2.5.3.) Avantages et inconvénients
Si on en croit une revue d?études, datant de janvier
1996, et plus précisément un article intitulé « Le
procédé de siglaison dans le français
contemporain40 », on constatait déjà à
l?époque que l?on prenait, petit à petit, l?habitude
d?abréger nos propos. L?article précise, à ce sujet que
c?est souvent par économie que l?on va utiliser des sigles. Il cite
d?ailleurs trois motivations principales :
« .l'économie
d'espace dans certains textes écrits~ la
lourdeur et la longueur de formation de noms de certains
établissements et institutions le besoin d'une communication
rapide et efficace entre experts ou individus appartenant au
même groupe socioprofessionnel.»
D?ailleurs, pour insister sur cette dernière
motivation, il est dit dans le texte que le fait de pouvoir parler un
même langage, d?employer le même vocabulaire, au sein d?une
collectivité, va permettre de créer un environnement
sécurisant pour l?individu.
38 Op. Cit. p.9
39 Catherine N. La siglophilie: de l'utilisation
extensive des sigles dans l'éducation nationale et dans le champ
médico-social, in NERVURE.1996.vol.9.n°8.pp.69-74.
40 Eva KELEMEN. Le procédé de
siglaison dans le français contemporain. Revue d'études
françaises. janvier 1996.pp.53-63.
12
Dans le cas contraire, cette forme de barrage linguistique va
exclure les personnes n?appartenant pas au groupe alors constitué,
idée qui rejoint celle de Rose-Marie MIQUEAU41, citée
précédemment.
Du point de vue du docteur Di COSTANZO, les sigles et les
acronymes permettent, le plus souvent, de favoriser un besoin de
rapidité, présent dans tous les secteurs professionnels.
D?ailleurs, elle écrit :«...le secteur
médical n'a pas échappé à cette logique du toujours
plus vite fait, pour toujours plus vite satisfaire, et toujours plus vite
rentabiliser...».
Pour sa part, Béatrice TURPIN ajoute que si les sigles
et les abréviations peuvent présenter des difficultés de
compréhension pour un natif, une personne originaire d?un pays
étranger en éprouvera sans doute davantage. Selon elle, le fait
de pouvoir maîtriser cette forme de langage confère à
l?utilisateur un statut qui lui permet d?être reconnu, et lui procure une
certaine forme d?autorité.
D?ailleurs, Claude PINAULT, auteur du livre 44 Le syndrome du
bocal », rejoint cette idée et écrit :
« Pourquoi faut-il que les professionnels utilisent
toujours un jargon incompréhensible devant le pékin ? Pour jouer
à plus pro que pro ? Rester maître de la situation ? Nous
éviter la peur ?
Ou ne pas faire attention à nous, les ignares. Marquer
la différence peut-itre... 42»
Prenons également le cas du docteur Jacques
CHATILLON43, à Genève, qui, dans une de ses
correspondances, nous fait part de son regret quant à l?utilisation
d?acronymes et d?abréviations parfois incompréhensibles. Il
poursuit en précisant que beaucoup semblent d?accord avec lui et qu?il
s?agit d?un problème croissant. Néanmoins, celui-ci
reconnaît qu?il est difficile de se passer de ce type de
rédaction.
Gérard PARMENTIER, quant à lui, s?oppose
à leur utilisation et affirme : 44 ...en matière de soins,
l'emploi de sigles peut faire gagner quelques secondes, mais se l'interdire
peut sauver des vies... leur usage est à bannir du point de vue des
risques 44». Il précise meme, qu?à l?origine
de ces erreurs de sigles, ce sont les médecins, suivis des
infirmier(e)s, qui arrivent en tête.
Enfin, pourquoi ne pas signaler ce témoignage d?une
élève infirmière de deuxième
année45 qui, à son arrivée en stage, et voulant
participer aux transmissions, s?est perdue dans les explications et n?a pas
compris un traitre mot de ce qui a été dit ?
Mame si elle reconnait la nécessité d?un langage
spécifique à la profession, elle n?en reste pas moins
déçue par le fait que certains termes lui sont
dénués de toute signification. Ce qui, par la suite, l?a
obligée à effectuer des recherches complémentaires, ou
à se renseigner auprès de l?équipe de soins.
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