Section III - Le paternalisme de l'organisation
L'Opus Dei, on ne peut le nier, a une action
bénéfique sur la partie défavorisée de la
population, animé, peut être, d'un esprit de charité, mais
également, d'un comportement paternaliste, venu d'une vision
hiérarchique de la société que tous les membres de
l'Ïuvre ont intériorisé, de manière consciente ou
non. Il serait illusoire de croire que dans l'organisation il n'existe pas de
hiérarchie, alors que, du moins au Chili, les différentes
catégories sociales se retrouvent dans les différents groupes de
l'organisation : prêtres, surnuméraires, et numéraires d'un
côté, auxiliaires de l'autre.
57 Voir annexe n°1
58 Voir annexe n° 2
59 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage précité,
maxime n°484
60 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage précité,
maxime n°335
61 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime n°661
66 Voir annexe n° 10
67 Voir annexe n° 2
68
69 NORMAND, François, article
précité
Ç La garde blanche du Vatican È,
Le Monde Diplomatique, Septembre 1995
§ I - Les structures de parrainage des enfants
Evidemment, l'Opus Dei part d'un constat logique:
l'éducation des enfants à Nocedal et à Almendral
coüte cher. L'infrastructure est neuve et trés bien
équipée, que ce soit en ordinateurs ou en matériel pour
les différents cursus (électronique ou infirmerie), on fournit
aux éléves le petit déjeuner et le repas du midi, et les
professeurs font beaucoup plus d'heures que dans des écoles publiques,
car ils doivent être disponibles pour les enfants et les parents. Or,
malgré leur accord total avec la mission de la fondation Nocedal
d'éduquer les quartiers pauvres, il faut quand même les payer.
C'est pourquoi la fondation a, des le départ, mis en place un programme
de parrainage, par le biais de l'association d'amis de Nocedal. Les parrains
vivent tous en dehors de la commune de la Pintana, et trés souvent dans
les quartiers riches du Nord de la ville, Lo Barnachea, Las Condes ou
Vitacura.
Ce ne sont pas toujours des membres de l'Opus Dei, mais
beaucoup sont surnuméraires. Les autres sont des coopérateurs,
qui ne font pas partie de l'institution mais se joignent aux fidéles
dans ce projet éducatif. En général, il sont tous
catholiques, et ont pour but, charitable, d'aider à éduquer les
plus démunis.
Ainsi sur le site internet de la fondation Nocedal, un lien
direct permet de parrainer un enfant, ou de faire un don ponctuel à la
fondation. Le parrainage est fait pour installer un lien durable entre un
enfant et un parrain. Mais le parrain donne son argent à la fondation,
qui le redistribue à toute l'école, pas seulement à
l'éléve en question. Tout est mis en commun, et il n'y a pas de
favoritisme. Par contre, les enfants connaissent les parrains, du moins en
théorie, puisqu'ils les rencontrent aux kermesses, ou aux spectacles de
fin d'année organisés par les écoles.
A ces événements, les parrains sont
eux-mêmes encouragés à amener des amis, qui seraient
susceptibles de parrainer eux aussi, pour leur faire conna»tre les
écoles, les professeurs, et surtout les éléves, qui
montrent durant ces activités leurs plus belles performances.
Une fois par an est également organisé un
événement majeur pour la fondation Nocedal: la sanguchada. C'est
une soirée, à laquelle assistent le personnel de direction des
écoles, les membres de l'association d'amis, et les coopérateurs,
appelée ainsi car le menu gastronomique est uniquement composé de
sandwichs, pour optimiser les marges que réalise la fondation pour cette
soirée. Les places sont vendues 5 000 pesos (environ 7,5 euros) et elles
sont limitées à 120, pour permettre aux gens de se parler et de
se conna»tre, puisque le but est que ceux qui ne
connaissent pas encore la fondation et ses actions,
amenés par des coopérateurs, se laissent convaincre et entrent
dans ce système.
Les sanguchadas sont toujours un succès, car elles
entra»nent en général beaucoup de nouveaux dons. A la
sanguchada du 23 avril 2010, 120 personnes étaient présentes mais
pas un seul élève des écoles de la fondation, et seulement
quelques professeurs. Durant la soirée, les organisateurs ont
projeté divers films, celui de la kermesse, celui du spectacle de fin
d'année, mais aussi un film réalisé pendant la
construction de Nocedal, à l'arrivée dans la commune de La
Pintana, qui avait alors des apparences de bidonville. Des panneaux de photos
montrent l'état des lieux maintenant, les bâtiments neufs et
pimpants, les salles informatique, la salle d'électronique, la cantine,
avec au milieu de tout ca des portraits d'enfants souriant de toutes leurs
dents. Difficile de ne pas être convaincu de l'action de Nocedal.
Le personnel de direction des écoles s'emploie à
plein temps à parler aux inconnus, leur vantant les mérites de
leur établissement. Indéniablement, la méthode
fonctionne.
La fondation utilise également d'autres moyens pour
récolter de l'argent pour les écoles. La communication passe par
un magazine mensuel homonyme, qui expose les projets réalisés,
les résultats obtenus et les projets ou événements futurs,
avec force photos et témoignages positifs. Par ce biais
également, Nocedal fait de la communication sur les activités
qu'elle organise pour récolter des fonds. A la fin de l'année
2010 par exemple, est prévue une course de karting, à Lo
Barnachea, un des quartiers les plus riches, à l'opposé de La
Pintana sur la carte de Santiago. Cette course, à laquelle participe une
majorité de coopérateurs, est payante, et les
bénéfices en sont reversés à la fondation.
Même principe pour les courses à pied
organisées tous les ans depuis 2007. Elles ont également lieu
à Lo Barnachea, et coütent 4 000 pesos. Tous les
bénéfices sont encore une fois reversés à
Nocedal.
Alors que les parrains sont tous des gens étrangers au
quartier, dans les écoles de la fondation, les femmes de ménage
sont quasiment toujours des parents d'élève, coopératrices
de l'Îuvre. Les enfants doivent tout à l'Opus Dei, et le
reconnaissent. Ce sont finalement les riches qui paient une certaine
éducation aux pauvres, selon les normes et les valeurs qu'ils pensent
les bonnes.
A Fontanar, le but est semblable, bien que le système
soit différent. En effet, pas de parrainage ici, mais ce sont souvent
les familles surnuméraires elles-mêmes qui paient des cours de
spécialisation à leurs employées domestiques. Les
mercredis par
exemple, les Çnanas È inscrites recoivent un
cours du soir d'une heure. Pendant une demi heure, on leur donne une formation
spirituelle, et celles qui veulent recevoir les sacrements peuvent s'y
préparer, et le prêtre en charge peut les leur administrer. Dans
la deuxiéme moitié du cours, on leur enseigne des points
précis du soin domestique: repassage, ménage, voire gestion des
provisions. Le jeudi, le cours est spécialisé dans la cuisine.
Ces employées, qui bien souvent n'ont fait aucune études, sont en
grande majorité très volontaires, et veulent étudier, et
apprendre des choses. Seulement, ces cours les cantonnent à ce qu'elles
ont fait toute leur vie, en ajoutant des valeurs et des principes moraux
proprement catholiques qui ne sont pas obligatoirement les leurs, dans l'unique
but de rentrer dans le moule et d'être de parfaites employées pour
les membres de l'Opus Dei.
Dans le documentaire de Marcela Sa ·d, une des scenes
les plus polémiques est l'interview d'une de ces Çnanas È
en présence de la surnuméraire qui l'emploie. La Ç nana
È raconte que, ayant commencé à travailler dans cette
famille à 18 ans, juste aprés sa sortie de l'école, elle
avait envie de continuer à étudier. Mais, comme les enfants de la
maison étaient petits, la ma»tresse de maison, Carolina
Errázuriz, lui dit que dans quelques temps, elle pourrait reprendre les
études, quand elle aurait moins besoin d'aide pour les élever. Il
lui a donc fallu attendre, puis, quand Fontanar a mis en place ces cours de
spécialisation du mercredi, elle a pu commencer à y assister.
ÇEn plus d'apprendre à faire toutes ces bonnes choses, g%oteaux
etc, j'ai appris l'amour du travail bien fait, l'amour des autres, et l'amour
de Dieu. A faire les choses bien, et avec tendresse, pour les
autres62 È.
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