2.3.2.4. «
Affaire « un-quatre » transformée en affaire
« quatre-deux » et vice versa »
La police perçue comme « tribunal de
paix » et instance de régulation sociale, est saisie aussi
bien pour les affaires civiles que pénales. Elle traite les affaires
pénales et peut orienter les affaires civiles ou les statuer à
son office. Il se passe que, selon les enjeux en présence, l'OPJ arrive
parfois à transformer l'affaire civile en affaire pénale, tel est
le cas de conflit de bail transformé en abus de confiance. C'est ici
où nous rejoignons la réflexion du professeur GORUS Jan lorsqu'il
stigmatise que les actes « illégaux » sont
provoqués par les privés et les policiers y participent à
cause de précarité, mauvais payement et mauvaises conditions de
vie que nous avons stigmatisés par la recherche de l'efficacité
policière.
En effet, les OPJ connaissent la loi et la procédure,
mais ne les appliquent pas nécessairement d'une manière
convenable selon le cas, leur point de vue et les acteurs en présence.
Ils criminalisent même le non coupable pour les
« treizer », ils les savent bien mais le persuadent de sa
culpabilité, profitant de son ignorance pour qu'il verse le
« mulambu ». La bouche qui a tranché,
réparé, se dessèche et qu'il faut mouiller par le
« makonde » (banane), ici, l'argent pour le
service rendu. C'est le cas de la dette qui est une affaire civile
« un-quatre » transformée en affaire pénale
« quatre-deux », c'est-à-dire, en abus de confiance.
L'OPJ sait qu'il faut orienter une telle affaire au Tribunal, mais il persuade
le soit impliqué pour le « treizer ». C'est dans
cette optique qu'une dette non remboursée à
échéance et qui n'a rien de pénal est transformée
facilement en abus de confiance. Egalement, le non remboursement de la garantie
locative à un ancien locataire était géré aussi
comme une affaire pénale.
A l'inverse, une affaire pénale se transforme en civile
lorsque la partie plaignante est partiellement
désintéressée en recevant une partie de son dû. Il
suffit aussi qu'elle accepte une décharge pour que l'affaire devienne
civile et que la concernée paie l'amende. L'OPJ devient juge puisqu'il
met fin au droit de poursuite et contourne le magistrat en clôturant le
dossier à son niveau en le classant sans suite.
2.3.2.5.
Police : « instance de tension »
Comme chaque médaille a son revers, la police a ses
mérites et ses failles, ses intérêts et ses pesants. En
transformant le « un-quatre » en
« quatre-deux » et vice versa, la police devient un
instrument de tension puisque la balance n'est pas respectée. Cette
pratique crée les tensions impliquant la méfiance,
l'indifférence et le manque de confiance. C'est dans cette posture que
la police devient incompétente pour réguler les problèmes.
Malgré ses mérites lui reconnus faisant reconnaître son
rôle fondamental, la population lushoise, comme le précise Prince
KAUMBA LUFUNDA dans l'approche de la criminalité à Lubumbashi, a
une image largement négative de la police influencée par l'image
du temps passé. (2004 : 140)
A titre de rappel, nous avons déjà
évoqué le revers de la police à travers la mise en
contexte historique de notre objet d'étude. Nous en parlerons
spécifiquement dans le troisième chapitre en exposant les pesants
de la police que JOBARD F. stigmatise en terme de violences ou bavures
policières exercées sur la population et qui sont
gérées d'une manière discrétionnaire et moins
spéculaire. (2002 : 7 - 11)
C'est ce que nous appelons dans ce contexte, la couverture
policière qui cadre avec son aspect discret, c'est-à-dire,
lié à un secret professionnel.
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