4.2. LES
« BOULES »
Les « boules » sont un concept tiré
dans le jargon policier qui traduit les stratégies ou les manèges
que les policiers utilisent dans l'exercice de leur travail. Un stratège
est appelé « bouliste » ou
« raisonneur ». Sur terrain, lorsque le policier est
« bouliste » son supérieur lui dit :
« bomba mayele nayo na poche » (Gardez votre
raisonnement dans la poche). Le subalterne n'a pas droit au raisonnement, c'est
son chef qui raisonne en son lieu et place. Il ne lui reste qu'à
exécuter la décision, or la pratique nous montre le contraire qui
traduit la finesse des APJ.
Pour accentuer cette subalternance, les propos comme celui-ci
est d'usage courant : « soldat azalaka matoyi munene na
miso, kasi azalaka na monoko muke » (les militaires, ici le
policier doit avoir de grandes oreilles pour écouter plus, les yeux
grandement ouvert, pour observer l'entourage et une petite bouche pour parler
peu).
Ceci étant, quelles sont les
« boules » mobilisées par les acteurs ?
4.2.1. Le
« parapluie »
Le parapluie est une couverture mobilisée par les deux
acteurs pour être à l'abri des problèmes. L'
« OPJ debout » peut contourner son chef direct pour
« coopérer » avec le commandant commissariat ou les
autorités supérieures de la police. Il devient intouchable.
Ainsi, toutes les décisions prises contre lui par le commandant en place
sont sans effets puisque contredites et anéanties par l'instance
supérieure.
Il en est de même pour l'OPJ assermenté qui pour
garder son poste qu'il estime rentable, coopère mieux avec ses
supérieurs. La coopération ici doit être entendu dans
l'optique de « treizabilité ». l'OPJ doit savoir
conjugué le verbe manger : « Je mange et nous
mangeons » sinon, il perd son poste. Un OPJ compétent n'est
pas celui qui transfert beaucoup de dossiers au parquet, mais plutôt
celui qui sait les gérer et qui verse à l'instance
supérieure les amendes transactionnelles exigées. En
déférant beaucoup de dossiers sans versement, l'OPJ est
traité d'incompétent.
« Parapluie nayo, inatobokaka »
(le parapluie peut se trouer). Il arrive que le
« souteneur » ou le « porapet » ou
encore mieux la personne protectrice soit mutée. Dans ce cas, le
parapluie est troué et les acteurs s'en procurent toujours dans la haute
sphère de la police. Les acteurs n'ont pas seulement des protecteurs
dans la police, mais aussi et surtout dans les instances judiciaires à
savoir le Parquet et l'Auditorat militaire. Ils établissent même
les réseaux pour mieux se protéger et
« treizer ».
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