SECTION II : Les effets pervers de la volatilité
sur les dépenses publiques sociales
Le manque de ressources privées pour financer
l?éducation et la santé dans un environnement volatile rend le
financement public encore plus important (Flug, 1999 ; Carmignani et al. 2007 ;
Unesco, 2009). Rappelons ici que l?effet positif de la dépense publique
sociale sur l?accumulation du capital humain est reconnu dans la
littérature Cecchi et Garcia-penalosa (2004). Cependant, les
dépenses publiques de fonctionnement sont d?environ 70% dans les
économies subsaharienne et sont rigides à la baisse, notamment
à cause de la corruption ; ce qui fait qu?en période de chute ou
de contraintes sur les recettes de l?état, c?est les dépenses
d?investissement, en particulier dans le secteur social qui subissent
l?ajustement. En outre, l?ajustement des investissements publics en capital
physique n?est pas exceptionnellement néfaste à cause de l?effet
d?éviction. Plusieurs études ont donc analysé l?effet de
la volatilité macroéconomique sur les dépenses sociales.
Dans cette logique, il existe alors deux mécanismes fondamentaux :
2.1- La volatilité des dépenses publiques
sociales : un vecteur de faible soutenabilité des projets sociaux (IISD,
2008)
Ceci est notamment le cas dans les économies avec des
institutions faibles, comme celles de la région subsaharienne. Elle est
alors dû à :
2.1.1- l'absence d'épargne de
précaution
Comme on l?a fait remarquer précédemment, il
existe une rigidité à la baisse des dépenses publiques de
fonctionnement du a la corruption dans les Etats d?Afrique subsaharienne. Ceci
implique qu?en situation de contrainte sur les recettes de l?Etat, c?est la
dépense dans le
38 Il est à noter que la volatilité
baisse le prix de vente des récoltes négociés sur les
marché à terme, et réduit par conséquent les
revenus des populations rurales. Par ce mécanisme, elle freine aussi
l?investissement privé en éducation et santé.
secteur social qui subit l?ajustement et freine ainsi
l?accumulation de capital humain. Plus précisément, la
volatilité altère la soutenabilités des dépenses
publiques dans le secteur éducatif et celui de la santé.
Cependant, plusieurs moyen peuvent être mis en oeuvre pour lisser ces
depenses, notamment le recourt au secteur financier ou l?établissement
d?un fond de sécurité. Le marché des capitaux étant
peu développé dans nos économies, la solution de
l?épargne de précaution semble plus appropriée, mais n?est
pas souvent mise en oeuvre (Furth, 2010 ; Arezki et gyfalson, 2011).
Le fait ici est que le gouvernement anticipe mal les
retournements de tendances économiques, ce qui le conduit à
prendre de mauvaises décisions (Catão et Kapur, 2006). Ainsi, en
période de volatilité, les administrateurs ont le choix entre
deux comportements : faire de gros investissements dans l?économie en
période d?expansion en espérant que l?économie bien que
volatile le sera à la hausse, ou alors préparer une
épargne de précaution vu que la dynamique les recettes
budgétaires est imprévisible.
Dans tous les cas, il y a des avantages et des
inconvénients. Dans le premier scenario, si le gouvernement
décide d?investir en présageant une hausse à court terme
de l?activité économique (et donc des recettes fiscales) et qu?il
se trompe, des pressions se feront ressentir sur les finances publiques ;
l?économie risque alors d?être sujette à un haut niveau de
dette international et une forte inflation accentuée par des politiques
fiscales pro cycliques39. En effet, une fois qu?une quantité
d?investissement publique est mise en place, il devient très difficile
de la réduire à court terme, comme l?affirme Boccara (1994). A
long terme, Ceci va donc conduire à une forte baisse des dépenses
publiques et un ralentissement de l?accumulation en capital. Dans le second
scenario, si les décideurs ont une grande aversion pour le risque, ou
s?ils anticipent plutôt que les prix vont chuter (ou seront volatiles
à la baisse), ils choisissent d?approvisionner leurs comptes
d?épargne au détriment des investissements publics. S?ils se sont
trompés, alors il y aura un manque à gagner lié à
l?accroissement de productivité, et donc la richesse qui aurait pu
résulter de ces investissements est perdue.
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