1.1.7. Le
« mawindo » ou « bokila »
C'est la patrouille. Elle est une occasion de la pratique de
l' « OPJ debout ». Pendant la nuit, lors de la
patrouille, les APJ, repartis dans les équipes et les secteurs,
arrêtent les personnes qu'ils verbalisent sans les amener à
l'office. Ils préfèrent terminer toutes les affaires judiciaires
pendant la patrouille. « bya mu mawindo, bineshiyaka paka mu
mawindo » (les butins de la patrouille se partagent toujours
pendant la patrouille).
S'ils arrêtent une personne la nuit, ils
préfèrent transiger son problème debout dans la rue ou
soit ils font office de l' « OPJ » au domicile de la
personne concernée. A son domicile, les membres de sa famille peuvent
intervenir en suppliant les patrouilleurs d'accepter la somme d'argent en vue
de libérer la personne en question. Parfois la famille n'a pas de
liquidité et emprunte chez les voisins pour décanter la
situation.
En cas d'insolvabilité, ils peuvent laisser
l'impliqué dans un poste de police proche du secteur pour le
récupérer le matin en vue de le « treizer ».
En cas d'échec, ils l'acheminent auprès de leur chef
hiérarchique pour qu'ils puissent aussi y trouver leur compte. Si
celui-ci les « botche » (empoche sans distribuer), ils se
méfient de lui et à l'occasion prochaine, ils le contourne en
coopérant avec un autre plus confiant. Ils ont un principe :
« Na patrouille soki olali, balali yo, mbwa ba bwakelakaye ata
mukuwa » (Dans la patrouille, si vous dormez, on couche sur vous
c'est-à-dire on vous prive le butin. Le chien, on lui jette même
un os). Ceci traduit la justesse et la souplesse dans le partage. Il faut
être « ekenge » (éveillé).
La pratique qui consiste à laisser un impliqué
dans le cachot d'une police proche par les patrouilleurs pour le
récupérer le matin a été aussi
épinglée par Prince KAUMBA LUFUNDA dans sa recherche sur
l'approche de la criminalité dans la ville de Lubumbashi. (2004 :
35)
Voilà au moins épinglées et
illustrées les opportunités et l'essentiel de la pratique de l'
« OPJ debout » comme un modèle policier non prescrit
de régulation sociale. Comment les policiers justifient-ils
eux-mêmes leur pratique selon leur expérience et leur point de
vue ?
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