2.1.3.3. La gendarmerie
nationale
Ayant ses exploits comme actifs, l'expérience de la
Police Nationale se buta contre l'insécurité entretenue par les
rebelles, les groupuscules rivaux et les mercenaires. Il fut nécessaire,
devant cette menace, de renforcer l'action de l'armée en lui attribuant
toutes les forces disponibles. Les exigences de type sécuritaire
s'imposaient ainsi que l'intégration des différentes structures
de l'Etat dans le parti unique. C'est ainsi que l'instrument du pouvoir qu'est
la sécurité était concentrée entre les mains du
Chef de l'Etat qui se proclama Ministre de la Défense et commandant en
chef des forces armées. Ayant la main mise du système global de
sécurité, les forces de l'ordre autrefois dépendant du
Ministère de l'Intérieur, passaient au Ministère de la
Défense Nationale.
L'opportunité fut offerte par quelques mouvements de
mécontentement au sein des unités de la Police de Kinshasa. C'est
ainsi que par l'Ordonnance-loi n°72/031 du 31 juillet 1972, la Gendarmerie
et la Police Nationale sont fusionnées pour former la
« GENDARMERIE NATIONALE ». A la même occasion,
l'Ordonnance-loi n°72/033 entraînant la dissolution de la Police
Nationale.
Il se passa qu'un grand nombre de policiers fut mis à
la retraite prématurée ou versé à la vie civile.
Certains officiers ayant intégré cette gendarmerie furent
rétrogradés et humiliés dans les centres d'instruction et
furent par la suite démobilisés.
Contrairement à la Police Nationale, la nouvelle
institution fait partie intégrante de forces armées. Ses membres
sont des militaires et les éléments intégrés de la
police subirent une formation militaire.
Sur ce, elle est une « armée » et
récupère la mission dévolue à la Police et dispose
des officiers de Police judiciaire nommés à la fois par le
Ministre de la défense et celui de la justice. Ils sont
« bifaces » ou « bicéphales »
puisqu'ils sont militaires avant d'être auxiliaires de la justice.
Quant à la formation, elle regorgeait un corps
d'officiers très qualifiés ayant suivi le cursis de l'Ecole
Royale Militaire, les criminologues modelés à l'université
de Liège, ainsi que des techniciens et brevetés d'Etat-Major.
Les conditions de vie dégradantes ainsi que le travail
militaire poussèrent ses agents à la déliquescence morale.
Elle fera l'objet de vives critiques. Les deux guerres du Shaba et celles de
Moba I et II eurent de répercussions sur l'organisation et le
fonctionnement de la Gendarmerie Nationale.
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