1.1.2- L'épargne de précaution en capital
humain
Les individus peuvent percevoir l?accumulation du capital
humain comme moyen d?assurance parce que ceux qui disposent d?un capital humain
plus élevé peuvent postuler à une plus grande
variété de travaux que ceux qui sont moins compétents.
Dans cette logique, ils savent que durant les périodes de
récessions ou l?offre d?emploi est plus compact, ils auront plus de
chance d?être recruté que ceux disposant d?un capital humain plus
faible. La magnitude de cet effet d?assurance dépend de la
manière dont les individus perçoivent ou anticipent la
volatilité futur, mais également de la contrainte de
crédit.36 Néanmoins, les évidences de l?effet
d?assurance sont apportées par Behrman et Birdsall (1983) qui trouvent
qu?au Brésil, les revenus des plus éduqués sont moins
affectés pendant les périodes de récessions. Dans la
même logique, le « rapport sur le développement mondial
» de la BM (1990) affirme que dans les pays à faible revenus, les
revenus des moins éduqués chutent en période de
récession.
Plus récemment, dans un modèle stochastique
simple de croissance endogène où le changement technologique
provient bien sür de l?accumulation du capital humain, Jones et al. (2005)
concluent que pour des degrés d?aversion au risque suffisamment grand
(petit), un accroissement de la volatilité crée une augmentation
(diminution) des investissements de précaution en capital humain. Ce
résultat confirme ceux de Smith (1996) et De Hek (1999). Canton (2002)
avait utilisé le même type de modèle pour analyser l'impact
de la volatilité sur la croissance à long terme. Son
modèle prédit que la croissance sera plus élevé
pendant les fluctuations du cycle économique (volatilité) parce
que les gens se livrent à une épargne de précaution et
consacrent une part importante de cette épargne à l'accumulation
du capital humain. Ces conclusions avait également été
mises en évidence plus tôt par Dotsey et Sarte (2000).
35 Voir Caballero, R. et M. Hammour (2000). Creative
destruction in development: institutions, crises and restructuring. Paper
presented at the annual World Bank Conference on Development Economics
36 Qui dépend aussi de la volatilité
future du fait que le capital humain ne puisse pas être utilisé
comme garanti
1.1.3- L'option de migration
Dans leur contribution récente, Katz et Rapoport (2005)
explorent la relation entre la volatilité économique et la
formation de capital humain dans le cadre de deux pays. Dans un pays, le taux
de rendement du capital humain est certain. Dans l'autre, il est incertain,
mais sa valeur espérée est égale à celle du
rendement certain. Katz et Rapoport (2005) trouvent que l'augmentation de la
volatilité dans le pays instable, qu'ils qualifient de
sous-développé, augmente les investissements domestique dans
l'éducation. La raison en est que l'option de sortie (migration) fournit
une assurance pour ceux qui ont un coût de migration suffisamment faible
(c?est-à-dire un niveau élevé de capital humain).
Auparavant, Poutvaara (2000) a également
étudié l'effet des chocs régionaux spécifiques sur
la formation du capital humain lorsque les régions ont le même
taux de rendement attendu de ce capital humain. Poutvaara (2000) suppose que
deux régions font face à des chocs symétriques et
opposées, et les deux ont ex ante des chances identiques de subir des
chocs positifs ou négatif. Il trouve également que
l'investissement en capital humain individuel s?accroit avec l'ampleur des
chocs lorsque la migration est autorisée. Contrairement à Katz et
Rapoport (2005), Poutvaara (2000) suppose que la migration peut aller dans les
deux sens. Une autre différence réside dans la technologie de
production : Katz et Rapoport (2005) supposer que la production est
linéaire dans le capital humain, pendant que Poutvaara (2000) suppose
une technologie de production Cobb Douglas qui combine le capital humain et des
facteurs régionaux spécifiques fixes dans le temps. Katz et
Rapoport assumer ex ante des individus hétérogène et
neutres au risque, tandis que Poutvaara (2000) suppose que ceux qui sont
devenus instruits sont ex ante identiques et qu'ils peuvent devenir averses au
risque. La troisième différence est que Poutvaara (2000) permet
à chacun d'émigrer, tandis que Katz et Rapoport (2005) supposent
que les coûts d'ajustement et la préférence de vivre dans
le pays d'origine freiner l'émigration.
Élargissant les conclusions de Poutvaara (2000) et Katz
et Rapoport (2005), poutvaara (2006) montre cependant que les résultats
des études précédentes avec production linéaire et
technologie de production Cobb Douglas peuvent être inversés avec
une technologie différente.
Enfin, le mécanisme décrit ici nous semble bien
plus approprié pour cerner le cas des pays en développement
assujetties à une forte volatilité des agrégats
économiques. En effet, les chiffres du transport et les nouvelles
politiques de contrôle frontaliers et d?immigration
choisie rendent nécessaire l?acquisition d?un
background intellectuel solide pour faciliter la migration. Cependant, avec
l?intégration régionale et mondiale ainsi que le
développement continu des infrastructures de transport et des TIC, la
migration semble bien plus facile aujourd?hui qu?hier, quel que soit le niveau
de capital humain dont dispose un individu.
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