VII. LES PERSPECTIVES OU
PISTES DE RECHERCHE
Le processus constructif de l'objet de recherche, nous a
permis de découvrir d'autres pistes de recherche en termes des
facettes.
La lecture exploratoire ouvre de nouveaux horizons de
recherche. C'est dans cette perspective que nous rejoignons la recherche de
Norbert LUPITSHI lorsqu'il parle du rapport en ces termes :
« Le rapport veut dire que les policiers sont
à leur poste de travail et il y a des véhicules qui n'ont pas de
documents recommandés. Alors, les policiers de roulage demandent
à ces véhicules de donner l'argent (le rapport) pour qu'ils ne
les arrêtent pas (...). La remise du « rapport » est
normale car elle nous aide lorsque nous n'avons pas tous les documents de
bord »
Le fait tel que décrit par Norbert LUPITSHI traduit la
pratique de l'« OPJ debout ». Au lieu de constater les
« contraventions »routières, acheminer le conducteur
et son véhicule à son chef hiérarchique, les policiers
demandent le « rapport ». C'est comme le
« Tshitshani » dont nous avions parlé
« Tuishane, tufanye paka ville tunafanyaka »
(Qu'on en finisse, faisons comme nous avons toujours fait). Une
solidarité ou collaboration entre ces deux acteurs se cristallisent.
C'est aussi le « Tshambuluka » ou le règne
du « désordre » assimilable au
« Kimbilite » (arrêt non
réglementaire).
Ainsi, la police de circulation routière
présente les atouts d'une recherche portant sur la pratique de l'
« OPJ debout ». Cette facette que nous venons de
présenter est une ouverture analogue. Cette unité
spécialisée a aussi ses caractéristiques
particulières telle que le degré de
« treizalité » qui est remarquable. C'est le cas de
la remise de rapport. Le « tenta » pouvait être
envisagé comme stratégie d'immobilisation du véhicule et
de son conducteur. Les données empiriques pourraient fournir de
nouvelles connaissances suscitant des nouvelles réflexions.
L'entretien exploratoire quant à lui nous a conduit
à la Police des Mines. C'est dans le contexte du degré de
treizalisation que nous avons évoqué la Police des Mines et celle
de circulation routière. Sous la posture de
« transférabiltié », la Police des Mines est
également une unité qui semble mieux indiquée pour
l'analyse de la pratique de l'« OPJ debout » et les
empiries peuvent nous éclairer la piste de recherche.
« Nous relate le commandant MUNGOBWAKI au regard
de la pratique d'OPJ debout dans cette unité. Un jour, un OPJ ayant
arrêté à Luisha un véhicule de minerais sans
documents, le conducteur lui proposa le « rapport » de
200.000 FC au lieu de 1000 $ que l'OPJ demandait. Sans compromis, l'OPJ lui
colla un APJ pour l'acheminer à l'Etat-major situé à
Lubumbashi. L'APJ demanda au chauffeur de lui donner 200.000 FC et libera le
chauffeur et rentra donner un faux rapport à son chef
hiérarchique : « vous m'aviez piégé, le
chauffeur m'a conduit à l'Auditorat. Un magistrat nous attendait pour
que je sois arrêté. J'ai du sauter du véhicule pour
m'échapper. Mon commandant, c'est de votre faute, il fallait prendre
cette somme de 200.000 FC qu'il nous a proposée. Voilà que nous
avons perdu... »
Cette restitution empirique illustre la facette de la pratique
de l'« OPJ debout » telle qu'elle se produit dans cette
unité. Toutefois, la recherche peut ouvrir de nouvelles connaissances
ainsi que de nouvelles pistes d'investigation.
En misant sur les sphères de l'organisation prescrite
et non prescrite, les services publics constituent un champ vaste aux multiples
facettes de la pratique de « Kundelpain » ou pratique de
l'ombre. Ainsi, les services publics offrent beaucoup d'atouts et ouvrent
plusieurs pistes de recherche concernant les pratiques de
l'informalité.
Quelle leçon pouvons nous tirer de ce
chapitre ?
La police comme organisation fonctionne grâce aux deux
sphères dont l'une visible et l'autre visible. L'invisible (le non
prescrit) puise ses racines dans le visible (le réglementaire) pour
évoluer dans une perspective d'innovation (création des lois)
d'adaptation et de contextualisation de la loi et la procédure
conçues pour les « autres ».
En qualité d'acteurs, l' « APJ »
par la non distribution, se substitue à l'OPJ pour devenir
« OPJ debout ». Les deux acteurs se substituent souvent en
« magistrats », « juges »,
« législateurs » et « Etat ».
La pratique d' « OPJ debout » s'inscrit
dans un contexte de précarité dont la treizalité en est
une conséquence. Elle suscite une question de réforme du droit
congolais.
Un Gouvernement qui ne distribue pas, ne reflète pas
l'image d'un Etat démocratique. C'est dans cette perspective que MANODJE
M. écrit :
« Pas de démocratie sans
démocrates, c'est-à-dire des personnes qui y croient et qui sont
prêts pour son avènement » (2006 : 4)
C'est dans ce même ordre d'idée que la
pensée de LANZA J.K. tombe à point lorsqu'elle
écrit : « Diriger c'est avant tout
servir. » (1993 : 29) C'est ici où nous rejoignons
l'idée du feu président MOBUTU lorsqu'il stigmatisa :
« ...avant tout servir et non se servir... ». Le
souhait que nous pouvons formuler, que cette pensée soit
élevée comme « devise » guidant tout
congolais. Par ailleurs, cette « devise » doit
s'accompagner de la reforme de mentalité devant miser sur la
transparence. Ainsi, un démocrate doit-il savoir servir, partager,
négocier pour l'intérêt du pays.
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