1.1.2- Les études en données de panel
La plupart des études empiriques sont limitées
à la dimension transversale à travers les pays, ignorant la
variation dans le temps des données de la série. Cependant, il
existe des exceptions. Serven et Solimano (1993) estiment une équation
d'investissement privé à l'aide
des données de panel sur un groupe de pays en
développement, en incluant comme variables explicatives les
écarts-types de l'inflation et du taux de change réel ; ils
trouvent des preuves que ces mesures de volatilité affectent
négativement l'investissement. Pindyck et Solimano (1993) testent les
effets de l'incertitude sur l'investissement global en utilisant l'approche de
l'irréversibilité. En utilisant des données de panel pour
les pays industrialisés et en développement, ils construisent des
proxys pour le seuil de rentabilité, et examinent sa relation avec la
volatilité de la rentabilité elle-même. Ils estiment
également une fonction d'investissement de forme réduite, prenant
en compte des indicateurs de volatilité comme l'écart type de
l'inflation et du taux de change réel; Ce dernier semble avoir un impact
négatif sur l'investissement. Goldberg (1993) étudie l'impact de
la volatilité du taux de change sur le niveau d?investissement au sein
des industries aux États-Unis, et estime que dans les années
1980, la dépréciation du dollar réel (respectivement son
appréciation) était probablement associée à la
contraction des investissements (respectivement à leur extension). Darby
et coll. (1998) estiment une équation simple d?investissement,
étendue pour inclure une mesure de la volatilité du taux de
change réel, et ce séparément pour cinq économies
de l'OCDE ; ils trouvent un effet toujours négatif, que ce soit à
court ou à long terme, ou les deux.
La grosse limite des études précédentes
est qu?elles ne s?intéressent pas à la volatilité ex-ante
(incertitude), qui ne peut être saisi par les mesures standards obtenues
à l?aide de l?écarttype. Une importante révolution
apportée par Serven (1998) est donc à noter. En
considérant encore l?investissement en pourcentage du PIB comme variable
dépendante, mais une mesure de volatilité différente issue
de l?estimation d?un modèle GARCH (1,1), Il conclut que la
volatilité de cinq variables macroéconomiques clés
(croissance du PIB, inflation, taux de change réel, termes de
l?échange et prix relatif du capital) exerce une influence
négative sur l?accumulation de capital physique. Seul l?effet du terme
de l?échange n?est pas significatif. L?étude est menée sur
60 pays en développement.
Dehn (2000) se sert d?un panel de 44 pays en
développement. Il trouve que la volatilité des termes de
l?échange n?a pas d?effet significatif sur le taux d?investissement.
L?estimation de la volatilité est également issue d?un
modèle GARCH (1,1). Bleaney and Greenaway (2001), estimant un panel de
14 pays d?Afrique sub-saharienne sur la période 1980-1995 trouve que la
croissance est négativement affectée par la volatilité des
termes de l?échange et l?investissement par la volatilité du taux
de change.
Un couple d?études assez similaires sur l'effet de la
volatilité sur le niveau de l'investissement privé est
donné par Serven (2003) et Pradhan et al. (2004). L?étude de
Serven est basée sur des données transnationales en séries
chronologiques de 61 pays pour la période 1970-1995 ; il trouve un effet
pleinement négatif de l'incertitude du taux de change réel sur
l'investissement privé, utilisant l?estimateur GMM en panel dynamique.
Cet effet est particulièrement important dans les économies
relativement ouvertes. Pradhan et al. (2004) examinent l'effet de la
volatilité du taux de change réel sur l'investissement
privé total en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines et en
Thaïlande en utilisant les données de séries chronologiques
de 1972 à 2000. Après avoir analysés les
propriétés en séries temporelles des données, ils
estiment un modèle à correction d'erreur pour chacun de ces pays.
Ils trouvent des résultats différents pour les différents
pays. Asteriou et Price (2005) ont également montré que la
volatilité, en raison de l'incertitude qu?elle crée réduit
l'investissement et la croissance économique.
En utilisant un panel pour 87 pays, Addison et Wodon (2007)
montrent que la croissance du PIB réel par habitant au cours de la
période 1980-1994 était fonction de la croissance de la
productivité et du taux d'investissement, qui tous deux ont
été négativement touchés par la volatilité
(du terme de l'échange, du taux de change réel, et des
investissements publics). Ces résultats sont tout d?abord obtenus
à l?aide de l?estimateur des moindres carrés ordinaires, puis
confirmés par la méthode des variables instrumentales (VI).
Jusqu?ici, les études présentées
ci-dessus considèrent l?accumulation du capital physique de
manière basique comme la part de la quantité d?investissement
dans le PIB total. A partir de là, des auteurs comme Cavalcanti et al.
(2011) calculent une mesure de l?accumulation de capital tel que définie
dans le model de Solow (1956), en prenant en compte le taux d?amortissement.
Ensuite, ils considèrent cette valeur comme variable dépendante
dans la régression d?un panel de 118 pays d?Afrique subsaharienne,
d?Europe et d?Asie sur la période 1970-2007. L?échantillon
comprend 62 pays exportateurs de matières premières et la
techniques d?estimation employée est la méthode
généralisée des moments (GMM) dans le cadre d?un panel
dynamique. Les conclusions montrent que la volatilité du terme de
l?échange des matières premières affecte
négativement l?accumulation du capital physique dans les pays fortement
dépendant des exportations de ressources naturelles. Ce résultat
laisse paraitre l?effet néfaste de la volatilité sur
l?accumulation de capital physique en Afrique subsaharienne.
A l?égard de ce qui vient d?être dit, on peut
maintenant essayer de spécifier un modèle empirique qui nous
permettra d?évaluer l?ampleur de cette causalité.
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