marchés de l?output,
et d'autres facteurs idiosyncratiques23. À un moment
donné, certaines entreprises pourraient être proches de leurs
points de déclenchement et les autres loin d'eux. Les entreprises
peuvent faire l'objet de chocs globaux qui ont tendance à toutes les
pousser au-dessus ou en dessous de leurs points de déclenchement
d'investissement, mais aussi des chocs spécifiques, qui poussent les
entreprises différentes dans des directions différentes. C?est le
méme scénario si on considère un pays au lieu d?une
entreprise. Ainsi, la réponse de l'investissement global à un
choc global peut afficher une forte inertie, comme les différentes
unités microéconomiques peuvent atteindre leurs seuils
d?investissement à des moments différents (Serven, 1997).
En outre, la volatilité a un effet différent
selon que l?investissement est public ou privé (Catao et Kapur, 2006).
Pour les pouvoirs publics, il se pose un problème supplémentaire
; rappelons qu?ils sont à la fois engagés dans des projets de
rentabilité financière et sociale (éducation et
santé, etc...). Concernant le premier type de projet, les
administrateurs se comportent effectivement comme des entreprises, en ce sens
qu?ils obéissent aux principes de rentabilité inter temporelles
en situation d?incertitude ; cependant, pour le deuxième type, l?Etat
doit être d?autant plus offreur que les populations sont incapables de se
les offrir. Ainsi, il n?a pas souvent le choix et est obligé de
s?engager à vue dans la fourniture de ces services. La volatilité
a pour effet de réduire la soutenabilité de ces projets qui sont
d?ailleurs porteurs d?externalités positives sur l?investissement
privé. En effet, si en période de récession les revenus ne
permettent pas de continuer la fourniture de ces services, ces derniers seront
stoppés et freineront l?accumulation de capital physique. C?est
notamment le cas en Afrique
23 C?est-à-dire des chocs spécifiques
à chaque entreprise
subsaharienne ou les institutions sont faibles (Arezki et
Gyfalson, 2011). Ces derniers affirment que dans les économies avec de
fortes institutions, les gouvernements font des épargnes de
précaution en période d?expansion pour qu?en période de
récession la fourniture de services sociaux ne soit pas freiner.
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