1.3.2. « Lorsque
nous pensons à toutes ces souffrances, il nous arrive à oublier
le devoir de protéger la population »
La patrouille est une opportunité pour les
« APJ » de se transformer en
« justiciers » appelés « OPJ
debout ». Ainsi, les « prostituées » ne
sont-elles pas arrêtées pour « vagabondage »
et peuvent être amenées parfois à accepter un commerce
sexuel à titre de « caution » ou d'amende
transactionnelle.
Il ressort des entretiens la synthèse suivante :
« Nous sommes mal payés, nous n'avons pas
de solde, mais une prime de 15.000 FC, comment pouvons nous assurer la survie.
Nous passons la nuit dehors sous le froid et la pluie pendant que les autres
dorment tranquillement avec leurs épouses. Nous assumons leur
sécurité contre les voleurs et les
« criminels » à mains armées. Pendant la
patrouille, nous accompagnons certains jusqu'à leur domicile pour les
sécuriser. Il nous arrive qu'ils nous traitent de mendiants, des
pauvres, des sangsues et des voleurs puisque nous leur demandons du
« café ou de la cigarette » (argent pour la survie)
que nous appelons relation publique, lorsque nous pensons à toutes ces
souffrances, il nous arrivent à oublier que nous devons protéger
la population et ses biens. Après Dieu au ciel, c'est nous
« l'Etat » sur la terre. Nous sommes les gardiens de
« un-quatre » et ses biens. En tant que gardiens, leurs
biens et leurs épouses nous appartiennent. C'est pourquoi, quand nous
pensons à cela, nous recourons au « disappro » pour
récupérer nos biens que la population garde pour nous et le
« millième » parce que leurs épouses sont les
nôtres que le « un-quatre » dispose provisoirement.
« Nzambe na likolo, ba yanke na nse » (Dieu dans le ciel,
et nous sur la terre). Nous sommes les « mibali » les
hommes virils. Que la popultion se souvienne des pillages qu'à connus
notre pays au début de la dernière décennie. Ce propos,
conforme bel et bien que nous sommes maîtres du terrain et par
conséquent, les biens des personnes et leurs femmes nous
appartiennent. »
Voilà au moins présentés et
expliqués la médaille et le revers de la pratique de l'
« OPJ debout » dans la perspective contextuelle
policière tels vécus et perçus par les acteurs
eux-mêmes.
Ainsi, la police apparaît-elle comme une organisation
aux règles contraignantes et aux tâches multiples induisant la
rotation des acteurs et services ; la rigidité et le
caractère contraignant des règles incitent leur transgression.
C'est en assurant la garde au poste de police, en exécutant le
« mawindo ou le bokila » (patrouille), en
luttant contre le marché pirate, en assumant la discipline populaire au
stade, en faisant tournée et en assurant le piquet que les
« APJ » se transforment en « OPJ
debout » pour agir en « Kundelpain » (en
tapinois) c'est-à-dire dans l'ombre.
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