2.2- La baisse des depenses publiques sociales : un frein
à l'accumulation de capital humain
La volatilité n?influence pas exclusivement la
soutenabilité des depenses publique sociales ; elle contribue
également à abaisser leurs niveaux. Ceci s?effectue à
travers deux mécanismes :
2.2.1- La volatilité des prix des produits
importés
En effet, la volatilité des prix des produits
d?importation affecte négativement les recettes budgétaires, ce
qui contribue à saper l?investissement publique dans le secteur sociale
(catao et Kapur, 2006 ; IISD, 2008).
Suivant l?analyse de (Ehrhart et Guerineau, 2011), les trois
effets microéconomiques cités plus haut aident une fois de plus
à l?analyse : (I) l?effet direct des prix (effet d?incidence), (II)
l?effet du taux d?impôt et (III) l?effet de volume.
Tout d'abord, puisque les taxes sur les importations sont
principalement des taxes ad valorem, la relation entre les prix des
matières premières et les recettes fiscales tirées de ces
produits est linéaire; donc la volatilité des prix n'aura pas
d'impact sur les recettes fiscales en moyenne puisque les gains au cours des
phases de prix élevés sont strictement compensés par des
pertes lorsque les prix sont bas. Deuxièmement, contrairement à
l?effet prix, l'effet du taux d'impôt ne devrait pas être nul : les
exonérations fiscales sur les importations de produits alimentaires et
du pétrole accordé en période de prix élevés
ne sont pas compensées par l'augmentation des taux d'imposition au cours
de périodes de bas prix ; ces asymétries vont donc conduire
à une perte nette de recettes fiscales lorsque le prix des importations
est volatile. Troisièmement, la volatilité pourrait
également avoir un effet volume négatif, car une forte
volatilité des prix donne une incitation à remplacer les produits
importés par des produits dont les prix sont moins volatiles pour
amortir l'incertitude sur les factures des importations.
Ce résultat est notamment confirmé par Flug et
al. (1999), qui prennent en compte l?influence de la volatilité sur les
dépenses publiques d?éducation dans l?analyse du lien
volatilité-accumulation de capital. Pour les auteurs, du point de vue de
la demande, un environnement plus volatile implique que le besoin de
financement public de l?éducation est plus sévère. Du
point de vue de l?offre, la volatilité peut diminuer les ressources
disponibles pour les dépenses publiques d?éducation, puisqu?une
économie plus volatile signifie nécessairement une grande
limitation de l?assiette fiscale et un revenu par tête plus bas.
2.2.2- L'intolérance de la dette
Il a été empiriquement démontré
que les pays en développement font face à une dette souveraine
ascendante et seront peu à peu éjectés du marché
international des capitaux (DíazAlejandro, 1984; and Sachs, 1989).
Reinhart, Rogoff et Savastano (RRS, 2003) ont approfondi l?analyse de cette
affirmation. En combinant les données macroéconomiques de la
période post-1970 avec les informations concernant l?histoire des
crédits souverains depuis le début du 19ème
siècle, ils postulent qu?un important groupe de pays en
développement était systématiquement atteint par ce qu?ils
ont appelé « l?intolérance de la dette ». Ceci signifie
que bien que le niveau de la dette souveraine rapporté au PIB soit
faible par rapport aux normes internationales et bien que qu?il soit même
moins élevé que celui de certains pays à revenus
élevés, ces économies sont considérées comme
risquées et inapte a supporté le poids d?une telle dette. Pour
faire simple, le risque souverain respectif semblait être plus
qu?équilibré par rapport au poids de la dette pour chacun de ses
pays.
Pour expliquer ce constat, plusieurs explications ont
été avancées, mais sont toujours restées
incomplètes. Ainsi, La réponse vient tout simplement du fait que
les économies en développement sont sujettes à une grande
volatilité de leurs agrégats macroéconomiques, qui
constitue le moteur du risque souverain (Catao et kapur, 2006). Dans les pays
d?Afrique subsaharienne, le principal déterminant de cette
volatilité macroéconomique est la volatilité du terme de
l?échange. Elle est donc associé à un risque
élevé de non-respect des échéances qui fait que ces
économies reçoivent des capitaux du marché international a
des taux élevé et très difficilement. L?intolérance
de la dette n?est donc qu?un effet secondaire de la volatilité
macroéconomique
En définitive, la volatilité des prix des
matières premières freine l?accumulation de capital humain
à travers son effet sur les depenses sociales d?investissement. En
effet, elle sape non seulement la soutenabilité c?est-à-dire la
bonne marche des projets publics dans les secteurs
éducatifs et de santé, mais elle contribue
également à réduire la disponibilité des
dépenses publiques dans ces domaines. Ceci à également
été démontré récemment par Varvarigos (2007)
dans le cadre de deux modèles de croissance ou la volatilité a
pour origine l?aléa dans la quantité des dépenses
publiques productives. Dans le premier modèle, les dépenses
publiques sont considérées comme un input de la production ; Dans
ce cas, l?auteur trouve que la relation entre la volatilité et la
croissance dépend essentiellement des paramètres technologiques
de la fonction de production. Dans le second model, les dépenses
publiques sont considérées comme un input dans le secteur
éducatif de l?économie ; dans ce cas, la volatilité freine
la croissance parce que l?accroissement de l?incertitude pousse les individus a
effectivement réduire plutôt que d?augmenter leurs investissements
en capital humain.
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