4.2.3. Le
« téléphone » ou
« Kapraza »
Les policiers sont des « boulistes » (les
stratèges). Ils utilisent leurs téléphones pour avoir des
dossiers. Comme ils entrent en contact avec les justiciables ainsi que la
population en général qui demande d'avoir leurs numéros
téléphoniques, et les cas échéants, ils appellent
l'OPJ ou l'APJ pour l'intervention. Le téléphone devient non pas
seulement l'instrument mobilisant les dossiers, mais aussi sert à
« treizer » dans ce sens que l'impliqué gardé
à vue peut recourir au téléphone pour solliciter les siens
à verser les amendes.
Il se passe que le téléphone est aussi
utilisé comme instrument de pression par les supérieurs qui
obligent l'OPJ à libérer immédiatement l'impliqué
sans aucune forme de procès avec toutes les conséquences
possibles. Parmi elles, celle-ci concorde avec les faits :
« Une autorité de la police est
intervenue par téléphone pour que l'OPJ libère les siens.
Obtempérant aux ordres hiérarchiques en vue de sauvegarder son
poste, le requerrant de la justice a saisi l'Auditorat militaire où l'
« OPJ » s'est défendu qu'il a libéré
l'impliqué sous pression de son chef hiérarchique. Ce dernier
ayant appris le fait qu'il considère comme mépris, a pesé
de tout son poids pour que les services spéciaux de la police puissent
arrêter l'OPJ concerné. Il n'a trouvé sa liberté que
grâce au coup de téléphone adressé au Procureur qui
verra en personne l'autorité de la police afin que l'OPJ soit
relâché ».
Cette illustration montre bel et bien comment l'
« OPJ » est entre le marteau et l'enclume comme nous
l'avons stigmatisé dans le deuxième chapitre. A cet effet,
lorsqu'il « treize », il n'est pas tranquille puisqu'il
peut avoir un rebondissement du dossier pour être interpellé soit
au Parquet, soit à l'Auditorat. C'est dans ce contexte qu'il est tenu
d'entretenir de bonnes relations avec ses chefs hiérarchiques, les
magistrats du Parquet ou de l'Auditorat pour qu'en cas de problème qu'il
ne soit pas inquiété. Aussi, il est contraint de partager ou de
redistribuer) avec les APJ pour éviter la « touche »
ou le « kokunda » (être enterré) ici, se faire
prendre la main dans le sac.
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