III- De la médecine traditionnelle à
Douala : Une médecine éclatée ?
La médecine traditionnelle connaît une expansion
multiforme dans la ville de Douala et il n' y a qu'à observer les
diverses prestations offertes à la population de cette ville.
Généralement, l'imagerie populaire lui adjoint les charlatans et
autres féticheurs de tous bords. Mais il faut signaler que ces derniers
sont des arrivistes dans cette forme de médecine. Leur objectif
principal n'est donc pas de soulager les maux de la population morbide, mais
bien plutôt de profiter de celle-ci. Les services offerts en
médecine traditionnelle sont variés. Il importe par
conséquent de les présenter succinctement afin de mieux clarifier
notre objet d'étude (HATTIER, op. cit.).
1- De la médecine naturelle « brute ou
verte » à Douala
Cette médecine est pratiquée par les vendeurs
des plantes thérapeutiques que l'on rencontre dans les marchés de
cette ville notamment au marché « Nkololoun »,
au marché « Ndokotti » et dans bien d'autres
marchés. Ces vendeurs disent avoir une expérience dans la dans
la composition des potions médicinales faites à base de plantes.
C'est pourquoi, lorsqu'un client se présente devant eux et leur
révèle son mal, il lui est conseillé une quantité
importante de plantes qu'il devra soit mâcher, soit faire essorer, soit
faire bouillir pour après boire le jus. Ce peut également
être de client lui-même qui, connaissant les vertus
thérapeutiques d'une plante qu'il ne peut avoir dans son voisinage,
décide d'aller vers ces vendeurs pour s'en procurer.
D'après nos observations, tout africain de souche
connaît les propriétés médicinales d'au moins une
plante. De ce fait, lorsqu'on a identifié son mal, on est porté
à se rendre dans ces marchés pour les acheter. Les plantes ont
toujours soigné les africains (DE ROSNY, op. cit.). Les camerounais et
partant l'ensemble des africains se sont soignés à l'aide de
plantes. Nombreuses sont ces personnes qui s'interrogent sur le background et
la compétence de ces vendeurs de plantes médicinales.
En fait, le plupart de ces vendeurs maîtrisent les
propriétés des plantes qu'ils vendent. Ils savent qu'en
associant telle plante à telle autre plante, voilà la maladie
qu'on pourra soigner chez un tiers. De plus, l'appellation que nous lui avons
prêtée, à savoir la médecine naturelle
« brute ou verte » tient au fait que les plantes ici ne
subissent pas une altération chimique avant d'être consommé
(NGAMBOUK V. 1998). Elles sont tout aussi naturelles qu'elles soient bouillies
ou écrasées. Ce qu'atteste Olivier NAKAM, vendeur de plantes
médicinales au marché Nkololoun à Douala :
« Ces plantes soignent. Qu'elles soient bouillies ou
non, elles soignent. Mais il y en a qui doit d'abord être bouillies avant
de les consommer. D'autres peuvent être mâchées,
pressées ou écrasées, même bouillies, leur
efficacité reste intacte » (Entretien
réalisé le 02 avril 2007 au marché Nkololoun). Son propos
suscite en nous les scènes relatées par DE ROSNY dans l'un de ses
ouvrages portant sur l'analyse de la tradithérapie en pays Duala (une
des ethnies peuplant la province du Littoral camerounais) (op. cit.).
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