§ II - La stigmatisation des esprits deviants
LÕOpus Dei, bien que sÕen defendant, adopte
certains comportements rigides à lÕheure de sanctionner
lÕindiscipline, dans ses rangs ou pas. LÕorganisation sanctionne
à la moindre ÒerreurÓ de comportement de son public et de
ses membres.
Le fait quÕil nÕexiste pas de federations
dÕétudiants à lÕuniversité, ni de
délégués dÕélèves, dans aucun des
établissements éducatifs de lÕÎuvre le montre bien.
On discourage, voire interdit aux étudiants de sÕorganiser pour
défendre leurs droits, le principal étant quÕils suivent
sagement les cours, sans cultiver leur esprit dÕopposition. Tout est
fait, en effet, pour que ces établissements soient parfaitement
organises, de telle maniere quÕil nÕy ait rien à redire
sur leurs activités. Mais lÕOpus Dei interdit purement et
simplement le regroupement dÕétudiants dans un groupe
universitaire qui aurait pour but dÕaméliorer la vie sur le
campus. Il existe toutefois quelques clubs de loisirs, parmi lesquels le club
de trekking, dÕastronomie, ou encore de photo, dont le seul but est
dÕorganiser des activités récréatives.
C'est pourquoi aucune défense n'a été
organisée au sein de l'université lors de l'exclusion d'une
éléve, Soledad Arze-Varas, en 1992. Celle-ci est en effet
tombée enceinte alors qu'elle faisait une licence d'infirmerie.
Non-mariée et ne voulant pas se fiancer, elle fut suspendue de ses
études, «pour le temps que sa condition attenterait aux postulats
de la morale chrétienne et de la foi catholique».
L'étudiante a par la suite attaqué l'université en justice
et obtenu sa réintégration aux cours, la décision de
justice
118
affirmant que ses droits fondamentaux avaient été
violés .
Dans ce cas, une grossesse en dehors du mariage correspond en
effet à une violation de toutes les valeurs de l'Îuvre.
Encore plus polémique est l'histoire d'Eduardo Hidalgo,
ancien éléve de l'université Los Andes, étudiant de
philosophie, une histoire cachée par l'université, et par toutes
les autorités de l'Opus Dei, tout comme par la majorité des
medias chiliens.
Msg Escriva avait écrit «traite ton corps
charitablement, mais pas avec plus de
119
charité que celle que tu n'en aurais avec un ennemi
déloyal . C'est un précepte que tous les membres de l'Îuvre
doivent appliquer, quand leur corps leur fait défaut, comme ils doivent
supporter la douleur comme un don envoyé par Dieu. Mais cela
s'applique-t-il aux non membres ?
Eduardo Hidalgo a effectivement été
blessé en décembre 2008, durant un travail de
bénévolat qu'il effectuait avec des numéraires à
Coñaripe, dans la région du Maule, au Sud du Chili120.
C'était un de ces séjours d'été caritatifs, ou les
jeunes, quasiment tous des numéraires, et quelques «amis»
invités par eux, exécutent des tâches sociales. Eduardo
Hidalgo était donc un potentiel futur numéraire, il avait suivi
plusieurs cercles de réflexion et avait même participé
à un retrait spirituel prés de Santiago. De religion catholique,
de famille pratiquante, il était trés intéressé par
les activités de l'Îuvre à l`université et voulait
s'en rapprocher.
Il a changé ses plans d'avenir maintenant qu'il a
porté plainte contre l'université pour «dommages graves et
action négligente des autorités». En effet, Eduardo Hidalgo
est tombé de quatre metres de haut alors qu'il réparait le
to»t d'une maison, ce qui a provoqué une lésion à la
jambe droite, la perte de 20% de son audition et surtout une lésion
à la colonne vertébrale, qui aurait nécessité une
opération le plus tTMt possible.
118
www.esacademic.com
119 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime n°226
120 SCHONHERR, T--mas, Chileliberal, Ç Lo que
esconde la Universidad de Los Andes È, 23 novembre 2009.
Au lieu d'emmener Eduardo à l'hôpital le plus
proche, le prêtre Pablo Joannon, aumônier de l'université
Los Andes et prêtre de l'Opus Dei, le photographiait alors que ses jambes
tremblaient convulsivement sur le sol, et les numéraires riaient de la
scène, selon le témoignage d'Eduardo Hidalgo. «Par la suite,
ils m'ont photographié à l'hôpital de Coñaripe et
chaque jour ensuite en différentes occasions. Quel était le sens
de tout ca ?» ajoute-t-il. De plus, les responsables du camp de vacances
ne le laissèrent pas retourner à Santiago, pour profiter d'une
aide médicale spécialisée, et firent pression sur lui pour
qu'il accepte de rester, en particulier en répétant au groupe de
jeunes que l'accident n'était pas si grave. Le coordinateur des travaux
sociaux Mauricio Figueroa ne préviendra d'ailleurs jamais la direction
de l'université, et ce fut l'élève lui-même qui en
informa le recteur.
Pendant plus d'une semaine, Eduardo devait donc se
déplacer avec le groupe, alors que les numéraires devaient le
porter pour le placer dans sa chaise roulante ou dans son sac de couchage, et
l'emmenaient pour toutes les activités qu'ils faisaient, travaux
sociaux, méditations ou repas, pensant peut-être que ca le
distraierait de ses douleurs. Quand enfin ils rentrèrent à
Santiago, selon le témoignage d'Eduardo «ils me laissèrent
deux heures sur le parking de l'université, seul, sans même me
donner un antidouleur, car selon les autorités, depuis le début,
c'était Dieu qui me l'envoyait et que je devais l'accepter et le
supporter». Mauricio Figueroa suspendit plus tard le traitement d'Eduardo,
juste avant son opération de la colonne vertébrale.
L'étudiant demande maintenant réparation pour «l'atteinte
psychologique, morale et physique». «En plus d'avoir de bonnes notes,
et d'avoir à une occasion majoré dans sa promotion, Eduardo
faisait du VTT et sa vie a, sans aucun doute, radicalement changé»,
commente son avocat Estanislas Dufey.
Cette histoire ne fut jamais publiée dans les medias
chiliens, alors que l'agence d'informations Orbe a travaillé dessus par
le biais de T--mas Ignacio Schnherr. Evidemment, cette affaire n'est jamais
sortie à la lumière du jour car les moyens de communication les
plus important au Chili ne sont pas disposés à perdre un de leurs
plus gros clients, l'université Los Andes, qui génère des
millions de pesos en contrats et accords d'intérêt. Tout a donc
été fait pour que les medias ne s'emparent pas de l'histoire,
surtout en période d'inscriptions à l'université, selon le
journaliste chargé de l'affaire.
La bourse attribuée à Eduardo Hidalgo à
l'université a été suspendue de
manière indéfinie, sans raisons, et l'étudiant a perdu
l'opportunité de profiter d'une bourse pour
étudier un an en France, et sa famille a beaucoup de mal
à payer les coüteux traitements dont il a besoin.
Deux ans aprés les faits, on commence à parler de
l'affaire dans différents journaux
122
chiliens, dont Mercurio 121
le et la Tercera , ce qui montre que le pouvoir de
l'Opus Dei
n'est pas sans limites.
Le message est clair, chacun doit respecter les valeurs de
l'organisation, même dans sa dimension la plus extreme et peu de place
est laissée au libre-arbitre. Chacun doit faire ce qu'on lui ordonne,
par le biais des préceptes de Msg Escriva de Balaguer. Un rebelle
devient un ennemi de l'institution, ce qui justifie une campagne
immédiate de diffamation. C'est ce qui est arrivé à
Eduardo Hidalgo et à sa famille, qu'on accuse d'avoir inventé
toute l'histoire pour soutirer de l'argent à l'université. Jadis
proche de rejoindre l'Opus Dei, Eduardo dénonce aujourd'hui «un
mensonge officiel», relayé par les plus hautes autorités de
l'université, dont le directeur des études, Jaime Arrancib'a, qui
est allé jusqu'à intervenir plusieurs fois sur la cha»ne de
télévision Chilevision, démentant la version des faits de
l'étudiant.
121 El Mercurio, Ç Por accidente, ex alumno
demanda a su Universidad», 12 novembre 2009
122 La Tercera, Ç Ex estudiante
presenta millonaria demanda contra universidad por accidente», 11 novembre
2009
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