Section II - Un guide à travers tous les %oges de la
vie
LÕOpus dei est une organisation tentaculaire. Bien plus
quÕune institution de lÕEglise catholique, cÕest un
organisme appelé à attirer toujours plus de fidèles, car
il cherche à guider le maximum de personnes, tout au long de leur vie.
QuÕelles soient ou non membres de lÕÎuvre, elles sont
encadrées par des valeurs qui sont propres à lÕOpus Dei.
CÕest une manière de faire, une marque de fabrique, pourrait-on
dire, de laquelle lÕÎuvre signe son action chez les enfants comme
chez les adultes.
§ I - Les activites et clubs pour enfants
Les enfants et adolescents sont évidemment le public
favori de lÕorganisation. Plus facilement influengables, sensibles au
comportement des adultes qui les entourent et pour qui ils ont du respect, ils
sont prioritaires pour lÕOpus Dei.
Les clubs pour enfants sont des lieux
privilégiés de conditionnement progressif, et même si les
jeunes ne finissent pas toujours par demander leur integration, les valeurs
quÕon leur enseigne laissent souvent des traces jusque dans
lÕ%oge adulte.
Comme nous lÕavons dit plus haut,
lÕintégration nÕest pas forcément le but
recherché. Il est très profitable à lÕOpus Dei
dÕavoir un groupe de sympathisants, autant dans les quartiers riches que
pauvres, et repartis dans le pays, qui prennent la defense de
lÕorganisation sans en faire partie. En effet, lÕÎuvre
regoit beaucoup dÕattaques. Ne pas même avoir à y repondre
quand dÕautres sÕen chargent est très appreciable, et plus
lÕOpus Dei forme de jeunes selon ses idées, moins
lÕinstitution catholique aura à subir de critiques.
CÕest pourquoi lÕaccent est mis sur
lÕapostolat dans ces clubs de jeunesse, particulièrement dans les
écoles privées evidemment, mais pas seulement. Dans les quartiers
riches de Santiago, les membres de lÕOpus Dei font fréquemment du
porte à porte pour inviter les enfants des bonnes familles à
assister à des cours de musique, de sport, etc. Les arguments sont
toujours les mêmes : les enfants sÕamuseront bien plus
le mercredi après-midi entourés de trente autres
camarades qu'entre frères et sÏurs. Les parents pourront
tranquillement se reposer ou vaquer à d'autres occupations. Les
activités sont ludiques, très diverses, et encouragent la
mémoire, la dextérité et l'intelligence. Ces séries
d'arguments amènent souvent les parents à visiter le club, et
à assister à quelques activités.
D'autres fois, ce sont les enfants eux-mêmes qui
recoivent l'invitation de la part d'amis de leur quartier ou de leur
école, de la mère ou du père de tel ami, etc. De toutes
ces activités, aucune ne mélange les garcons et les filles.
La plupart du temps, les membres de l'Opus Dei ne diront pas
que le club appartient à l'organisation, et dans les faits, il ne leur
appartient pas. Tous ces clubs sont des Ïuvres corporatives de l'Opus Dei.
Cela veut dire qu'ils sont crées par des fidèles de
l'organisation, parfois avec d'autres personnes, mais sont garantis moralement
par la prélature de l'Opus Dei. Cela ne veut pas dire que le club soit
officiellement catholique. Ce sont donc des associations
séculières et la ·ques, mais dont la formation
chrétienne et l'attention pastorale est de la responsabilité de
l'Îuvre, selon le désir de ses fondateurs. L'accord du club avec
la prélature de l'Opus Dei ne modifie en rien sa nature civile, c'est
à dire que la responsabilité pleine de sa gestion et de sa
direction incombe à ses créateurs, personnes ou entités
civiles.
Gr%oce à cet état des choses, non seulement
l'Opus Dei para»t ne rien posséder en propre, et s'applique
à démentir sa réputation d'organisation riche et
possédante, mais surtout les clubs peuvent porter un nom totalement
abstrait, et masquer ainsi leur véritable appartenance. Au Chili, ces
clubs portent souvent des noms qui rappellent la nature, comme Ç
Aillahue È (réunion des chefs indiens), Ç Vidalai È
(un mot du Mapudungun, le langage Mapuche), ou Ç Tajamares È (qui
désigne les piliers d'un pont). Quand des membres de l'Opus Dei entrent
en contact avec les parents, ils ne soulignent pas, en général,
que l'Îuvre prend en charge l'éducation spirituelle des enfants,
et c'est donc dans l'anonymat le plus complet que l'organisation entame son
travail d'apostolat.
En effet, le premier contact ravit en général le
nouvel arrivant. Il ressent la sensation d'entrer dans un monde absolument
merveilleux, plein de gens sympathiques et attentionnés, souriants et
heureux. Le club a alors des apparences d'»le de bonheur au milieu de la
tempête, ou règne l'amour et la fraternité la plus
sincère.
Les anciens du club ou de l'association déploient une
amabilité pseudo familière, et le nouveau venu est entouré
de toutes les attentions. Cela vaut pour l'enfant, mais aussi pour le parent
qui l'accompagne et vient le chercher, accueilli comme un prince
par le personnel de l'association, qui le reconna»t
immédiatement, se rappelle de son nom et sait exactement lequel des
enfants est le sien. Il aura également un mot gentil a propos de
l'enfant, que ce soit pour apprécier sa vivacité d'esprit, sa
sagesse ou son habileté a tel ou tel jeu. Pendant les premières
semaines qui suivent l'entrée de l'enfant dans le club, ses parents et
lui-même seront le centre de toute l'attention.
Rapidement, un lien émotionnel s'établira entre
l'enfant et le reste de son groupe, non seulement avec ses camarades, mais
aussi avec le personnel adulte de l'association, qui prend toujours un soin
particulier a désigner un des adultes, toujours celui avec lequel
l'enfant s'est senti le plus a l'aise instinctivement, comme conseiller
personnel. L'adulte devient ainsi un confident, et petit a petit, un guide.
En effet, au lieu de donner l'exemple et de laisser les gens
s'intéresser seuls a l'institution catholique, les membres de l'Opus Dei
prennent les choses en main: on leur apprend différentes techniques de
psycho manipulation pour amener un maximum de personnes a découvrir leur
vocation a entrer dans l'organisation. Cela commence dès l'enfance, et
les jeunes exposés a ces enseignements finissent souvent par adopter la
spiritualité de l'Opus Dei, parfois sans intégrer l'Ïuvre,
mais en appliquant ces principes et valeurs80.
Dans ces clubs, les enfants ont toujours le choix d'assister
ou pas a des petites conférences hebdomadaires. En général
cependant, le mouvement de groupe fait que tous choisissent d'y assister,
puisque rien n'est prévu dans le déroulement de la journée
pour remplacer ce moment de réflexion spirituelle. La conférence
est faite par un prêtre, et porte sur une valeur humaine, et
chrétienne. Pour les plus petits, elle ne dépasse pas 15 minutes,
pour ne pas ennuyer les enfants, et le prêtre fait jouer l'interaction, a
l'aide de questions, ou de mini débats, selon leur âge. Parfois,
les conférences sont données sous forme de pièce de
théâtre, pour mieux retenir l'attention des enfants. En assistant
a une de ces conférences, avec des fillettes de 8 ans approximativement,
on se retrouve soi-même tenté d'acquiescer a tout ce que dit le
prêtre, grâce au ton employé, a la vivacité de ses
propos, et a son sourire d'encouragement chaque fois qu'un des enfants
s'exprime.
Ce sont bel et bien des professionnels qui prennent en main
les enfants dès la porte du club, et qui leur relaient leurs valeurs,
par le biais d'activités toujours ludiques. Tous les enfants, même
totalement étrangers a l'Îuvre ressortent enchantés de
leurs activités du mercredi après -midi.
80 DEVOS, Bruno, Ç La face cachée de l'Opus Dei :
documents secrets, des vérités qui dérangent È,
Presses de France, 2009, p 102.
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