2- Une médecine à deux vitesses à
l'hôpital Laquintinie
Les difficultés d'accès à la santé
et l'inégalité devant cet accès à la santé
font que le personnel soignant et la tutelle (le ministère de la
publique) en relation avec le CENAME, lequel est en contact avec certaines
industries pharmaceutiques internationales, ont trouvé une alternative
mieux une solution pour les patients pauvres. Il s'agit de la vente de
médicaments génériques. Comme le dit le Dr BOUELET ABENG
Barbara :
Le générique est un
médicament qui se vend à un prix relativement bas par rapport au
médicament original. En fait, le générique a les
mêmes vertus thérapeutiques que les médicaments originaux.
En plus, il est moins cher. La seule différence est qu'il est
fabriqué par les industries pharmaceutiques de l'Inde, de l'Afrique du
Sud et a de ce fait un autre emballage et une autre étiquette. Ces
industries indiennes et sud africaines voudraient aider les populations pauvres
du globe à accéder facilement à la santé. Par
contre, le médicament original n'est pas toujours à la
portée de toutes les couches sociales. Ce genre de médicaments
est fabriqué par les industries pharmaceutiques européennes et/ou
américaines qui, elles, travaillent poursuivent avant tout des buts
lucratifs. (Entretien réalisé le 05/01/07 à
l'HLD).
Aussi peut-on dire sans risque de se tromper que le
générique, quand il y en a, est pour les pauvres tandis que les
médicaments originaux sont pour les riches.
Pour ce qui est de la qualité des prestations
sanitaires dispensées, l'on remarque également une nette
distinction. Les pauvres ou du moins les patients pauvres ne sont pas aussi
bien traités que les patients qui ont les moyens financiers et qu'on
nomme là-bas les « bons
patients » parce qu'ils paient
« bien ». Ceux des patients qui
paient bien sont mis dans les chambres individuelles, alors que ceux qui ne
« paient pas bien » sont mis dans
des salles communes avec d'autres malades.
Les patients qui sont dans les chambres individuelles sont
suivis de manière soutenue et le personnel s'efforce de respecter les
heures de ronde parce qu'il sait que les
« bakchichs » sont garantis.
D'où le patient est entouré de soins et fait l'objet d'une
attention particulière. Quand on entre dans ces chambres, on est tout
de suite frappé par la propreté des lieux et le calme qui y
règne. On assiste peu ou prou aux invectives, aux accrochages entre
patients et soignants. Les premiers recherchent l'affection des seconds,
lesquels se montrent particulièrement courtois dans l'espoir d'avoir
une motivation financière. Ce qui n'est pas le cas dans les salles
communes.
Dans les salles communes les rapports entre soignants et
soignés au niveau de la maternité et du pavillon de la
médecine sont distants et superficiels. Ceci parce que les malades sont
nombreux et que pouvoir s'occuper de chacun d'eux de façon soutenue et
ininterrompue est bien difficile. Lorsqu'on a une infirmière pour 20
patients, on comprend qu'il y en a qui seront défavorisés par
rapport à d'autres au niveau du suivi médical et/ou
paramédical. Les rapports entre patients et soignants dans les salles
individuelles sont denses alors que dans les salles communes, ils sont
platoniques et superficiels. De toute façon, ces interactions font
penser aux analyses sociométriques de MORENO J.L. (1953).
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