3. Interprétation des résultats
Dans cette section, nous faisons l'interprétation des
résultats sur la base des objectifs de l'étude, des questions de
recherche, et ce, à la lumière du cadre de
référence qui est, rappelonsle, construit autour des
théories du management, principalement de la théorie
systémique,
retenue comme fondement de la recherche. A partir des
recoupements des données des questionnaires et des entrevues, et en nous
fondant sur l'analyse qui en a été faite, nous procédons
à une mise en relation des résultats obtenus avec la
théorie systémique. Nous procédons par une reprise de
chaque question de recherche comme axe d'interprétation, tout en faisant
appel à la théorie comme moyen de lecture approfondie des
réponses.
3.1. Interprétation des résultats à
partir de la première question de recherche:
Notre première question spécifique de recherche
a été ainsi formulée : « quelles sont les
conséquences du traitement actuel de l'absentéisme ? ».
Le constat qui se dégage des données recueillies
auprès des participants est que la gestion de l'absentéisme dans
les lycées et collèges a plus de conséquences
négatives.
Le mode de gestion le plus répandu est centré
sur la punition ou sanction. Il a des effets négatifs : les exclusions
temporaires et les retraits de points. De l'analyse, il ressort que la plupart
des établissements ont adopté ce mode de traitement qui
privilégie les sanctions négatives. Cette manière de
gérer, axée sur les retraits de points, comporte des
conséquences lourdes aussi bien au niveau de l'individu
(l'élève), qu'au niveau de l'institution scolaire et de la
société toute entière.
- Au niveau de l'élève, il perd des points sans
rien apprendre au plan pédagogique. Il ne pourra pas traiter les
exercices de maison sur le cours raté. Un élève qui subit
de telles conséquences se sentira victime d'une règle de
l'organisation dont il fait partie. S'il avait à s'exprimer devant un
conseil social (président APE, parents, surveillants, professeurs) il
n'aurait pas tort. En effet, il est doublement pénalisé alors que
des cours supplémentaires pourraient lui éviter le retrait de
points.
- Au niveau de l'établissement, il faut souligner que
les élèves concernés ont de prime abord perdu les cours
dispensés à leurs absences, alors qu'une rencontre avec le
proviseur sur la base du rapport du conseil social lui donnerait l'impression
d'être important pour l'établissement et favoriserait le sentiment
d'appartenance. Selon l'organisation actuelle du système d'enseignement
au secondaire, les cours perdus ne sont pas repris. Cet état de fait
constitue une perte pour l'institution scolaire, qui exclut des
éléments de l'effectif du savoir qu'elle a le devoir de
transmettre. Elle manque de jouer pleinement son rôle. Lorsque les
retraits de points s'ajoutent à ce manque, l'établissement
obtient un taux de réussite global faible au BEPC et au BAC, un taux qui
participe à ternir sa réputation au plan systémique.
Les effets corollaires du mode de traitement affectent
également le travail de l'enseignant. Ils diminuent son taux de
réussite dans la matière enseignée et l'enseignant a
à
gérer des relations didactiques difficiles avec des
élèves révoltés contre l'école. Dans la
théorie systémique tous les éléments sont
cohérents et interdépendants. C'est pourquoi le travail du
professeur est atteint.
- Au plan familial et social, cette tension scolaire se
répercute sur les relations élève/famille.
L'élève qui redouble ou qui est exclu devient un tourment pour sa
famille, ses parents proches et la société. Comment pourra-t-il
se prendre en charge dans la société ? Dans cette situation de
sortie sans qualification, les exclus peuvent devenir des charges. Le risque de
délinquance et de comportements antisociaux est élevé, si
toutefois ils n'ont pas obtenu une nouvelle orientation.
Malgré toutes ces conséquences qui affectent
l'ensemble de la communauté éducative et la société
toute entière, les élèves continuent de s'absenter. Si les
surveillants et professeurs continuent de faire les retraits de points, alors,
c'est faire fi des réalités de l'environnement scolaire. C'est
pourquoi, nous pensons que les principes de gestion actuelle de
l'absentéisme ne cadrent pas nécessairement avec les
réalités du terrain. Cette façon de gérer
l'absentéisme s'inscrit dans les principes de la gestion bureaucratique,
avec un manque de relations horizontales, un déficit de communication
entre les acteurs éducatifs. En réalité, ces faits
traduisent l'absence de formation des responsables en gestion scolaire. Ils se
contentent d'exécuter des directives sans prendre des initiatives en
lien avec les réalités. Dans les établissements
secondaires les élèves et leurs parents n'ont pas la
possibilité d'échanger avec les responsables de la gestion des
absences. Comment peut-on s'imaginer assurer une bonne fonctionnalité
à une organisation complexe, si tous les acteurs ne sont pas
impliqués dans les décisions et les recherches de solutions aux
difficultés de l'organisation?
L'ensemble des acteurs et responsables de
l'établissement doivent privilégier ce principe systémique
qui préconise que lorsqu' une situation pose problème, il faut,
pour sa résolution, construire un schéma relationnel
intégrant les flux, les diverses causalités multiples et les
rétroactions. Cette démarche inclut nécessairement
l'autorité en charge du système global, représentée
ici par les encadreurs et les responsables d'éducation de la Direction
Régionale du MESS/B-MHN. Ces acteurs pourraient organiser des
conférences sur le sujet à l'endroit des élèves et
des parents, afin de les sensibiliser et de les conscientiser sur le
phénomène.
La multiplicité des conséquences et la
diversité des personnes affectées témoignent de la
complexité de la gestion de l'absentéisme. D'où la
nécessité pour l'institution de s'approprier des principes de
l'approche systémique qui privilégient l'intercommunication,
l'interaction et
l'interdépendance, principes qui ne sont pas perceptibles
dans les rapports des membres de la communauté scolaire au
secondaire.
Le traitement de l'absentéisme qui privilégie le
suivi par l'usage de carnet de correspondance s'inscrit dans la vision globale
de la théorie systémique. Les conséquences sont non
seulement bénéfiques pour l'institution scolaire mais aussi pour
tous les acteurs éducatifs. Le carnet instaure une communication entre
les surveillants et les parents dans l'intérêt d'un objectif
commun, la réussite de l'élève.
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