2.1.3.4. La Garde civile
Les quatre guerres qu'a connues le Shaba, aujourd'hui Katanga
(la guerre de 80 jours, celle de six jours à Kolwezi, Moba I et II),
l'émergence du terrorisme international et le trafic des drogues
accolé de nouvelles formes de criminalité, la dislocation de
l'URSS qui suscita de nouvelles stratégies hégémoniques,
militèrent à la création d'une nouvelle force qui devrait
sécuriser les frontières et maintenir l'ordre interne.
Par ailleurs, le comportement des gens d'armes au lendemain de
la première guerre du Shaba poussa le Président MOBUTU à
le déplorer à travers son discours du 24 novembre 1977 en ces
termes :
« Il est inadmissible que l'étranger ou
le citoyen zaïrois qui voit surgir l'ombre du magistrat, du gendarme, se
sente terrorisé plutôt que de se sentir sécurisé. Et
trop souvent, bien des injustices sont commises à l'endroit des
innocents tandis que les véritables coupables courent les rues librement
et orgueilleusement »
Le premier noyau de formateurs et encadreurs était
prêt, la première guerre de Moba survint pour confirmer le besoin
par le constat fait en 1977 à savoir que « nos
frontières ne sont pas seulement perméable, mais elles sont des
véritables passoires ». Cette situation frontalière
précipita la création d'un nouveau corps de police.
Sur ce, la nouvelle force de police aura à assumer les
missions suivantes :
- assurer la défense des frontières ;
- lutter contre la criminalité
économique ;
- traquer les nouvelles formes de
criminalités ;
- constituer un bouclier efficace contre le terrorisme
international.
Ainsi, la GARDE CIVILE sera créée par
l'Ordonnance-loi n°84/036 du 28 août 1984. Le personnel de la
gendarmerie mal encadré et vieilli, la nouvelle force devait se
substituer à la Gendarmerie Nationale pour ne plus mêler les
forces armées aux opérations ordinaires de la police. Le
problème dénominationnel se posa avec acquitté.
L'aléatoire voulu qu'en ce moment précis, la Garde Civile
espagnole fit parler d'elle dans les médias et son nom inspira les
initiateurs de cette nouvelle force. C'est ainsi que naquit la Garde Civile du
Zaïre.
Quant à son organisation et son fonctionnement, ils
sont dictés par l'Ordonnance-loi n°86/227 du 25 juillet 1986
portant règlement d'administration inhérent au personnel, au
fonctionnement et à l'équipement de la Garde Civile du
Zaïre.
C'est vers 1987 que cette force fut effective et se focalisa
sur la lutte contre la fraude douanière. Des résultats probants
et spectaculaires furent obtenus à la grande satisfaction de la
population. Ici au Katanga, à l'époque Shaba, les
éléments de cette force avaient occupé le poste douanier
de Kasumbalesa.
A l'antipode de la Gendarmerie ou gens d'armes, cette nouvelle
force est un corps non militaire qui relevait de la présidence. Ses
agents ne sont soumis ni au règlement de discipline militaire, ni aux
juridictions militaires (Auditorat). Le port d'uniforme, des grades et des
insignes de grade sont différents.
Se substituant à la gendarmerie avec ses missions, la
Garde Civile s'est vue ajouter des missions spéciales relatives à
la lutte contre le terrorisme, le trafic illicite des stupéfiants, la
fraude douanière et la contre bande. Pour réussir de telles
missions, il faut un corps militaire quoique l'esprit des initiateurs le
déshabille de cet attribut. Pour nous, la Garde Civile fut une force
militarisée.
Nous confirmons ce propos avec le Professeur (KAUMBA LUFUNDA,
2006 : 8) lorsqu'il parle de la formation du personnel. Les
éléments de cette force avaient suivi des formations
spécialisées dans le Centre d'Entraînement des Troupes
Aéroportées (CETA) pour les parachutistes ainsi que dans celui de
Kota-koli pour les commandos. Les types de formation et d'armement sont les
caractéristiques de base de la militarisation suite aux besoins de
sécurité du pouvoir.
Par la suite, ce corps connu des modifications avec
l'avènement de la démocratie pluraliste. Ces modifications
rappellent les préoccupations de la Force Publique à la veille de
l'indépendance lorsque le pouvoir colonial s'est senti en danger. Se
battant sur le plan de l'économie, ce corps allait davantage se
militariser pour s'impliquer énergiquement dans les opérations de
maintien et rétablissement de l'ordre public, en gérant les
manifestations de divers groupes politiques s'opposant au régime
mobutiste.
Dès lors, les éléments de ce corps
étaient désormais justiciables des juridictions militaires. Par
ailleurs, ce corps a réintégré les forces armées en
adoptant les insignes et grades et le Président Général
est remplacé par un commandant Général qui est militaire.
Il sied de remarquer que la Garde Civile comme force, vécut à
couteaux tirés avec la gendarmerie qui fut négligée,
jusqu'à l'avènement de l'Alliance des Forces Démocratiques
pour la Libération du Congo (AFDL) qui ressuscita le 2 août 1997
la Police Nationale Congolaise nouvelle formule ».
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