3.6.
« DÉTENTION » ET « LIBERTÉ
La liberté est un principe et la détention se
veut une exception. Si l' « OPJ » utilise les deux notions,
l' « APJ » qui s'institue en « OPJ »,
sa pratique exclut la détention ou la « garde à
vue » puisqu'il n'a pas de cachot, par contre, elle repose sur le
principe de liberté.
La détention et la liberté s'opposent. Pour
réparer, il faut que l'auteur ou l'impliqué soit libre de
mouvement puisque le conflit peut surgir au moment où il est
dépourvu. Il lui faut du temps, dans cette vie de
précarité, pour se débrouiller en vue de répondre
aux exigences matérielles qu'implique la réparation. Si
l'impliqué est incarcéré, il ne saura pas réparer.
D'où la détention obnule, obscurcit ou handicape le processus de
réparation. C'est pourquoi, l'impliqué, comme nous l'avons dit en
faisant allusion à la recherche de GABY KABUYA, a du poids sur le
dossier lorsque la partie victime exige la réparation. C'est dans ce
contexte qu'il a écrit : l'auteur ou le coupable a aussi le
pouvoir qui fait que la victime et le plaignant retire sa plainte.
(2006 : 44)
3.7. « LE
UN-QUATRE » ET « LE PÉNAL »
Le « un-quatre » induit la
réparation et exclut la sanction pénale. Par contre, le
« pénal » est répressif et exclut la
réparation. L' « OPJ » assermenté »
utilise les deux voies et peut les transformer, les modifier et les adapter
selon les enjeux des acteurs (justiciables). L' « OPJ
debout » brandit le « pénal » en
présentant sa face répressive à éviter pour
persuader les impliqués à négocier. Sa pratique exclut le
pénal puisqu'elle est non répressive et mise sur l'arrangement
à l'amiable à l'image de l'arbre à palabre. Et l'argent
qu'il perçoit de deux parties symbolise le
« makonde » (les bananes) et le
« malevu » (vin de palme) en guise de reconnaissance pour
le service rendu.
3.8.
« POLICE » ET « ARMÉE »
La police est un corps organisé qui a pour
finalité la protection des personnes et leurs biens. En dehors de cette
mission essentielle, ce corps s'érige en organe de contrôle
social. La police est une instance de régulation sociale. Par contre
l'armée a pour but essentiel, l'assurance de l'intégrité
territoriale qu'elle est appelée à défendre. C'est dans ce
contexte que les militaires sous le drapeau, hypothèque leur sang pour
la défense du territoire.
La police joue également ce rôle. C'est elle qui
est la première force d'intervention en cas d'agression. Son
intervention est de freiner la progression de l'ennemi en attendant le renfort
de la force armée. Pour la police, la population n'est pas un ennemi,
mais plutôt un adversaire. C'est pourquoi, l'usage d'arme à feu ne
peut être exécuté que dans le cas de
nécessité absolue, telle que la légitime défense
dont la riposte doit être proportionnelle à l'attaque. Pour
l'armée, c'est une logique contraire. La population pour elle n'est pas
adversaire, mais un ennemi potentiel. Il suffit qu'elle se rebelle,
l'armée l'anéantit par la tuerie.
La Police Nationale Congolaise comme force est
militarisée. Elle a en son sein les éléments issus de
toutes les forces armées qu'a connues notre pays depuis la Force
Publique jusqu'à la Force Armée Zaïroise
démantelée par les « Kadogo ». En plus de
cette dernière force, elle enregistre aussi les éléments
de toutes les forces de résistances ou « milices »
issues de deux dernières guerres à savoir, celle de
libération dirigée par L.D. KABILA et celle d'agression
Rwando-Burundaise et Ougandaise. Ce n'est qu'un rappel puisque la police
militarisée a été traitée en détail dans le
premier chapitre dans la partie concernant la mise en contexte de l'objet de
cette recherche et plus précisément le point qui expose le
contexte historique de la police.
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