2.3.1.2. «
Le télescopage des plaintes »
Le sous-commissariat de Kafubu est circuité par
d'autres services au regard des plaintes. C'est le cas du quartier
administratif qui reçoit les plaintes du droit commun à savoir
civil ou répressif, qu'il traite et clôture à son niveau.
Ce n'est qu'en cas d'échec que le dossier est orienté vers la
police. La finalité de la justice, c'est l'harmonie dictée par
l'entente entre les parties en conflit pour la tranquillité publique. Il
n'y a pas que la police pour réguler les problèmes, d'autres
instances telles que la famille, l'administration du quartier jouent
également ce rôle.
Par ailleurs, l'Agence Nationale de Renseignement, le Bureau
de renseignement militaire, le bureau de renseignement de la police oeuvrant
dans le secteur « Njanja », centre commercial du quartier
Kafubu, reçoivent aussi des plaintes qui échappent à la
comptabilité de la police pour mesurer la distribution de la
criminalité dans une posture « positiviste »
implique le chiffre noir.
Du reste, une même plainte peut être
enregistrée deux ou plusieurs fois dans les registres différents
de services précités.
Tel est le cas d'un dossier traité au sous-commissariat
et transféré au Parquet sans prévenu. Mécontent de
l'issue du dossier, au lieu de se rendre au Parquet, il le trouve inefficace et
porte plainte à la police d'investigation criminelle pour que
l'impliqué soit fouetté. « Mulianja kumuchezesha.
Nilimupeleka ku BSRS anapata discipline ». (Vous l'avez
cajolé, je l'ai acheminé au Bureau de surveillance, recherche et
renseignement, ancienne appellation de la Police d'investigation criminelle
où il a été discipliné).
Il est aussi fréquent au moment où un OPJ
instruit un dossier, un membre de la famille accusée porte aussi plainte
dans une autre unité de la Police telle que le Groupe Mobile
d'Intervention. Conséquence, un même dossier est traité par
deux OPJ différents et à des endroits différents. Les uns
sont arrêtés d'un côté, et les autres de l'autre. La
solution dans ce cas est le transfert de deux dossiers au Parquet pour
célérité et unité d'instruction unique.
2.3.1.3. «
Le tracé d'une plainte »
Le tracé d'une plainte est la voie par laquelle elle
passe avant d'être traitée. A titre purement de renseignement, en
voici les pistes :
- Toutes les plaintes n'arrivent pas au sous-commissariat de
police Kafubu. Il y en a certes, qui sont réglées à
l'amiable et localement par les parties en conflit. Beaucoup de
problèmes qui surgissent en famille, dans une communauté
solidaire, dans une association, sont souvent traités par le groupe et
dans le groupe. C'est dans ce contexte que tombe à point cet
adage : « les linges sales, se lavent en famille ».
Les parties en conflits peuvent appartenir aussi à des
communautés différentes, mais arrivent à les régler
à l'amiable. S'il n'en était pas ainsi,le bureau de police serait
inondé « des plaintes ».
- La police n'est pas l'unique instance de régulation
sociale. Certaines plaintes sont ramenées au Parquet, au tribunal,
à la municipalité communale. Au parquet par la voie de plainte,
au tribunal par citation directe, à la commune par plainte ou par
transfert.
- La police étant la voie d'entrée ou la grande
porte de la reportabilité sociale, beaucoup de plaintes sont
ramenées au sous-commissariat ; parmi elles, il y en a qui sont
traitées par les parties en conflits avec l'assistance d'un policier.
D'où « Bakonzi bakeyi, bakonzi batikali »
(les chefs partent, les chef restent) c'est le principe de continuité du
pouvoir. A l'absence du commandant, c'est le chef de poste qui coiffe le
sous-commissariat. C'est dans ce contexte qu'il reçoit la plainte
assiste les parties en leur prodiguant des conseils et en les orientant vers un
arrangement à l'amiable. Une fois les conflits réglés, les
deux parties lui donnent sa part de « dix. Vingt-cinq »
(l'argent) par cette pratique, le chef de poste est un « OPJ
debout ».
- Les plaintes réellement enregistrées, mais non
traitées par la police puisque abandonnées ou
négligées sans être retirées. D'autres sont
enregistrées et retirées sans être traitées
- Le sous-commissariat reçoit aussi des plaintes lui
transférées par d'autres instances avec lesquelles il circuite ou
télescope. C'est-à-dire, d'autres services de
sécurité lui canalisent ou irriguent les plaintes. C'est comme le
quartier de Kafubu, l'ANR, les différents services de l'Etat oeuvrant
dans cette entité. Quelques plaintes viennent du Parquet en donnant le
devoir à l'OPJ d'instruire.
- Il y a certaines plaines qui sont renvoyées ; il
s'agit des plaintes rejetées et jugées non recevables par les
policiers lors de leurs enregistrements. C'est à ce titre que nous avons
parlé de monnayage de la plainte. Elle doit être motivée
avec le « 10.25 ».
- Les plaintes enregistrées et traitées à
la police. D'autres non enregistrées mais traitées
réellement à la Police. Il y en a aussi exploitées par
d'autres instances avant de parvenir à la police. Souvent, c'est quand
ces instances n'arrivent pas à réconcilier les parties qu'ils
transfèrent les dossiers à la police. Le tracé des
plaintes étant décortiqué, comment sont-elles
traitées ?
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