Conclusion
Finalement, On constate qu?il existe deux résultats
divergents concernant l?influence de la volatilité sur l?accumulation du
capital physique. Pour certains, cette relation est positive via l?effet
favorable sur la profitabilité espérée des investissements
(convexité de la fonction de profit), mais aussi si les agents
décident de faire une épargne de précaution qui sera
ultérieurement investie dans ce capital. Par ailleurs, en l?absence
d?aversion au risque, il y a des chances supplémentaires d?aboutir
à cette conclusion. Pour d?autres, la volatilité constitue
plutôt un frein en fonction des postulats relatifs à
l?irréversibilité des investissements, à la nature des
marchés, des agents et même des chocs. En effet,
considérant l?irréversibilité et la présence
d?aversion au risque, les agents économiques ont tendance à
reporter la mise en oeuvre de leurs projets d?investissement pour attendre plus
d?informations, et ainsi éviter de se retrouver ex post en situation
défavorable. Ce résultat est obtenu premièrement dans le
cadre de la théorie standard de maximisation de l?utilité inter
temporelle, puis conforté par l?adoption du cadre plus
général de la théorie de l?aversion à la
déception. Ainsi, Le débat persiste et le consensus doit donc
être trouvé empiriquement et individuellement en fonction des
zones ou pays étudiés. Le cas des économies subsahariennes
semble d?autant plus intéressant qu?elles sont grandement
frappées par les chocs externes, et ceci de manière presque
équivalente. En effet, elles dépendent toutes plus ou moins
grandement du commerce international de matières premières dont
les prix sont fortement volatils. On essaiera donc d?évaluer
empiriquement pour ces économies le signe et la magnitude du lien
volatilité-accumulation du capital physique.
CHAPITRE II - EVALUATION DE L?INFLUENCE DE LA
VOLATILITE SUR LE STOCK DE CAPITAL PHYSIQUE DES
ECONOMIES SUBSAHARIENNES
Introduction
Comme il a été montré au chapitre
précédent, les théories traitant de l?influence de la
volatilité sur l?accumulation du capital physique proposent des
résultats divergents. La conclusion qu?on peut tirer est alors que
l?adéquation d?un résultat théorique à un contexte
spécifique dépend des caractéristiques de ce dernier. Par
conséquent, une évaluation empirique s?impose pour pouvoir
déduire des résultats convenables. Nous le ferons notamment dans
le cas des pays d?Afrique subsaharienne, ou la stabilité des variables
économiques a toujours constituée un problème majeur, et
plus encore avec l?extrême volatilité des prix des matières
premières enregistrée entre 2007 et 2011 (FMI, 2011).
L?objectif de ce chapitre est donc d?évaluer
l?influence de quelques indices de volatilité macroéconomique sur
l?accumulation du capital physique des économies subsahariennes. Parmi
ces indices, nous avons choisis ceux qui sont directement affectés par
la volatilité des prix des matières premières sur les
marchés internationaux. On a donc la volatilité du terme de
l?échange, du taux de croissance du PIB, du taux d?inflation, et du taux
de change effectif réel. Le chapitre s?articule autour de deux parties :
nous ferons d?abord état des principales méthodes empiriques
utilisées, ce qui nous permettra de construire notre modèle
(Section I). Ensuite, nous présenterons l?analyse et
l?interprétation des résultats obtenus,
précédée par la mise en évidence des faits
stylisés.
SECTION I- Balayage des méthodes empiriques et
spécification du modèle
1.1- La diversité des techniques d'estimation
1.1.1- Les études sur données
transversales
La littérature empirique sur la relation entre la
volatilité et l'investissement est encore beaucoup plus rare que son
homologue théorique. La plupart des études empiriques, en
particulier ceux qui utilisent les données macro-économiques,
adoptent une approche non structurelle, dans laquelle les différents
proxys de l'incertitude sont intégrés aux équations
d'investissement de forme réduite.
Les études empiriques sur données transversales
sont nombreuses. Hausmann et Gavin (1995) rapportent une association
négative entre des indices de volatilité macroéconomiques
(qui combinent la volatilité du PIB réel et du taux de change
réel) et le ratio investissement / PIB, à l'aide d'un large
échantillon de pays en développement. Par contre, Bleaney (1996)
constate que les mesures de volatilité (y compris par exemple la
variabilité du taux de change
réel) affectent négativement les performances de
croissance des pays en développement, mais pas l'investissement total.
Un résultat similaire est obtenu par Ramey et Ramey (1995), qui
utilisent également des données sur l?investissement global.
Cependant, Aizenman et Marion (1995, 1999) signalent une
corrélation négative entre les différents indicateurs de
l'instabilité économique (tels que la volatilité des
termes de l'échange, l'inflation et le taux de change réel) et
l'investissement privé. Ils montrent en outre que ces mesures de la
volatilité contribuent de manière significative à
l?explication des performances de l'investissement privé entre les pays
dans le cadre d?une régression de forme réduite. L?investissement
total (c'est-à-dire, privé plus public), cependant, n'est pas
lié aux indicateurs d'instabilité de leur échantillon.
Ici, à la suite de la résolution d?un modèle de croissance
endogène, l?estimateur des moindres carrés est utilisé.
Une approche plus structurelle est suivie par Bertola et
Caballero (1994), qui mettent en oeuvre empiriquement un modèle qui
découle explicitement de l'agrégation des investissements
irréversibles des entreprises individuelles ; Caballero (1993) applique
une approche similaire aux données des pays en développement. Ces
deux études illustrent la réponse asymétrique de
l'investissement global à des chocs positifs ou négatifs, et sa
forte dépendance aux conditions initiales: après une profonde
récession, par exemple, de nombreuses entreprises sont susceptibles
d'être bien en deçà de leurs seuils d'investissement, et
donc la réactivité de l?investissement global aux changements
positifs d?incitations peut être très limitée.
Concernant Les régressions transversales, il existe un
biais induit par les variables manquantes ou omises, sans compter le fait
qu?elle est inappropriée à l?étude dynamique, puisque la
variable dépendante retardée est liée au terme d?erreur.
Par conséquent, il est impératif de passer à une
modélisation en panel (Van der ploeg et Arezki, 2007). Le panel donne
l?avantage d?inclure dans l?analyse les effets fixes spécifiques
à chaque pays, ce qui permet de cerner toutes les
caractéristiques hétérogènes invariantes dans le
temps. De plus, cette méthode permet d?agrandir la taille des
données utilisées.
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