3° « Les
pirates du marché pirate »
Comme il y a des patrouilleurs pirates, nous retrouvons aussi
les pirates du marché pirates. Ce sont les policiers qui, sans
autorisation de leurs chefs, sous leur propre initiative, ils se permettent
d'opérer au marché pirate, non pas pour réprimer les
contrevenants, mais pour coopérer avec eux par la pratique
« Twishane ». « Tufanye paka vile
tunafanyaka ». Faisons comme d'habitude. C'est l'habitus qui
s'installe. Les marchands cotisent pour eux, à défaut ils se
saisissent de leurs marchandises.
« Un jour, l'APJ KALILA et ses deux
coéquipiers opèrent sans autorisation au marché pirate.
Ils se saisissent d'un sac des poissons fumés d'une valeur de 30.000 FC
équivalent à 60 $ U.S. et disparaissent du marché. La
victime croyant que sa marchandise est acheminée à la police et
s'y rendit. Elle fut surprise de ne pas trouver ni sa marchandise, ni les
policiers. Elle décrit ces derniers et l'on sut qu'il s'agissait de
l'APJ KALILA et son groupe. Deux jours après, ils furent
interpellés. Ils reconnurent leur forfait, réparèrent le
fait et subirent la sanction du corps. »
Il sied de remarquer que les mêmes policiers arrivent
des fois à se faire avocats des marchands pirates pour faciliter le
retrait de leurs biens saisis par le commandant à moindre frais
puisqu'ils sont devenus des « coopérants » sur ce
marché. Les policiers et marchands partagent la même
difficulté de survie en vivant grâce à leurs pratiques
« au taux du jour », à chaque jour suffit sa
peine.
4° Le
« millième »
Nous avions déjà parlé du millième
en illustrant dans l'introduction le cas de deux « femmes vivant
grâce au sexe » qui se disputaient un mari non loin d'un bar et
furent surprises par les patrouilleurs. Sous prétexte de se rendre
à l'office, la nommée « KABEDI »
concéda son corps en acceptant l'acte sexuel avec un patrouilleur pour
obtenir sa libération.
Le « millième » désigne le
rapport sexuel dans le jargon policier. Prince KAUMBA LUFUNDA en a aussi
évoqué dans sa recherche : « les patrouilleurs
arrivent parfois à violer les femmes et surtout les prostituées
pendant la nuit en profitant de l'obscurité ». (2004 :
35)
Il ressort de l'entrevue ce récit qui parait mieux
indiqué à titre de connaissance qui montre les
conséquences négatives ou sort réservé aux
policiers au regard de « muviolo » (qui traduit le viol
dans le jargon populaire).
« Les APJ BEYA et IDIAMIN étaient dans
une équipe de patrouille. Vers 21 : 30, l'équipe
perçut dans le quartier Bongonga, dans l'obscurité deux jeunes
filles qui venaient d'un kiosque où elles étaient allées
payer les bougies et deux boites de conserve. Les quatre policiers les
interceptèrent pour les interroger. Pendant que les deux policiers
libéraient les deux filles dont « SANDRA » et
« ARIJA » âgées respectivement de 17 et 15
ans, les APJ BEYA et IDIAMIN s'y opposèrent en forçant les filles
à coucher avec eux derrière un kiosque non opérationnel.
La patrouille se termina comme d'habitude. Lors du partage l'équipe
retrancha une somme d'argent que les filles allaient payer comme caution dans
la quote-part de deux policiers. Au moment de déposer les armes, les
deux policiers furent surpris par la présence de deux filles victimes du
« millième » accompagnées de leur père
et le commandant. Ils furent arrêtés sur le champ. Malgré
l'insistance du commandant auprès des parents des victimes pour la
réparation et la clôture du dossier à la police, ces
deniers restèrent catégoriques. L'OPJ instructeur de ce dossier
recevra la réquisition d'information du Parquet de Grande Instance et le
dossier fut transmis avec les concernés qui furent criminalisés
et versés dans le « grand monde » qu'est la prison
pénitentiaire de la Kasapa où ils croupissent
jusqu'aujourd'hui. »
Un autre cas qui a attiré notre attention est celui du
policier « MUBIKILAYI » alias
« Rambo ».
« Pendant la patrouille, l'APJ RAMBO
accompagné de ses coéquipiers un certains samedi vers minuit.
Postés dans l'ombre tout près d'une église de
réveil charismatique située à Kinkaville, une cellule de
Kafubu, les policiers avaient intercepté une femme âgée.
Comme la fouille était négative, et c'est RAMBO qui y
procéda, il la tira dans ladite église, malgré le conseil
de ses collègues, il y coucha ave elle. Une trentaine de minutes
après, il rejoint son équipe et changea de face ; il braqua
l'arme sur ses coéquipiers en menaçant de les tirer dessus.
Heureusement, un des policiers le désarma au moment où les autres
s'occupaient à le distraire. Il fut ligoté et acheminé
à l'office. Depuis lors, il a perdu ses sens et devient un malade mental
qui menace brutalement toutes les personnes se trouvant à sa
portée.
C'est un exemple qui illustre le revers du
« millième ». Beaucoup de policiers le pratiquent
sans usage de « condom » avec le risque de se faire
contaminer. Il se fait que les policiers sont exposés au VIH à
travers le millième.
|