1.5.1.2. L'exigence
linguistique
La méthode ethnographique exige la maîtrise de la
langue des acteurs. C'est pourquoi elle impose un temps long dans le milieu
pour cette fin. Dans le cas contraire, le chercheur
« outsider » c'est-à-dire hors communauté ou
étranger doit recourir à un interprète ou un informateur
membre de la communauté avec le risque de déformation, de la
méfiance et de rétention de certaines informations
secrètes.
Pour le cas qui nous concerne, l'exigence de la connaissance
de la langue des acteurs est déjà résolue en tant
qu'acteur chercheur professionnel. En réalisant Cette recherche, j'ai
manipulé trois langues avec les policiers.
1° Lingala
La police comme force, est le fruit du
démantèlement de la Gendarmerie et de la Garde Civile qui
représentaient le visage de l'Etat pendant la 2ème
République. Comme la police a été et reste encore
militarisée, le lingala fut la langue de l'armée. Elle fut
terrifiante et intimidante. Ce sont les militaires qui l'ont rendue ainsi. A
titre indicatif, il suffisait seulement d'entendre le mot
« Telema » qui traduit « arrêtez-vous»
pour se sentir dans l'insécurité. La
« sommation », était le propre de gendarmes et des
garde civiles.
Le lingala est une des quatre langues nationales de la R.D.C.
Elle est surtout parlée du côté nord et ouest de la R.D.C.
La langue en tant que véhicule de la culture, elle sert de trait d'union
du bloc Ouest.
2° Swahili
En démantelant les forces de la deuxième
République, l'AFDL du feu président L.D. Kabila utilisant le
swahili qui est aussi une des langues nationales. Il sert de lien du bloc de
l'Est où il est plus parlé. Il avait supplanté le lingala
tout au début de l'occupation. Il était facile d'entendre :
« we takumaliza » qui veut dire « toi,
je veux t'achever ». « Fimbo kitofuni »
se traduisant « fouet sur le nombril » ou alors
« kitambulisho » qui signifie
« pièce d'identité ». Quelques années
après, le lingala refait surface dans la police et évolue en
équilibre avec le swahili.
3° Français
C'est la langue officielle de la police puisque les honneurs
et les rapports administratifs se font en Français. Il y a sous peu, les
honneurs militaires et le commandement se faisait en swahili ou en lingala.
Maîtrisant les trois langues, les entrevues se
réalisaient selon les acteurs en présence. Avec les OPJ, les
entretiens se déroulaient en Français tandis qu'avec les Agents,
le choix était entre le swahili et le lingala. C'est le swahili qui
primait en tant que langue du milieu. C'est grâce à ce
trilinguisme que nous avons pu par l'observation indirecte, récolter les
données empiriques.
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