1.2. Le problème de recherche
Dans les établissements secondaires, le respect de la
discipline, notamment l'assiduité aux cours, est la pierre angulaire de
la réussite scolaire. Cependant, certains élèves se
promènent dans les rues ou se pavanent dans les marchés aux
heures de classe. A chaque conseil de classes, le bilan des absences fait
ressortir que les différents retraits de points sont en majorité
tributaires du manque d'assiduité des élèves.
Pourtant, le souci majeur du gouvernement burkinabè,
depuis les indépendances jusqu'à nos jours, est de garantir au
sujet apprenant les chances de la réussite scolaire. Des efforts sont
déployés pour rapprocher les établissements des
élèves. Le Projet Enseignement Post Primaire phase I (P.E.P.P I)
a construit cent vingt (120) CEG dans le cadre de la politique « un
département un collège »4. Cependant, nous
assistons au quotidien à certains comportements d'élèves
qui freinent sans doute leur cursus scolaire : les retards et les absences aux
cours. La question qui mérite d'être posée est la suivante
: Comment l'institution scolaire gère-t-elle l'absentéisme
des élèves ?
A cette question, les études exploratoires
menées montrent que l'institution intimide les élèves
absentéistes à être régulièrement
présents aux cours. De ce fait, ce sont des retraits de points qui sont
effectués en fin de trimestre ou semestre. Le personnel administratif et
le personnel enseignant dans les établissements sont toujours inscrits
dans la réprimande des élèves. Pourtant, dans un pays
où l'accroissement des villes est galopant rendant les distances longues
à parcourir, où le marché de l'emploi se
rétrécit créant le désespoir chez les
élèves, où la faiblesse économique des
ménages ne permet pas aux parents de répondre correctement aux
besoins des enfants, où l'organisation du travail dans les lycées
et collèges n'est pas chose aisée à cause du manque de
personnel, il y a lieu de s'interroger s'il n'est pas nécessaire
d'envisager
4 DEP/MESSRS-2004
de nouvelles stratégies de traitement de
l'absentéisme et les conséquences inhérentes dans
l'optique de trouver des pistes de résolution plus efficaces.
Des solutions sont toujours à chercher. C'est sans
doute en cela que la gestion de l'absentéisme nous paraît
intéressante à investiguer. En effet, de quels moyens disposent
les surveillants pour rompre avec la méthode traditionnelle de retraits
de points et de punitions hâtives ? Quelles nouvelles stratégies
de traitement du phénomène peut-on envisager ?
Les questions qui nous paraissent donc évidentes
à nous poser sont les suivantes : Quelles sont les conséquences
de la gestion actuelle de l'absentéisme dans les établissements
secondaires au Burkina Faso ? Quels modes et stratégies de gestion
faut-il adopter face à l'absentéisme des élèves
dans les lycées et collèges ?
Pour répondre à ce besoin de savoir afin de
mieux l'apprécier, précisons à présent la situation
problème de notre recherche.
La discipline dans les lycées et collèges est
régie par un règlement intérieur (RI) national :
L'arrêté 2010-224/MESSRS/SG/DGSTP du 05 Juillet 2010 portant
règlement intérieur des établissements secondaires au
Burkina Faso. Dans son titre de l'horaire et des autorisations
d'absences, les articles 10, 11 et 12 précisent les
différentes heures de présence dans l'établissement et
notifient les raisons et les conditions qui peuvent amener un
élève à sortir hors de l'établissement pendant les
heures de cours.
Toutefois, des retards et des absences sont enregistrés
chaque jour. Les mesures actuelles de gestion des absences semblent être
inefficaces pour contenir l'absentéisme. Lorsque l'élève
absentéiste dispose d'autres moyens pour s'acquérir des cours
dispensés à son absence (l'internet, encadrement à
domicile,...), il aura toujours de bonnes notes à l'évaluation et
le retrait de points ne pourra guère être dissuasif. Aussi, les
retraits de points ont de lourdes conséquences sur le cheminement
scolaire. Il peut entrainer le redoublement et le renvoi de
l'élève au cas où son travail se situerait au juste niveau
de la moyenne exigée pour passer en classe supérieure ou pour
reprendre la classe. Si l'élève est renvoyé avant
l'âge de seize (16) ans, cela va en contradiction avec l'un des principes
généraux de la loi d'orientation de l'éducation qui
stipule à son article 4 que « l'enseignement de base est
obligatoire pour tous les enfants de dix (06) à seize (16) ans
». En ce moment, le personnel administratif devrait-il réinscrire
l'élève ou alors l'accompagner à s'inscrire dans un autre
établissement ? Puisque la mission éducative de
l'établissement est d'assurer l'obligation scolaire en vue de «
faire du jeune Burkinabè un citoyen responsable, producteur et
créatif » tout en dispensant « une formation
adaptée dans son contenu et ses méthodes aux exigences de
l'évolution économique,
technologique, sociale et culturelle qui tiennent compte des
aspirations et des systèmes de valeurs ».
Bien plus, les retraits de points comme mode de gestion
actuelle des absences, diminuent les chances de réussite aux examens
scolaires. Il y eut un cas malheureux qui s'est produit dans un jury de
Baccalauréat de la session de 2007. En effet, la candidate n'a pas
bénéficié du rachat d'un (1) point après le second
tour, parce qu'il était mentionné dans la case conduite de son
livret scolaire un retrait de quatre (04) points consécutif à 4
heures d'absence aux cours. Pourtant ces camarades qui se trouvaient dans la
même situation et qui n'avaient pas de retrait de points ont
bénéficié de la décision du jury de racheter d'un
(1) point.
C'est pourquoi l'absentéisme des élèves
dans les lycées et collèges est l'objet de notre
préoccupation essentielle. Ce phénomène touche de nos
jours presque tous les établissements d'enseignement secondaire et
constitue un fléau qui nécessite de nouvelles stratégies
de traitement.
Nous avons mené une étude exploratoire dans un
établissement secondaire d'enseignement général (CEG) qui
montre que sur un effectif total de quatre cent cinquante-six (456)
élèves, cent vingt-sept (127) se sont absentés au moins
une fois au cours du 1er trimestre de l'année scolaire. Dans
le cahier de gestion des absences du Surveillant général que nous
avons consulté, les absences des élèves se manifestent
entre 07h et 08h, lequel cahier était déjà presque rempli.
Nous remarquons ici, que les élèves se permettent trop de retards
; ce qui du même coup entraine des absences. Aussi, toutes les absences
non motivées sont sanctionnées par des retraits de points.
Le rapport de fin d'année (2009-2010) du Lycée
Municipal de Dédougou mentionne dans son volet difficultés de
gestion : « l'encadrement de plus de deux mille (2000)
élèves par cinq (05) surveillants dont deux (02) SND est
réellement difficile. Ainsi on remarque que l'indiscipline va
grandissante dans l'établissement (...).Les retards et les absences sont
multiples et fréquents ». Nous constatons que le manque de
surveillants dans cet établissement constitue également un
facteur favorisant l'absentéisme. Pendant l'année scolaire
2006-2007, le taux d'absentéisme au cours du deuxième trimestre
atteignait 07%. Aussi le total des absences d'une classe de quatre vingt cinq
(85) élèves atteignait trois cent vingt-six (326) pour le compte
du même trimestre et le taux des absences sans motifs était de
82,49%.
Dans le second établissement public de la ville de
Dédougou, le Lycée provincial, un élève a
totalisé quarante-deux (42) absences au cours du premier trimestre. Le
cas particulier de
cet élève est que ses absences sont manifestes
les après-midis. De plus, dans le cahier d'absence d'une classe de
2nde, seize (16) élèves étaient absents
à un cours de Histoire - géographie par suite d'expulsion. Toutes
ces absences sont sanctionnées par des retraits de points. Ces
différents retraits de points, quels que soient les motifs, provoquent
non seulement une baisse de rendement scolaire, mais aussi et surtout
entrainent des redoublements, des renvois et des abandons. Dans le meilleur des
cas, ils peuvent conduire les élèves à s'efforcer
d'être présents au cours. Partant de ces différents
constats, nous pouvons établir que l'absentéisme est un signe
précurseur de la déperdition scolaire.
Au regard de l'expérience vécue et des
études évoquées, il s'avère que
l'absentéisme des élèves constitue une entrave à la
réussite scolaire. Il est donc nécessaire d'envisager une gestion
judicieuse du phénomène. L'ampleur du problème suscite des
interrogations.
- Pourquoi les élèves s'absentent-ils ?
- L'absentéisme concerne t-il une catégorie
spécifique d'élèves ?
- Quelles sont les conséquences de l'absentéisme
sur le rendement scolaire des élèves? - Quelles stratégies
faut-il développer pour mieux contenir le phénomène ?
Le présent travail de recherche permettra de
répondre à ces questions afin d'apporter l'éclairage
nécessaire pour une meilleure gestion du problème. Mais
auparavant, quelles sont les raisons qui nous ont motivés à nous
pencher sur la question de l'absentéisme ?
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