6.3.3. La
précarité induit la « treizalité »
La précarité et la treizalité
découlent de la démission de l'Etat. Celui-ci est
réputé démissionnaire. La non distribution de l'Etat
amène les acteurs à s'investir à lui. D'où la
personnification de l'Etat. Les règles du jeu entre OPJ et APJ se
résument par la « distribution » et la
participation. La non distribution induit la non participation. C'est la
manière de travailler de l' « OPJ ». C'est comme
l'Etat qui ne distribue pas, pousse les acteurs à s'instituer. C'est
dans ce contexte que nous rejoignons l'Article 15 prôné par le feu
président MOBUTU « débrouillez-vous » et le
« moto na moto abongisa » est transformé par la
treizalité. Qui travaille à l'hôtel, mange à
l'hôtel.
« Nkuzi » chef, nous dit un
participant à l'entretien, nous sommes traités de mendiants
pourquoi l'Etat ne nous dote pas des tenues. L'unique que je possède est
déchirée. Certains nous disent d'abandonner ce métier
parce qu'il n'est pas payant. C'est ce « mosala ya punda »
(c'est le travail d'un cheval), ici un travail sans fruit. Nous vivons en
protégeant la population. « Muchungaji wa ba ngombe djo
anakamunaka maziba na djo anainyonyaka, chef yake bila kujuwa, mu absence ya
commandant, niko na treizaka bila ye kujua » (C'est le berger qui
trait la vache, qui profite du lait sans que son patron le sache, à
l'absence du commandant, je « treize » sans qu'il ne le
sache). « Tatosha « bandit » mu cachot, tunalala
naye mu motoka, ananipa franga yangu, asubuyi, na mu rudisha mu
amigo » (Je peux sortir un détenu
« bandit » pour passer nuit dans un véhicule et le
retourner le matin au cachot après l'avoir
« treizer ».) « Kama muntu eko mu infracata, tuna
« disappronner », l'Etat djo anapenda vile, tuko ba ngivi
autorisés.L'Etat djo ngivi etulipake vile inapasha. Parfois ni
bobenyewe. Banatoshaka mu mifuko yabo banetupa, aina bwizi, ni
« treize » normale ». Ce qui se traduit :
(Si quelqu'un est en infraction, nous le « disappronnons »
(fuille systématique et récupéraiton de ses biens) c'est
l'Etat qui veut cette pratique. Nous sommes de voleurs autorisés. C'est
l'Etat qui est voleur puisqu'il ne nous paie pas comme il faut. Parfois, c'est
la population elle-même qui sort de l'argent dans ses poches pour nous
donner, nous ne somme spas de voleur, mais nous faisons « une
« treizalité » normale)
La police est l'image d'un poisson dans l'eau. Celle-ci
représente la population. C'est l'image d'une police qui vit en harmonie
avec la population qu'elle est censée protéger. Le policier
pendant le « mawindo ou le bokila » peut
acheminer la personne ivre à son domicile et en guise de reconnaissance
celle-ci lui donne le « mulambu ». C'est la police
qu'a connue le pays à l'entrée de Mzee L.D. KABILA. Durant cette
période, le policier touchait une prime équivalent à 100
$. Cette image policière reflète celle de la proximité
vivant en harmonie avec la société.
Quand la prime s'est aménuisée, la police a
changé de face et inverser l'image du poisson dans l'eau. Celle-ci
représente le policier et le poisson la population. Il suffit d'un petit
problème, le poisson est mis hors l'eau, il étouffe et vomit
l'argent. C'est la treizalisation policière. La
« treizalité » est liée à la forme de
l'Etat. La police en est le miroir (MICHEL A., et al., 2005 : I). Le pays
est entrain de se construire. La treizalité est une conséquence
de l'Etat qui gouverne sans distribution, malgré qu'il soit entrepreneur
des entrepreneurs. C'est dans ce cadre que les acteurs s'instituent à
l'Etat et se décolonisent puisqu'ils sont les « yankés
ou les mibali ». C'est-à-dire les hommes capables de se
prendre en charge pour dire non aux conditions inhumaines et à
l'exploitation. C'est pourquoi ils ne sont pas seulement les acteurs sociaux,
mais aussi les sujets historiques capables de transformer leur vie et le cours
de l'histoire. En définitive, la pratique d' « OPJ
debout » répond à une logique de
« treizalisation ou treizalité » derrière
laquelle se trouve un arrangement à l'amiable qui s'impose comme
condition « sine quanon ». L'arrangement ouvre la voie
à l'essentiel de la pratique que nous résumons par la recherche
de l'harmonie dans la société.
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