§ II - Un encadrement personnalisé de la
personne
Entourer l'éléve, l'encadrer dans sa progression
dans la vie, telle est la mission que se donne l'Opus Dei, dans toutes ses
institutions éducatives. Une des qualités majeures de ces
établissements, en général reconnue par tous, est sa
maniére d'intégrer chaque éléve à un Tout,
et de lui faire sentir qu'il n'est pas seul, qu'on sait qui il est etce dontila
besoin.
Pour l'université, par exemple, Msg Escriva de Balaguer
a élaboré sa propre théorie81, concernant les
devoirs sociaux et civiques du citoyen, qui se forment durant les
études. A l'université donc, les étudiants doivent
apprendre, gr%oce à l'encadrement personnalisé des professeurs et
de tout le personnel de l'établissement, l'art de savoir vivre en
communauté. Les devoirs du citoyen, en effet, commencent, selon San
Josemar'a, par la promotion d'un échange social confiant entre les
éléves et les professeurs, et entre les éléves
entre eux. Il n'y a pas de communauté si les gens ne peuvent pas se
parler, par manque de confiance, ou par différence de centres
d'intérêt. Or, toujours selon le fondateur, la fonction
traditionnelle de l'université est de transmettre la culture, en donnant
une base commune aux étudiants, une structure mentale qui encadre leurs
connaissances, et leur permet d'utiliser les mêmes ressorts
intellectuels.
Tous les adultes présents, que ce soit à
l'université ou dans les colleges, les clubs, doivent donc agir dans le
même but: donner aux enfants et aux adolescents une même confiance
en soi, et une confiance mutuelle entre l'éléve et le professeur,
confiance qui sera la plus achevée à l'université car les
éléves sont plus %ogés. La condition nécessaire
à cette confiance est le respect mutuel, qui permet l'échange
d'idées, sans pour autant que les professeurs et éducateurs
acceptent des idées erronées, qui feraient dispara»tre la
vérité.
Selon Msg Escriva, les professeurs ne doivent pas rejeter en
bloc un étudiant qui a une attitude erronée, car ca ne le fera
pas changer de comportement. Ils doivent se montrer ouverts et accueillants, et
croire à la capacité de changement de l'éleve.
L'université doit également être un espace
de solidarité et d'amitié. Cette affirmation du fondateur peut
également s'appliquer à tous les établissements
éducatifs de l'Opus Dei: en effet, souvent des amitiés
trés fortes se nouent à l'école, à
l'université, et également dans les clubs de jeunesse, entre les
éléves mais aussi entre
81 IBANEZ-MARTIN, José Antonio, ouvrage
précité, p 28
les élèves et les professeurs. C'est du moins ce
que l'Ïuvre encourage, car ces échanges permettent toujours plus
aux membres de l'Opus Dei d`imposer à leurs élèves leur
manière de penser. Les professeurs collaborent en effet de
manière permanente à l'é ducation, faisant des recherches
sur les problèmes spécifiques de la communauté, et
cherchant à perfectionner leur savoir constamment. Leur devoir est
d'aider à la découverte de sens de l'existence humaine.
Dans ces établissements éducatifs, en
général, l'équipe pédagogique doit former les
étudiants à une mentalité de service: le service à
la communauté, promouvant le bien commun, et la fraternité
chrétienne, car rien n'est plus triste que de former des hommes qui
profiteront égo ·stement de leur culture.
Par ailleurs, l'école en général,
à tous les âges de la personne, doit être école de la
responsabilité. C'est à l'école qu'on découvre les
exigences des devoirs de la vie. L'universitaire, par exemple, doit donc
répondre de ses actes, et doit être conscient de son devoir
d'obtenir de bons résultats à l'université, pour ensuite
pouvoir justifier d'une bonne préparation professionnelle. Les
professeurs, par exemple, ne peuvent en aucun cas, selon la conception de
l'Opus Dei, partir donner des conférences dans d'autres
universités en abandonnant des cours prévus avec leurs
élèves.
Selon Msg Escriva, le Christ s'étant donné pour
chacun de nous, chacun doit se sentir personnellement concerné par la
tâche de sa propre sainteté, et de la construction du Monde,
qu'ils ont recu comme héritiers de Dieu. C'est pourquoi les professeurs
et éducateurs se sentent tant responsables de l'éducation des
générations futures. Effectivement, la formation des
élèves leur importe, non seulement car ils se préoccupent
sincèrement de leur futur, mais également car, en leur procurant
une bonne éducation, ils travaillent à leur sainteté, et
offrent leur travail apostolique à Dieu. Ce devoir qu'ils s'imposent
implique pour les éducateurs, en général, une grande
responsabilité. Ils doivent par exemple être extrêmement
ponctuels concernant les horaires des classes, tout comme pour les devoirs
rendus en temps et en heure; le but étant de former des gens
responsables, en les encadrant avec soin.
Pour que les enfants se sentent entourés, une des
principales exigences de tous les collèges reliés à l'Opus
Dei, est que les professeurs connaissent le nom de tous leurs
élèves. Selon le témoignage de Caren Hidalgo82,
17 ans, élève à Almendral, effectivement, tous les
professeurs, membres de l'Opus Dei ou non, connaissent son nom, et la traitent
avec familiarité. Elle nous dit que, arrivée à 7 ans
à Almendral, alors
82 Voir annexe n° 11
qu'elle était avant scolarisée dans une
école publique du secteur, elle a constaté une grande
différence de traitement entre les deux établissements. <<A
Pablo Neruda (son ancienne école), je pense que j'étais une
éléve parmi les autres, et trés souvent, même
à la fin de l'année, les professeurs ne nous reconnaissaient
toujours pas. Ici, ils s'inquiétent pour nous quand on a l'air triste
È.
Oveda 83
Sa camarade, Valérie , 17 ans, est entrée à
Almendral des le début de
sa scolarité. Elle ajoute que, à Almendral,
comme dans toutes les écoles reliées à la
prélature, les professeurs viennent en uniforme. Elle dit trouver ca
beaucoup plus juste, étant donné que les éléves,
eux, sont toujours obligés de se plier à la régle de
l'uniforme, dans les écoles publiques comme dans les privées.
Elle ajoute <<La professeure déléguée de notre
classe est avec nous depuis nos 6 ans, elle nous conna»t trés bien,
c'est une amie È. Elle parle des professeurs
délégués, institution dans tous les établissements
de l'Opus Dei. Ces professeurs sont sensés améliorer encore la
prise en charge de l'éléve, puisqu'ils servent d'interface entre
les parents, les éléves et les autres professeurs.
Ces mécanismes laissent en général une
empreinte favorable chez les anciens éléves de ces structures
éducatives, qui n'optent pas pour l'intégration à la
prélature. Autant Damian Bettancourt que Katixa Gallego nous ont tous
les deux confirmé, durant les entretiens, qu'ils ne regrettaient
absolument pas d'avoir fréquenté ces établissements, et
qu'ils les trouvaient d'un niveau supérieur aux autres, autant pour
l'encadrement des enfants que pour les relations de confiance qui s'installent
entre les différents acteurs.
Mais l'encadrement de la personne englobe aussi une dimension
beaucoup plus préoccupante: la volonté de la prélature de
protéger les éléves de la culture jugée dangereuse
pour eux. Les professeurs se méfient des films, des peintures, des
livres, enfin de tout ce qui pourrait heurter les valeurs enseignées
dans ces établissements.
Selon José Miguel Ibañez, professeur à
l'université Los Andes, il faut attendre d'avoir atteint une carapace
naturelle, et les armes nécessaires pour affronter certains ouvrages.
Pour lui, tout doit être lu, mais au bon moment, et il y a un processus
de maturité à acquérir avant de se <<jeter au feu
È. Il affirme lui, avoir lu des Ïuvres de Nietzsche dans sa
jeunesse, sans avertissement préalable, et déclare <<Il fut
si difficile de sortir Nietzsche de ma peau, et de pouvoir
l'analyser84 È. C'est donc le directeur spirituel, ou le
professeur conseiller de chaque éléve qui doit lui dire à
quel moment il
83 Voir annexe n° 11
84 SAID, Marcela, documentaire précité
peut lire tel ou tel ouvrage, pour sa propre sécuri
té, selon les principes de San Josemar'a. Le Père fondateur
expliquait, sous forme de petite histoire, comment il avait compris la
nécessité de la censure partielle des livres: Ç
Imaginez-vous face à une multitude de petits flacons, que vous voulez
tous essayer. Mais l'un d'eux contient du poison. Seul un connaisseur peut
trier pour vous 85
les È. Il n'y a donc pas de livres
interdits, mais des livres déconseillés pour
telle ou telle personne à tel moment de sa vie. Quand ensuite on arrive
à un niveau de culture suffisant, on peut tout lire.
Il est cela dit certain que les élèves sont
à ce point entourés qu'ils ne peuvent lire les ouvrages ou
visionner les films qu'ils souhaiteraient. Qu'ils soient membres ou non de
l'Opus Dei, les élèves des établissements éducatifs
de la prélature sont surveillés, et les valeurs que l'institution
véhicule, défendues par tous les moyens.
|