II. MISE EN CONTEXTE
HISTORICO-SOCIO-ECONOMIQUE DE L'OBJET D'INVESTIGATION
La mise en contexte du phénomène
sous-étude est un préalable scientifique qui n'est pas à
considérer comme une finalité en soi, mais comme un moyen
approprié permettant de comprendre mieux le comportement des policiers
et le fonctionnement de la Police. Celle-ci est envisagée sous une
dimension organisationnelle de régulation sociale.
La mise en contexte nous a permis de nous mettre dans la peau
des acteurs pour les observer, les écouter et comprendre leur agissement
à travers l'évolution historique et le cadre
socio-économique où ils interagissent.
Le phénomène que nous analysons est ancien
puisqu'il a ses racines plongées dans la nuit du temps. Sa
spécificité ou sa singularité est mal identifiée
puisqu'il évolue dans l'ombre. Il peut se comprendre comme produit de
l'histoire et de l'évolution socio-économique permettant aux
acteurs (OPJ assis et debout) d'agir sur les modes de régulation des
situations, la manière d'exprimer leur logique, leur
représentation dans leur manière de faire justice.
Toutefois, retenons que l'analyse de ce qui se passe dans
l'ombre nous interdit toute corrélation mécanique entre pratique
et carrière délinquante, comme l'indique RICORDEAU G.
(2001 : 165)
Par contre, l'attitude scientifique est de valoriser ce qui
est positif dans la pratique de nuit au regard des relations entre
« OPJ assis et debout » dans l'exécution du travail
de police judiciaire.
Notre visée dans ce faisant, c'est l'analyse de la
structuration sociale du comportement des acteurs en recherchant le rôle
essentiel de la pratique de l' « OPJ debout ».
2.1. CONTEXTE HISTORIQUE
L'historique des forces de police est le fruit de notre
synthèse intellectuelle, adaptée et enrichie par d'autres
sources, du cours de « l'histoire et organisation de la
police » dispensé par le professeur (KAUMBA LUFUNDA, 2006).
Pour mieux comprendre les forces de police dans notre pays, il
convient de distinguer les missions militaires de défense et de
sécurité du territoire, de missions de police relatives à
la sécurité publique, à l'ordre public et à la
salubrité publique. A travers l'histoire, la police a toujours
été militarisée et ses missions ont été
exercées par différents corps que voici : la Force Publique,
la Police territoriale, la Gendarmerie, la Police provinciale, la Police
nationale, la Gendarmerie nationale, la Garde civile et la nouvelle formule de
la Police nationale qui est en vigueur.
Avant d'entrer dans le vif, il convient de préciser,
avec le Professeur KAUMBA LUFUNDA Prince ce qui suit :
« Les forces de police sont un maillon du
système global de sécurité d'un état. Leur
organisation évolue avec la conception que l'Etat se fait de l'ordre
publique, en fonction des préoccupations sécuritaires qui
prévalent à telle ou telle période de l'histoire ; le
visage des agents de l'ordre témoigne ainsi le visage de l'Etat et de la
manière dont l'Etat gère les rapports des citoyens à la
loi » (2006 : 1)
Ainsi, les grandes étapes de cette évolution
s'articulent-elles autour des préoccupations de sécurité
se focalisant tantôt sur la sécurité du territoire,
tantôt sur la sécurisation du territoire, tantôt sur la
consolidation de pouvoir, tantôt enfin sur la sécurité des
personnes et des biens et sur le bien-être social.
Sur ce, le cheminement de ces formes s'articulera autour de
trois grandes périodes de l'histoire : la période
précoloniale, l'époque coloniale et l'indépendance.
2.1.1. Epoque
précoloniale
L'histoire nous renseigne qu'avant la colonisation de notre
pays, il comptait et regorgeait plusieurs sociétés
organisées en communautés étatiques et non
étatiques. Les communautés organisaient leurs forces de l'ordre
dans des systèmes non permanents. Il existait autour, du chef des
groupes armés qui assuraient et assumaient le maintien de l'ordre dans
la communauté et qui étaient appelés à la
défendre en cas d'agression comme l'indique (LUNSUA KUNZENZE,
2006 : 7).
Les différentes situations problèmes pouvaient
émerger dans la communauté entre les membres. Elles
étaient traitées par le chef et ses notables autour de l'arbre
à palabre. C'est le principe de l'arrangement à l'amiable. Et les
deux parties en conflit versaient chacune une calebasse de vin de palme et un
régime de banane comme symbole de remerciement aux
« juges » pour le service rendu. Cette forme de
régulation a été rejetée par la colonisation sous
prétexte du droit de non civilisés en faveur du Droit
pénal écrit. Mais, aujourd'hui, elle est valorisée en
Europe par ceux qui l'ont rejetée.
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