3.2. Interprétation des résultats à
partir de la deuxième question de recherche
Notre deuxième question spécifique de recherche a
été formulée de la façon suivante : «
comment peut-on mieux gérer le phénomène de
l'absentéisme ? ».
Les données recueillies auprès des parents ont
fait ressortir qu'une grande majorité d'entre eux n'est pas
informée du mode de gestion de l'absentéisme. Les parents
constatent seulement des points retenus sur les bulletins de leurs enfants.
Nous pouvons dire donc que la concertation entre les acteurs autour de la
gestion de l'absentéisme est quasi-inexistante. L'absence de
collaboration et d'implication de tous les acteurs du lycée ou du
collège au processus de gestion est un frein à l'émergence
d'une gestion participative.
Par ailleurs, la plupart des enseignants ne savent pas que la
gestion de l'absentéisme est aussi leur affaire. C'est pourquoi,
plusieurs d'entre eux prônent le renforcement des sanctions qui vont
au-delà des retraits de points. Ils pensent que la gestion des absences
incombe à l'administration. En effet, ils ne sont pas consultés
pour une prise de décision en matière de gestion de
l'absentéisme. Ils estiment que leurs préoccupations ne sont
guère la recherche de stratégie pour gérer les absences
plutôt la dispensation des cours. Il s'en suit alors un manque
d'initiative dans la recherche d'une nouvelle stratégie de gestion de
l'absentéisme.
Certes, les encadreurs vont souvent dans
l'établissement, mais ils ne discutent jamais de la gestion de
l'absentéisme. Il y a un manque d'intérêt pour le
phénomène, alors qu'il a un impact certain sur
l'enseignement-apprentissage en termes de rendement, de relation
pédagogique et de climat de travail. C'est en cela que l'approche
systémique est importante, car elle permet une ouverture.
Il faut souligner que les rapports entre les acteurs de
l'établissement sont beaucoup plus empreints de méfiance. Des
professeurs pensent qu'ils ne doivent pas regarder dans la méme
direction que les membres de l'administration en ce qui est de
l'absentéisme. Les élèves pensent que les surveillants ne
sont là que pour punir. Les parents pensent que la vie scolaire dans
l'établissement les engage peu. Pour preuve, ils ne vont ni chercher les
bulletins ni s'assurer de l'assiduité de leurs enfants. Les encadreurs
ne tiennent pas compte des absences des élèves dans l'examen des
cahiers des élèves pris au hasard lors d'un suivi. Ce qui peut
entraîner une évaluation biaisée du travail de
l'enseignant. Et méme des chefs d'établissements trouvent que la
gestion des absences n'est réservée qu'aux surveillants.
En plus, sur le plan administratif, les établissements
manquent de coordination centrale à méme d'assurer un suivi
efficace et une uniformité des pratiques, alors que les
élèves des différents établissements communiquent
entre eux, se passent de mauvaises comme de bonnes pratiques sans discernement.
Chaque lycée se présente comme une entité isolée,
ignorant l'existence des autres, alors qu'ils appartiennent à une
méme institution. En témoigne le quota des retraits de points qui
varie d'un établissement à un autre. On note aussi que ni les
professeurs ni les surveillants ne sont suffisamment formés pour devenir
des partenaires actifs. On le constate à travers les propos des uns et
des autres. A cela s'ajoute le fait que les parents affirment ignorer le mode
de gestion des absences. Alors, nous nous demandions ce que serait
l'établissement dans de tel climat ? Il est urgent que les
établissements, dans un principe systémique, communiquent en la
matière. Le mode de traitement du Collège Saint Gabriel
pourrait servir soit d'exemple, soit de déclencheur pour un changement
de pratiques de gestion innovantes. Chacun a sa partition à jouer pour
que nous puissions vivre l'approche systémique dans la gestion de
l'absentéisme. Ainsi, pour y parvenir, il faudrait une concertation
perpétuelle regroupant personnel d'encadrement, professeurs principaux,
élèves absentéistes et leurs parents. Les décisions
doivent tenir compte de la spécificité de l'établissement
et de son environnement.
Par rapport à notre question générale de
recherche, nous pouvons dire que l'institution scolaire a une stratégie
de gestion bureaucratique de l'absentéisme. Elle se crispe en
renforçant les dispositifs de contrôle et de répression.
Elle évite de s'interroger sur ce que représente
l'absentéisme et cherche à maintenir coûte que coûte
les sanctions comme mode de traitement. Dans cette perspective bureaucratique,
les surveillants sont les seuls concernés par le problème et cela
signifie, à terme, que si l'absentéisme perdure, c'est parce
qu'ils n'ont pas fait correctement leur travail, travail qui consiste à
réprimander. Pourtant, dans une perspective opposée,
centrée sur l'élève, l'institution peut considérer
que l'absentéisme est un phénomène
qui pose question et que l'on doit en tenir compte, dans une
approche systémique pour modifier et adopter les prestations
éducatives de l'établissement. Il s'agit de faire du dispositif
de contrôle ou de sanction, une instance d'écoute et d'analyse,
dans laquelle le CE engage une coordination des informations et des actions
à mener avec les professeurs principaux (PP) et les parents. Il devient
plus que nécessaire de travailler en équipe.
L'interprétation des données en
rapport avec nos objectifs a engendré autres perspectives de notre part,
en vue de juguler le phénomène d'absentéisme au
secondaire.
|