6.3. L'image de la police
La police empiriquement, présente trois images :
elle est militarisée, tribunaliseé, de précarité et
de « treizalité ».
6.3.1. La militarisation
policière
La police présente l'image d'une armée. Elle
obéit à la logique militaire dans son organisation. Une lecture
retrospective contextuelle de cette recherche renseigne qu'à travers le
temps, surtout à l'époque de la gendarmerie, les conditions
socio-économiques dans lesquelles vivaient les gendarmes qui faisaient
l'office des policiers, ont permis aux supérieurs de survivre en vendant
quelquefois les effets militaires. Certains ont profité de leur position
hiérarchique pour utiliser les gendarmes comme des gardes chez les
privés. Quant aux gendarmes sans grade, ils se rabattaient sur la
population civile qui devenait leur champ de récolte pour la survie.
C'est le même tableau qui se dessine aujourd'hui dans cette police biface
qui tient du civil et du militaire.
Aujourd'hui, sans salaire, recevant une prime de 30$ U.S. qui
ne permet pas aux policiers de tenir le coût, ils se rabattent comme les
gendarmes dont certains sont actifs dans la police, sur la population. C'est
dans ce contexte qu'ils rappliquent le « millième »
et le « disappro ». La police est comparée à
un chasseur dont le gibier est la population. C'est le
« mawindo » ou le « bokila » pendant
lequel les policiers tendent le piège « mukwao » ou
l' « ambouchi » pour attraper le gibier.
Ainsi, « la militarisation
policière » présente une image non appréciable
par la population. C'est le jeu du chat et de la souris, la protection
sécuritaire de « Musenji et ses biens » n'est-elle
pas « tronquée, confisquée » ?
La « militarisation policière » ne
reflète pas une « police démocratique » dans
un « Etat démocratique ».
6.3.2. La tribunalisation
policière
A titre de rappel, le premier chapitre a été
centré sur la construction de l'objet et sa mise en contexte. Ainsi,
avons-nous tenté de cerner le contexte dans lequel évolue les
acteurs en vue de comprendre leur manière de faire dans l'exercice du
travail judiciaire. Cette contextualisation nous a permis d'opérer une
rupture avec les évidences en vue de comprendre les logiques et les
représentations des acteurs.
Il ressort des empiries que la police est
tribunalisée :
- La police est un « tribunal ».
« Tunakuya ku la police etukatiye mambo » (Nous
venons à la police pour qu'elle tranche notre problème). Elle est
une instance de l'administration de la justice.
- La police est un « tribunal de paix ».
« Tunakuya mwitu pataniche » (Nous venons pour la
conciliation).
- La police est une « chambre de
conseil ». « Tunakuya ku la police dju ya kwitupa
mashauri ». (Nous venons à la police pour nous
conseiller) au regard de notre conflit.
- La police est un « tribunal de
réparation ». « Anakawiya na deni yangu,
minakuya alipi yeyo huku » (Il a traîné avec ma
dette, je viens pour qu'il me la paie à ce niveau).
« Minapenda anilipe bitu yangu aliaribu na anituziche kilonda ile
aliniumiza » (Je voudrais qu'il me paie les biens qu'il a
détruits et qu'il assure les soins de ma blessure).
- La police est un « tribunal
répressif ». « Uyu muntu alinikoseya, na mutela
huku apikiwe fimbo na alale mu cachot » (Cet homme a
abusé, je vous l'amène pour qu'il soit fouetté et qu'il
passe nuit au cachot) « uyu muntu, mumupe tu leçon, mu mu
discipliner » (Cet homme doit recevoir une leçon de la
police pour qu'il soit discipliné).
- La police est un « tribunal de transit »
« Tufike na huyu muntu paka ku mwisho » (Nous
devons arriver avec cet homme jusqu'à la fin). C'est-à-dire aux
instances supérieures, le parquet et le tribunal.
La « tribunalisation policière »
renvoie à la logique de l'innovation, de la transformation et de la
contextualisation et de l'adaptation des lois des
« autres ». Celles-ci ne constituent plus une
panacée, mais un cadre conceptuel de fixation des faits dont la
résolution rentre dans les normes sociales.
La tribunalisation policière cadre avec la
pensée du feu président MOBUTU selon laquelle
« moto na moto abongisa » (Que chacun, partout
où il travaille, qu'il améliore ou aménage). C'est sous
cette perspective que les policiers aménagent l'organisation
policière en adaptant et en contextualisant la procédure et la
loi pénales.
Ainsi, la pratique d' « OPJ debout » se
veut-elle un « tribunal » intermédiaire entre le
tribunal policier et celui dit populaire (réaction sociale diffuse).
Elle est un avant-garde et une voie de passage de la régulation sociale
diffuse vers la régulation sociale prescrite ou réglementaire.
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