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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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1.1.2. « La main dans le sac »

C'est une pratique qui s'opère surtout pendant la tournée. C'est le cas de « flagrance ou réputée comme telle » dans le jargon juridique. L'équipe arrête un pic pocket ou « voleur à la tire » pendant la tournée. Au lieu de l'acheminer à l'office, les policiers s'investissent en OPJ pour restituer les biens soustraits au propriétaire. Celui-ci à titre de reconnaissance, leur donne un peu d'argent. Ils font semblant d'acheminer l'auteur impliqué à l'office. Agissant en équipe, celle-ci intervient en payant l'argent aux policiers pour obtenir sa libération.

« Nous sommes samedi du mois d'avril, vers 12 : 00 heures, l'APJ ILUNGA un fin policier se demande comment passer le week-end pour nourrir sa famille. Il fait une tournée personnelle contrairement au principe qui soutien l'action de masse ou d'équipe en vue de mater toute situation éventuelle. Dans un endroit isolé, il perçoit trois jeunes en train de jouer aux cartes. Le jeu de hasard étant prohibé, il profite de l'occasion en les surprenant. Son premier mouvement est de récupérer les cartes et l'argent mis en compétition. Brusquement et rapidement, il arrête les trois jeunes. Il les fouillent et récupère tous les contenus de leur poche. Il les menotte et fait semblant de les acheminer à la police. Chemin faisant, leurs amis interviennent en suppliant l'APJ ILUNGA à qui ils versent 10.000 F.C.

Ce récit montre que, sous l'initiative personnelle, un APJ peut s'instituer en OPJ lorsqu'il trouve un fait punissable par la loi entrain de se commettre. C'est le « libaku » (la chance) dans le langage policier.

1.1.3. « La Garde »

C'est le poste de police ou le sous-commissariat. La pratique s'opère pendant la nuit. « Bakonzi bakeyi, bakonzi batikali » (les chefs partent, mais restent). L'expression traduit la continuité du pouvoir. A l'absence du commandant en place, c'est le chef de poste qui est le chef d'équipe qui gère les plaintes la nuit et se transforment en commandant et par surcroît en OPJ. Il verbalise sans papiers, ni bic, ni registre. Il est debout tout en terminant le dossier. Parfois, si le bureau est resté ouvert, il l'utilise. Pour mieux « treizer », ses coéquipiers l'appellent circonstantiellement commandant et il occupe le bureau de l'OPJ.

Ainsi, il envoie les policiers procéder à des arrestations, il juge les faits et clôturent le dossier à son niveau, sauf le cas qu'il trouve « grave et compliqué » ou celui qui est objet d'une rétention sociale celui où la reportabilité sociale a une grande visibilité, qu'il laisse au soin de ses supérieurs.

Par ailleurs, s'il traite le dossier et que l'impliqué s'avère insolvable, dans ce cas, il l'écroue pour la disposition du commandant. Il joue presque le rôle de l'officier de permanence avec une manoeuvre d'appréciation.

A titre de rappel, les dossiers sont difficiles ou compliqués selon les enjeux des acteurs. D'autres peuvent paraître difficiles pour les réguler, mais trouvent solution auprès du chef de poste qui s'investit en « OPJ debout » tel le cas de « Muviolo » (viol).

« Agée de 13 ans, « MICHOU », la fillette d'une certaine nommée « MWABANA » a été victime d'abus sexuel par « KABA » âgé de 18 ans avec qui, elle a des relations de voisinage. Vers 17 : 00, à l'absence de leurs parents respectifs, « KABA » appelle « MICHOU » et couche avec elle dans leur toilette. Comme la maman de la fille est une vendeuse au marché, elle rentre vers 19 : 00. En examinant l'état de sa fille qui avait la fièvre et le mal au bas ventre, profita pour l'interroger. La fillette relata les faits. Sous l'impulsion de la colère, « MWABANA » pénétra dans la parcelle de « KABA » pour le saisir et l'acheminera à la police sans dialoguer avec les parents du garçon. Le chef de poste perçut l'argent de la plainte et verbalisant oralement les deux parties. Pendant qu'il écoutait la mère de la fillette, les parent de « KABA » arrivèrent et demandèrent au « commandant » qui est le chef de poste en substitution, de leur accorder l'occasion de causer avec la mère de Michou. Comme les deux parties étaient de même tribu et fréquentaient la même église, elles trouvèrent opportune de retirer la plainte pour s'arranger en famille. Toutefois, pour y arriver, le chef de poste joua le rôle de médiateur en convaincant la partie victime à accepter la négociation avec l'autre partie en vue de réparer le fait tout en insistant qu'une fois le dossier au Parquet, elle manquera la réparation et l'impliqué sera certes transféré vers le grand monde pour y purger sa peine. De ce fait, elle ne gagnera rien. En plus, sa fillette sera l'objet de publicité et aura de difficulté de contracter le mariage puisque désabusée sexuellement. Après réflexion, les deux parties, sous l'instigation du chef de poste, parvinrent à un compromis selon lequel, les parent de « KABA » doivent payer à la famille de « MICHOU » 200 $, deux chèvres et une pièce de wax CPA comme frais de réparation concernant la perte de la virginité de la fillette. Comme les parents de l'auteur avaient assez de moyens, ils verserent auprès de « MWABANA » 100 $ à titre d'acompte et le chef de poste et son équipe bénéficiaient 50 $ en devise plus 10.000 à titre de recompense. Ainsi, l'affaire se termina en « Kundelpain » (en cachette), à l'insu du commandant ».

Cet exemple illustre bien la pratique de l'OPJ debout qui est aussi à mesure de réguler certains faits dont la loi ne prévoit pas l'amende et la seule issue du dossier est la prison perçue selon la loi des autres, la peine dorsale ou le noyau dur, le pivot central du Droit pénal. Ainsi donc, la limite de la pratique est relative. Elle dépend des enjeux des acteurs et du pouvoir d'appréciation du policier. C'est dans cette optique que nous rejoignons la pensée de Jean Louis LOUBET BAYLE lorsqu'il analyse le pouvoir d'appréciation policière qu'il stigmatise en ces termes :

« Une prise de décision qui n'est pas strictement gouvernée par des règles légales, mais qui comporte un élément significatif de jugement personnel » (2006 : 210)

Nous épousons aussi la réflexion de Idelfonse TSHINYAMA lorsqu'il écrit concernant les enjeux policiers :

« Dans l'application de la loi, tout dépend des enjeux. Les acteurs chargés de sa mise en oeuvre, notamment les policiers, apprécient et voient de quel côté pèse la balance et agissent en conséquence. » (2006 : 82)

C'est dans ce contexte que nous avons présenté dans l'introduction le dossier OLALA contre monsieur Santos comme cas indicatif et illustratif de la pratique de l' « OPJ debout ».

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