3. 2. Discussion des résultats
Dans la seconde partie de notre travail qui constitue la
partie expérimentale, nous avons codé et recensé toutes
les tours de parole produits par l'enfant et nous y avaons placé la part
des occurrences de genre.
Ce paysage que nous allons décrire présente un
traitement des données des plus générales aux plus
particulières, du dénombrement des productions totales de
l'enfant à la présentation du nombre de cas par âge pour
chaque structure syntaxique. Nous allons d'abord étudier
l'évolution générale des productions pour après y
situer les productions de français, d'anglais et de code mixing.
Ultérieurement ces résultats nous servirons à
établir un parallèle entre les productions de genre en
français et en anglais d'abord les occurrences valides puis les
occurrences erronées. Après nous nous concentrerons sur quelques
exemples de productions de genre erronées dans l'interaction pour finir
sur une comparaison de l'acquisition du genre dans les deux langues et
répondre à l'hypothèse.
L'enfant vit à Montréal, ville dont la langue
officielle est le français mais dont les habitants sont bilingues.
L'étude d'un enfant bilingue pose d'abord la question de la langue
dominante ; au vu des résultats, nous avons défini le
français comme étant la langue dominante, puisque la
moitié de ses tours de parole se fait en français. De plus
l'enfant passe ses journées dans une institution françaises, ce
qui facilite de développement d'une langue par rapport à l'autre
:
« Il est important de savoir si le français
est la langue dominante de l'enfant, c'est-à-dire celle à
laquelle il est le plus exposé. Il s'agit généralement
[...] de la langue parlée dans le milieu de garde. » Paradis,
Crago, Belanger, 2005, 28.
L'enfant a été filmé à partir de
1;10.05 mais ses productions montrent qu'en français il a
dépassé le stade du premier mot dans les deux langues. Le
bilinguisme ne provoque donc pas un retard dans le développement lexical
du langage chez l'enfant. Il n'y a pas non plus de retard dans le
développement syntaxique de l'enfant en français : comme un
enfant monolingue il commence à maîtriser les bases syntaxiques du
français qui vont être suivies, vers 2 ans d'un l'explosion
syntaxique. A ce stade nous pouvons dire que l'enfant suit, en français,
le même développement qu'un monolingue alors que nous allons
observer un
retard dans le développement de l'anglais, qui est la
langue dominée. Avec sa mère, qui a l'anglais comme langue
dominante, l'enfant va parler très tard en anglais, au sens d'un
discours syntaxiquement et lexicalement construit. C'est presque un an
après le français que l'explosion lexicale et syntaxique se
produisent. A partir de 2;09.03 il va non seulement parler en anglais durant
les séances avec sa mère, mais il va aussi spontanément
l'utiliser pour s'adresser à sa mère, si elle passe dans la
pièce alors que la séance se passe avec son père.
Durant cette phase de construction de la langue nous avons
observé la présence de code mixing, dans deux utilisations
différentes très spécifiques et liée au
développement de l'enfant bilingue. Le code mixing a d'abord
été définit comme le moyen qu'a l'enfant de pallier
à un manque dans une langue par l'utilisation d'une autre. Ensuite,
Genesse l'a définit comme une compétence pragmatique : l'enfant
ayant une compétence suffisante dans une langue n'a plus besoin de
recourir à l'autre langue. Ces deux phénomènes, typiques
chez le bilingue, nous renseignent sur le développement des deux
langues. Nous avons vu que lorsque l'enfant utilise l'anglais avec son
père, dans l'emploi de la langue française, le code mixing aura
une compétence pragmatique dans le sens où il est utilisé
pour parler des être ou objets auxquels l'enfant à un affect
très fort, par exemple « daddy ». En anglais nous n'observons
pas la même utilisation du code mixing : non seulement l'enfant l'utilise
beaucoup avec sa mère, mais à deux reprises, il va produire un
grand nombre de phrase en code mixing : ces deux utilisations
précèdent l'explosion lexicale et syntaxiques, et dans leur
utilisation (le code mixing, avec la mère sert à pallier un
manque en anglais) ils nous indique que l'anglais est encore à un stade
intermédiaire, il n'est pas encore maîtrisé, l'enfant est
au même stade de développement syntaxique et lexical où il
était à 1;10.05 en français.
Le français étant la langue dominante, il va
produire non seulement beaucoup plus d'occurrences mais aussi beaucoup de
genre. Nous allons retrouver du genre français dans le code mixing
puisque le français étant la langue dominante, c'est elle qui va
s'insérer dans les productions de la langue dominée. L'explosion
syntaxique se situe, comme pour un enfant monolingue vers 2 ans. L'article
définit et indéfini vont être les structures syntaxiques
les plus présentes chez l'enfant, ce qui parait normal puisque se sont
les srtucture les plus utilisée en français, de même que
les pronoms (masculin, féminin et indéfinis) en anglais. Mais
dans les deux langues, les fautes vont porter sur des fautes de genre
féminin : l'enfant en français (et dans les deux contextes)
maîtrise beaucoup mieux le genre masculin que le genre féminin.
Peut être est-ce lié au contexte : l'enfant met plus d'occurrences
de genre masculin parce que son père parle français ?
|