1.1.4. Le
« Tshitshani ou le Tshambuluka »
Ce sont les termes employés par les policiers dans
l'opération de la lutte contre le marché pirate. Celui-ci
étant une organisation non réglementaire, les policiers recourent
aussi à la pratique non prescrite :
« Twishane » (Qu'on en termine). A ce sujet, les
propos suivants sont d'usages courants : « Baba Pulushi,
shibote tuko ba taux du jour, dju ya nini utanipeleka ku bureau, unirudishiye
marchandise yangu, tuishane, unapenda chef yako ye akule weye na batoto yako na
bangu tulale na njala ? » (Papa policier, nous vivons tous
au taux du jour, pourquoi voulez-vous m'amener au bureau, retournez-moi mes
marchandises, qu'on négocie sur place. Voulez-vous que votre chef mange
et que vous, vos enfants, moi même et les miens passent la nuit à
jeun).
Le « Tshitshani » est un mot tshokwe
déformé. Il découle de Tshitshene signifiant
« paka vile », (comme toujours ; « kufanya
pakavile » (Faisons comme d'habitude). En effet, il y a une sorte de
mariage ou de « coopération » qui s'est
tissée entre les policiers et les marchands pirates. C'est l'habitus qui
se cristallise. Au début, suite à la recherche de
l'efficacité, les policiers arrêtaient les vendeurs pirates qu'ils
acheminaient à l'office. Avec le temps, les relations de
« tension » baissaient et se transformaient en relation de
« coops » diminutif de coopération. Les marchands
comme les policiers recourent à la pratique de
« tshitshani ». « Tufanye paka vile
tunafanyaka » (faisons comme d'habitude). A ce sujet soit les
policiers passent pour récolter l'argent auprès de ces marchands,
soit c'est l'inverse, c'est-à-dire ces derniers délèguent
un membre qui verse le fruit de la cotisation aux policiers.
Le « Tshambuluka » désigne dans le
jargon policier le « marché pirate ». Toutefois, il
signifie « désordre ». Le marché pirate est
un désordre. Les policiers profitent de l'informalité pour
« treizer ». C'est dans le champ policier où la
règle d'or est le chacun pour soi, Dieu pour tous. Heureux celui qui
sait bien « treizer ».
« Un jour, en tenue civile, nous avons
trouvé les policiers en plein opération du marché pirate.
Le chariot était plein de différents colis contenant des
marchandises diversifiées. Un marchand pirate supplia un policier de lui
remettre son colis de fretins contenant 6 mekas (mesurettes). Le policier
mû de pitié, lui retourna son colis en empochant 1000
FC. »
Souvent les policiers saisissent les marchandises des
marchands pirates et peu seulement arrivent au bureau et la plupart sont
filtrées et sélectionnées comme la police le fait avec les
« délinquants » et est perçue comme un grand
entonnoir où reçoit plusieurs délinquants dont le minimum
seulement arrivent au niveau du Parquet.
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