6.2.2. « Le
mabuso »
Il désigne le cachot et a plusieurs significations
empiriques.
· « Le kota
okola »
C'est un concept lingala qui veut dire entrer et grandir. Le
« Kota okola » est un dérivatif de
« kota koli » qui est un centre d'instruction des
commandos. Il est situé dans la province de l'Equateur en
République Démocratique du Congo. La formation y étant
solide, rude et difficile, elle implique une certaine abnégation et un
effort personnel puisqu'elle met l'accent sur l'entraînement physique. Le
cachot devient « kota okola » par la souffrance qu'il
impose.
· « Le
Lubwaku »
Vient du verbe lingala « Kobwaka » qui
veut dire jeter. L'impliqué est un sujet de rejet. Il est exclut.
L'exclusion entraîne la marginalité.
« Lubwaku » a le sens d'exclusion ou rejet de
l'impliqué par la société. Il répond à la
logique exclusiviste et isolationniste.
· « L'Amigo »
Le cachot ici signifie ami. La société a
rejeté l'impliqué, néanmoins le cachot devient son ami
puisqu'il l'accueille.
·
« L' Hôtel »
Le cachot désigne aussi un hôtel sans lit ni
restaurant. Pour en sortir, il faut payer les frais. C'est ici que le principe
d'archimède est employé : « unesha kwangukiya
mu mayi, autatoka wakukauka » (vous êtes plongé
dans l'eau et par conséquent vous êtes mouillé) un corps
plongé dans l'eau remonte verticalement sur la surface. Ce principe
traduit le payement d'amende puisque l'acte est déjà
consommé. Dans ce contexte, l'amende traduit le frais de l'hôtel
qui a hébergé le concerné pendant son séjour
à la police.
· « La faculté sans
professeur »
Le cachot est comparable à une faculté sans
enseignants. C'est l'autodidactie. Le cachot en soit suffit pour que l'individu
se corrige de lui-même. La faculté sans professeur traduit le
même sens que « kota okola ». C'est un lieu de
correction et de réflexion personnelle : lieu
d'automéditation.
· « La maison de
passage »
« Mu cachot amubakiyake ngozi ya muntu »
(dans l'Amigo, il n'y reste pas la peau humaine). Elle traduit la courte
durée de détention. En plus, elle sert de lieu de passage vers le
Parquet. « Yangu mambo aiweze kuichiya apa, mwitusambishe,
mwitutume ku ngazi la dju » (Mon problème ne peut pas se
clôturer à la police, jugez-nous et vous nous transferez aux
instances supérieures).
· « Nyumba yetu »
Pour certains, le cachot devient leur maison
« tunakuya mu nyumba yetu tupumuzike, tutatoka paka, na atuwezi
kwenda ku Parquet (Nous venons dans notre maison pour nous reposer, nous
finirons toujours par en sortir et nous ne pouvons pas aller au Parquet). Le
cachot, au moment où il est une souffrance pour certains, il constitue
un lieu de vie et des repos pour les autres. Il s'agit des habitués de
l'amigo. C'est le cas des enfants de rue et dans la rue.
· « Jangwa »
Le « jangwa » traduit le désert, un
lieu dépourvu de vie. C'est l'image de la mort. Le
« Jangwa » c'est le cachot. Lorsque l'individu y est
gardé à vue, il est dépourvu de tout. Tous les besoins lui
sont privés, voire même élémentaires. Il faut
démander la permission pour les satisfaire.
· « Gereza »
C'est le synonyme de l'enfer. Le cachot est un enfer. Le
« gereza » traduit l'acception de souffrance que le cachot
fait subir aux internés.
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