§ II - Inculquer les valeurs de l'Opus Dei
Il faut bien se rendre compte, des quÕon pense à
Fontanar, à Nocedal ou à Almendral, que le type de public qui
fréquente ces établissements nÕest absolument pas le
même que celui des établissements scolaires des quartiers
favorisés, les colleges SEDUC, les clubs, lÕUniversité Los
Andes. Ici, les parents des élèves ont en general vécu une
existence totalement différente, et les enfants qui fréquentent
les établissements de lÕOpus Dei, du haut de leurs huit ans, sont
plus cultivés que leurs parents, souvent incapables de lire ou de
compter correctement, dÕutiliser un ordinateur, ou de citer les grandes
dates de lÕHistoire du Chili.
Il faut en effet prendre en compte que la generalisation de
lÕéducation secondaire est récente au Chili, et que seule
une petite minorité des jeunes continuent leurs etudes à
lÕuniversité, à cause du coat très important de
telles etudes. La plupart, comme dans le reste de lÕAmérique
Latine, commence à travailler très tTMt, et recommence à
étudier plus tard, si leur situation économique le leur permet.
Les situations familiales qui incluent des pères en prison, des meres
célibataires ou des enfants élevés par les grands-parents
sont legion, et les familles bien constituées au sens que
lÕentend lÕOpus
Dei sont trés rares. Pourtant, tout le personnel de ces
établissements insiste systématiquement sur le respect dü
aux parents, qu'on soit professeur, directeur ou enfant. Mais c'est aussi
gr%oce à ces situations familiales peu sécurisantes que beaucoup
d'éléves se tournent vers l'Îuvre, dans laquelle ils
trouvent une organisation et une rigidité qui leur manquait, et qui les
fait se sentir plus en sécurité.
Dans ces quartiers difficiles en effet, la fondation Nocedal
croit que l'apprentissage du respect, de la responsabilité, de la
ponctualité, et du travail bien fait est indispensable, et qu'en ayant
acquis ces valeurs, les éléves pourront étudier seuls ce
qu'ils désirent.
Les carriéres de Fontanar, d'autre part, donnent une
opportunité aux jeunes filles qui ne trouvent pas le cursus de
gastronomie qui leur convient dans d'autres écoles, autant à
cause du coüt de ces filiéres, que par l'absence de formation
humaine qu'elles ont à Fontanar.
En effet, pour les auxiliaires, ces femmes provenant des
milieux les plus défavorisés, qui dévouent leur vie au
service des autres membres de l'Opus Dei, et s'engagent au célibat,
à la pauvreté et à l'obéissance, le service
domestique est un accomplissement. Elles se sentent appelées par Dieu
à suivre cette voie de don aux autres.
Comme les autres numéraires, elles vivent dans les
maisons de l'Îuvre, recoivent un salaire mensuel et contribuent au
soutien du travail apostolique avec cet argent.
Elena Muñoz, numéraire auxiliaire de 25 ans,
technicienne en gastronomie, raconte qu'elle est venue étudier la
première fois durant deux semaines à Portezuelo, un lycée
technique de l'Opus Dei à Valdivia, dans le Sud du Chili, venu faire sa
promotion dans son école. Séduite, elle a par la suite
continué ses études à Fontanar, et un an et demi
aprés le début de son cursus, elle demanda l'admission come
numéraire auxiliaire, à 19ans. Ç Mes parents sont des gens
catholiques et trés respectueux. Parfois ils ont du mal à
comprendre le don total qu'implique ce chemin, mais ils savent que je suis
heureuse dans mon travail d'auxiliaire. Tout se résume en une phrase:
c'est servir par amour pour les gens. Ma récompense est que les
personnes que je sers soient heureuses, qu'elles mangent bien, que le
ménage soit bien fait. C'est ca qui me rend heureuse56
È.
56 Voir annexe n° 7
A Fontanar, en plus de la responsabilité et de la
discipline, on met
l'accent sur des valeurs comme la joie, le respect pour les
autres, la générosité, et bien sür la
serviabilité.
Un point essentiel des valeurs de l'Opus Dei repose sur la
séparation des sexes, le plus longtemps possible dans l'éducation
des enfants, et adolescents. En effet, dans les colleges, ceux de la fondation
Nocedal comme ceux qui appartiennent à la SEDUC, l'Opus Dei recherche
une formation intégrale de la personne, qui implique notamment de
permettre aux filles de développer la part de féminité qui
leur correspond, selon les membres de l'Îuvre. Un des principaux
arguments de la directrice de l'Almendral est que les éléves
suivent notamment à partir de 13 ans une classe d' Ç
éducation de caractére et d'affectivité È,
l'équivalent d'une classe d'éducation sexuelle, avec un
intitulé plus pudique pour ne pas choquer. On enseigne aux enfants
comment le corps change, comment être une bonne personne, on leur parle
des drogues, ou encore des tribus urbaines, qui sont un véritable
phénomène au Chili, chez les jeunes de moins de 18 ans. Les prof
esseurs ont pour consigne de promouvoir la chasteté, et de
décourager l'usage du préservatif. De l'avis de tous les
professeurs, ce cours serait plus facile à donner en
présence d'un seul sexe. Selon Rosita Errázuriz, ce cours, et de
maniére plus large, la transmission des valeurs au sein de l'Almendral,
ont porté leurs fruits, puisque le taux de grossesse à
l'école est trés bas, d'environ 2%, alors qu'à San
Bernardo, dans certaines écoles, il atteint 25% pour des filles du
même %oge (jusqu'à 15 ans).
La séparation aiderait par ailleurs les
éléves à se concentrer sur leurs études, et
permettrait de leur inculquer un véritable projet de vie, le plus
rapproché de l'Opus Dei possible, bien entendu. Beaucoup de parents
disent d'ailleurs confier leurs filles aux écoles de l'Opus Dei par peur
des mauvais traitements, des intimidations qu'elles pourraient subir avec les
garcons. La directrice avoue cependant qu'elle a elle-même
fréquenté une école mixte, et n'a eu aucun probléme
à s'y épanouir. Elle reconna»t également qu'on y
apprend mieux à partager avec l'autre sexe. D'ailleurs, les
numéraires qui décident de sortir de l'organisation, et il y en a
beaucoup, se retrouvent totalement démunis dans leur relation avec le
sexe opposé. Katixa Gallego confie, elle, qu'une fois sortie de l'Opus
Dei, aprés cinq ans de vie dans un centre exclusivement féminin,
et en ayant, avant cela, fréquenté une école de la SEDUC,
elle a beaucoup peiné pour établir des relations stables
d'amitié ou d'amour avec des hommes, et
aujourd'hui, deux ans après sa sortie, elle est toujours
mal à l'aise en présence inconnus 57
d'hommes .
De même, il y a eu beaucoup de cas d'ex
numéraires de sexe masculin impliqués dans des affaires de
harcèlement sexuel, et de comportements pervers, selon Marcela
Sa ·d, qui a pu établir des contacts avec trois d'entre eux au
Chili. Effectivement, n'ayant jamais appris à se comporter avec les
femmes, ils sont désemparés quand ils doivent agir seuls dans le
vrai monde, sans que personne, et
58
surtout pas San Josemar'a, ne le ur dicte ce qu'ils doivent faire
.
Les valeurs qu'on trouve dans <<Le Chemin È,
telles que l'obéissance <<ton devoir est d'être un
instrument 59» le travail <<Une heure d'études,
pour un apostolat moderne, c'est une heure de prière60
È ou la joie <<Mine allongéeÉmanières
brusquesÉallure ridiculeÉaspect antipathiqueÉ est-ce ainsi
que tu encourager les autres à suivre le Christ ?61 È
sont sans cesse répétées, souvent dans les paroles de San
Josemar'a, à tel point que quand les élèves les
restituent, ils le font avec les mêmes exemples que ceux donnés
dans << Le chemin È, et sous la même forme.
L'Îuvre a donc établi tout un réseau
d'établissements éducatif destinés à une tranche de
la population qu'elle ne touchait pas avec ses collèges et ses clubs de
jeunesse, implantés dans les quartiers aisés. Le succès
qu'elle rencontre dans les quartiers plus populaires montre que ces valeurs
répondent à une demande du public.
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