2- Des services internes de santé à
l'HLD
a- La pédiatrie et la
maternité
La pédiatrie est cette branche de la médecine
qui s'occupe des affections infantiles. Bien qu'ayant une
spécialité au pavillon de la consultation externe, la
pédiatrie est plus vaste et a deux pavillons à l'intérieur
de l'hôpital. La pédiatrie de la consultation externe n'est que la
porte d'entrée qui donne lieu a un service pédiatrique plus
étendue où sont internés tous les enfants malades. Ici, le
rôle de la mère est capital dans la relation que le traitant
entretient avec son patient. Les enfants, généralement les
bébés de bas ages, qui ne peuvent pas s'exprimer pour dire aux
médecins leurs maux, ont tendance à le faire néanmoins
à leurs mères. Lesquelles les transmettent aux médecins ou
au personnel soignant.
La relation patient /traitant met en exergue deux types de
relations. La relation normale qui est faite du respect mutuel, de patience,
d'écoute, d'attention et même de pitié. La relation
difficile où rugueuse est entachée de plusieurs lacunes allant
du manque de conscience professionnelle à l'irresponsabilité
médicale. Nous avons observé ces deux types de relations dans ce
pavillon. Pour ce qui d'un exemple de relation normale entre le patient et son
traitant voici quelques cas de figure que nous avons relevés parmi tant
d'autres observés.
Certaines infirmières de ce pavillon nous ont
montré un attachement sincère envers des mères dont les
enfants étaient gravement malades. Aussi, les avons-nous vu respectant
toujours les heures des rondes médicales tant diurnes que nocturnes, la
prononciation de mots encourageants et le soutien moral à l'endroit des
patients. « Bonjour Madame est-ce que l'enfant a
bien dormi, de toute façon ça va aller »
et au bébé, « alors mon grand est-ce que
ça va ? Il faut vite guérir ». Des
mots d'exhortation sont nombreux. Ceux-ci participent de l'entretien du bon
moral, de l'espoir, et du soutien accordé aux malades. Ces mots qui sont
apparemment banals le sont moins pour le malade et celui qui le garde (SPEEDING
E. et ROSE D., op. cit.). Ce qu'il demande c'est comme nous le dit monsieur
AYINDA : « [...] Que quand on arrive ici à
l'hôpital, on nous traite comme les êtres humains. Ce n'est pas
toujours l'argent qui fait problème. C'est je crois, le mauvais accueil
qui est réservé aux malades. »
(Entretien du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD). Des
efforts significatifs sont faits dans ce sens. Il fut une époque
où les patients butaient beaucoup plus sur le problème de ce que
le professeur DIAKITE appelle « La mauvaise
qualité des hommes » que sur les
difficultés financières dans cet hôpital (op. cit.p100).
Pendant cette époque en effet, il n'était donc pas
« anormal » qu'un infirmier ou une infirmière voire
un médecin rançonne, raquette, insulte ou manque de tenue envers
un malade (DE ROSNY E. op. cit.) aujourd'hui par contre, nos observations nous
permettent de dire qu'une bonne partie du personnel soignant de l'HLD est
consciencieux même si on remarque çà et là des
insuffisances notoires. A la question posée aux malades et aux gardes
malades : « Etes-vous bien traités dans cette
hôpital notamment dans ce pavillon ? » Les
réponses ont été divergentes. Ainsi pour certaines
mères, leurs enfants ont été bien traités alors
que pour d'autres, il y a beaucoup de choses à redire et à revoir
surtout au niveau de l'attitude des aides-soignants. Elles disent à ce
propos :
Il n y en a qui nous insultent parfois et
sont impolies. Quand je suis arrivée avec mon enfant ici, il
était très faible et moi j'étais inquiète mais
l'infirmière qui lui a pris les paramètres m'a manqué de
respect en me disant que si je ne lui obéissais pas je devais foutre le
camp. Et que qu'est-ce qu'il y avait a venir déranger les gens. Elle m'a
demandé où je me croyais. Je vous assure que si je n'aimais pas
mon fils, je serais parti d'ici par amour propre. Moi je pense que le personnel
soignant doit être doux, poli, accueillant et patient comme des
prêtres et peut être plus qu'eux . (Entretien de
groupe du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD).
Et une autre mère d'enfant d'ajouter :
C'est vrai que ce sont des hommes comme
nous mais ils sont là pour nous servir et non pour nous maltraiter. Ils
ont beaucoup de travail c'est vrai, leurs salaires ne sont pas
proportionnés à leur travail, mais ils doivent apprendre les
bonnes manières. Le sourire par exemple, ils doivent l'apprendre, moi
j'ai remarqué qu'il ont toujours les visages renfrognés ,surtout
quand on est un patient qui ne leur donne pas quelque chose. Ce qui donne
à la plupart des pavillons de cet hôpital des allures de
cimetière. C'est comme si on a un problème avec qu'eux. Pourtant,
un personnel accueillant et jovial est tout ce qu'il y a de bien dans un
hôpital. (Entretien du 27-11-06 à
l'HLD).
Une chose est certaine, c'est que le personnel abat un travail
immense. L'on sait que s'occuper des enfants est une tache pas toujours
aisée. Il faut un certain renoncement pour pouvoir le faire. Cependant
cela ne doit pas être une excuse pour laisser libre cours à toute
attitude asociale envers les patients et les gardes- malades (FAINZANG S. op.
cit.). De plus, il semble que certains infirmiers et aides- soignants mettent
ceux des patients qui leur donnent des pourboires au petit soin. Ceux-là
qui ne leur donnent pas des dessous de table sont délaissés, ou
du moins, font l'objet d'une attention médicale superficielle. La
maternité pour sa part des insuffisances analogues.
La maternité présente un autre visage, un
visage identique à celui de la pédiatrie. C'est ici que les
femmes enceintes viennent consulter, faire l'échographie et/ou
accoucher. Elles sont, dès lors, au contact de sages-femmes et
personnel soignant, les seconds s'occupent de l'évolution de la
grossesse alors que les premières s'occupent de l'accouchement encore
appelé en terme médical parturition.
L'un des faits marquants dans l'observation de la relation
patient traitant au niveau de cette maternité est le traitement
infligé aux femmes presque à terme de grossesse où en
plein accouchement. Ces dernières sont parfois chosifiées,
infantilisées, arnaquées et maltraitées par certaines
sages-femmes. Lesquelles les injurient et portent très souvent atteinte
à leur vie privée. Elles disent à ce sujet :
Maintenant tu viens ici crier, pleurer et
gémir. Quand tu faisais ça avec ton mari, est-ce que nous
étions là, vous savez seulement déranger les gens.
D'ailleurs on va voir comment tu vas souffrir ici aujourd'hui toute seule,
vous aimez trop la vie facile pour faire souffrir les autres, tu vas souffrir
seule avec ton enfant. Tu dois même me donner quelque chose, sinon on va
voir comment tu vas accoucher ici. En tout cas, moi je ne travaille pas pour
rien. (Entretien du 28-11-06 à la maternité
de l'HLD).
Conclusion
En conclusion, au sortir de ce chapitre qui s'appesantissait
sur les acteurs en présence à l'HLD, l'on retiendra que nous
avons d'un coté le personnel soignant et de l'autre les patients. Tous
se côtoient dans l'immensité de cet hôpital et à
l'intérieur de ses divers pavillons. Le personnel soignant est là
pour traiter mieux soigner les patients alors que ceux-ci soupirent
après la guérison. En plus, nous avons établi la typologie
du personnel de cet hôpital. D'où nous avons le personnel
administratif, le personnel médical et paramédical et le
personnel d'appui. Les patients se regroupent en deux : les externes
désignant tous ceux qui viennent uniquement dans cette structure pour
consulter et après retourner chez eux. A l'opposé, les internes
qui sont tous ces patients hospitalisés. Nous avons également vu
comment les patients et le personnel se comportent dans les services tant
externes qu'internes. Dès lors, il nous été donné
de constaté que la relation entre patient et le traitant est moins dense
dans les services externes que dans les services internes. Ceci parce que dans
les services externes, le patient vient consulter et s'en va à la fin
de la consultation. A contrario, dans les services internes, le patient est
hospitalisé. Ce qui l'oblige à avoir plus d'un rapport avec les
soignants. Ce qui met en exergue plus d'une entorse faite au code de la
déontologie médicale et permet de voir le dévouement de
certains médecins et infirmiers restés fidèles au serment
d'Hippocrate.
Ce chapitre nous a plongé dans les
réalités de nos hôpitaux publics en général
et de l'HLD en particulier. Celui qui vient à sa suite portera sur
l'ethnomédecine africaine au travers de l'African Clinic de Douala.
|