4. Autres perspectives
Vu la complexité du phénomène et son
interaction avec plusieurs facteurs sociaux, économiques et
environnementaux, l'identification des stratégies efficaces de gestion
de l'absentéisme n'est pas facile. Toutefois, nous semble-t-il, des
principes essentiels sont à retenir : une approche systémique
mettant l'accent sur des sanctions éducatives, la
nécessité d'une approche participative, le suivi de
l'absentéiste et l'importance de prévenir au lieu de chercher des
méthodes curatives.
4.1. Des sanctions éducatives
Toute sanction doit être expliquée,
justifiée et décidée en fonction de l'élève
dans sa singularité. Cela n'exclut pas de privilégier le dialogue
avec l'élève et ses responsables légaux.
Pour être acceptée, une sanction doit être
légitimée par le sens. Ce sens, formalisé par écrit
dans le règlement intérieur de l'établissement, doit
être exprimé aussi constamment et de manière orale par les
personnels. Les adolescents ont besoin d'explication et de fermeté de la
part des adultes dans ce monde où tout semble permis, accessible, facile
en apparence. La « parole accompagnatrice » décrite par
PRAIRAT (1997) nous démontre tout l'enjeu de l'autorité en
éducation qui repose aujourd'hui plus sur la cohérence, la
constance que sur la hiérarchie statutaire, qui est
considérée comme arbitraire par bien des élèves.
Dans» La sanction», il écrit : « Toute
sanction appliquée doit être une sanction expliquée [...]
sanctionner sans s'assurer qu'elle soit comprise (ou puisse tôt ou tard
être comprise), c'est tout simplement sévir ».
Les sanctions doivent varier en fonction de la durée et
de la fréquence des absences injustifiées. Le chef
d'établissement ou le Conseiller d'éducation peut décider
de sanctionner l'élève absentéiste par un ou plusieurs
jours d' « inclusion », plutôt que de l'exclure ou de faire des
retraits de points, ce qui aggraverait son retard scolaire. Mais l'objectif
pédagogique, certes louable, de vouloir faire progresser
l'élève, se heurte aux limites relatives à l'encadrement
de l'établissement scolaire. Un élève « inclus »
une journée suppose la présence d'un adulte en mesure d'assurer
une surveillance continue, mais aussi, un soutien pédagogique pour lui
venir en aide dans son travail.
La pratique de la sanction doit être pleinement
intégrée à l'accompagnement. Elle rend la loi
réelle et effective. Pour l'élève qui ne reconnaît
pas l'autorité des principes établis par les règles, il
est indispensable de les porter à sa connaissance de manière
claire et explicite. L'élève absentéiste évolue
moins à l'intérieur qu'à l'extérieur de
l'établissement scolaire, il n'a pas conscience du caractère
dangereux que revêt sa conduite. Occasionnée par la transgression,
la sanction est une mise en rapport avec le règlement intérieur.
La transgression permet à l'élève de faire
concrètement l'expérience de la limite, de l'interdit. La loi, la
norme et la sanction constituent des repères qui empêchent de
dévier, qui déterminent tout comportement social, toute vie en
communauté. C'est le respect de la loi commune qui fonde le groupe. A
cet effet il est retenu à l'école pour recopier 100 fois
l'article du règlement intérieur qui est en lien avec la faute.
Cependant deux conditions nécessitent la bonne application de la
sanction.
L'adhésion des parents demeure la première
condition fondamentale de l'acceptation de la sanction. Au contraire, sans
cette adhésion, la sanction risque de perdre toute
crédibilité aux yeux de l'élève qui profitera alors
d'une incohérence pour se réfugier derrière un discours
irresponsable. Le soutien des parents est essentiel pour aider l'adolescent
à prendre conscience de la légitimité du rappel à
l'ordre. La seconde condition pour que la sanction éducative se
réalise peut se résumer en un principe : l'individualisation. Il
s'agit d'une action éducative à destination de l'individu,
adaptée à sa singularité, par opposition à la
généralisation, qui s'adresse à un collectif. La sanction
doit s'adresser à l'élève considéré comme
une personne dont il faut prendre en compte la personnalité et le
comportement. Ces éléments peuvent constituer des circonstances
aggravantes ou atténuantes. Les professionnels (proviseurs, censeurs,
surveillants et enseignants) sont donc appelés à s'adapter
à l'élève en prenant en considération son
degré de maturité, son niveau de compréhension, son
degré d'implication, d'effort et de bonne volonté.
Si la répression semble courante aujourd'hui pour son
apparente simplicité et son aspect spectaculaire, il est à
souhaiter qu'elle ne devienne pas prioritaire dans les pratiques
éducatives. Bien qu'ayant sa place dans l'éducation, la
répression n'est pas un mode d'éducation au sens strict ; elle
serait plutôt un moyen au service de l'éducation et non une fin.
Les réponses répressives s'attaquent aux conséquences et
non aux causes des problèmes. Elles protègent plus le groupe, les
membres de la communauté éducative qu'elles ne viennent
réellement en aide à l'élève.
|