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La gestion de l`absentéisme des élèves

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par Sidiki DAYO
Ecole normale supérieure/ Université de Koudougou - CA/ CPE 2011
  

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CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE LA LITERATURE

L'école, cadre classique d'instruction et d'éducation des hommes, constitue un maillon important de la chaine éducative. La réussite ou l'échec de ses missions a une grande répercussion sur le système éducatif. L'éducation est une oeuvre collégiale. En ce sens, l'école ne saurait atteindre ses objectifs sans la participation effective de tous les acteurs (enseignants, élèves, parents,..). Cette participation est tributaire en grande partie de la capacité de l'établissement à stimuler les élèves à participer aux cours.

Cependant, force est de constater que l'absentéisme des élèves mine le fonctionnement des lycées et collèges.

1. Problématique

L'absentéisme se définit communément comme l'attitude de toute personne qui est régulièrement absente de son lieu de travail ou de tout endroit où elle est tenue d'être présente. Par exemple, le fait d'être absent de son service, d'une réunion, du culte, de la classe.

Selon le Livre bleu des Conseillers Principaux d 'Education - 2002, l'absentéisme est un comportement marqué par la répétition d'absences volontaires. Ce qui se caractérise par une absence injustifiée ou dont la justification n'est pas valable. Le dictionnaire de l'éducation de R.LEGENDRE définit l'absentéisme comme le fait d'être absent des cours ou des jours de classe ; ou comme le comportement d'un élève ou d'un enseignant qui s'absente souvent. Dans une enquête de l'INSERM1 sur les adolescents publiée en 1994, l'absentéisme résulte de trois critères : « sécher les cours, arriver en retard, être absent une journée ou plus ».L'absentéisme est un phénomène qui est aussi à la base des déperditions scolaires ; c'est une sorte d'inconduite, un manquement à l'obligation scolaire qui peut entraver la réussite scolaire.

Dans le but de bien cerner la nature du problème de l'absentéisme, son ampleur et sa pertinence, cette section décrira le contexte de l'absentéisme dans le milieu éducatif en le cernant dans la situation problématique, énoncera le problème de recherche, justifiera le choix du thème et fixera les objectifs de la recherche.

1 Institut Nationale de la Santé et de Recherche Médicale (France)

1.1. La situation problématique

La question de l'absentéisme scolaire est de nos jours une préoccupation mondiale. En France une loi a été proposée par d'éminents députés pour lutter contre le phénomène. Cette proposition de loi2 a été présentée et enregistrée à l'Assemblée Nationale avant d'être adoptée au Sénat. Les présentateurs de cette loi tels que Eric CIOTTI, Xavier BERTRANT, Henriette MARTINET, tous députés déclarent en première ligne :

« Mesdames, Messieurs, en France métropolitaine, pour l'année scolaire 2007-2008, 7% des élèves en moyenne étaient en situation d'absentéisme scolaire ou de décrochage, soit plus de quatre demi-journées d'absence non justifiée par mois, tous types d'établissement du second degré confondus. Cette situation concerne de plus en plus d'élèves. Elle est inacceptable car elle est le premier indicateur d'une situation de danger pour ces enfants qui les conduit à la marginalisation, à l'exclusion, voire à la délinquance.»

Ainsi les articles 1 et 2 de cette loi instaurent un nouveau dispositif de responsabilisation des parents et en décrivent les nouvelles modalités dans le Code de l'éducation. Ces articles définissent le rôle de l'ensemble des acteurs concernés (Directeurs d'établissements, Inspecteurs d'académie, Président du conseil général, Directeur de la caisse d'allocation familiale) dans la lutte contre le défaut d'assiduité à l'école. L'article 3 prévoit les nouvelles modalités de mise en oeuvre du contrat de responsabilités parentales.

Ces députés concluent que cette proposition de loi qui vise à lutter contre l'absentéisme scolaire repose résolument sur la responsabilisation de l'exercice parental. En effet, la lutte contre l'absentéisme scolaire doit s'appuyer sur un équilibre entre accompagnement et soutien des parents d'un coté et l'effectivité de la sanction de l'autre, c'est-à-dire la pénalisation.

En plus des élus de l'Assemblée nationale, le Président français Nicolas SARKOZY s'est intéressé à la question à maintes reprises. En 2002, ministre de l'intérieur de son état, il propose de supprimer les allocations familiales et de faire payer des amandes aux parents des élèves absentéistes. En 2009, Président de la république il est encore revenu à la charge en proposant des primes pour les élèves assidus. Et le 5 octobre 2009, on lisait dans les colonnes de Nouvelobs un article intitulé « : Lutte contre l'absentéisme au lycée : cagnotte ou carotte ? » qui rapporte la réaction de ses adversaires et des syndicats contre les primes d'assiduité.

2 Loi n° 2010-1127 du 28 septembre 2010 visant à lutter contre l'absentéisme scolaire

La question intéresse bien les acteurs du système éducatif français. Roberto MANCA (2008)3 affirme que l'absentéisme est un phénomène qui est apparu avec la massification à la fin des années 70. Il n'est donc pas nouveau. Son développement a conduit les CPE, les personnels enseignants et de direction à interroger les politiques d'accueil des élèves et de suivi des absences dans les établissements scolaires. La persistance du problème s'explique par la nature des causes essentielles de l'absentéisme (les difficultés d'apprentissage, la perte de confiance en soi, la démotivation, la phobie scolaire, le faible niveau économique, etc.) qui ne trouvent jamais de solutions toutes faites.

En Belgique, BENOIT, DONATIEN et PIERRE (2000) ont recensé les facteurs liés à l'absentéisme scolaire. Ils affirment que les causes du phénomène sont entre autres : une situation familiale difficile (pauvreté-divorce,...), des attitudes parentales négatives vis-à-vis de l'école, le redoublement, les fréquents changements d'écoles, etc.

Par ailleurs, JANOZ (2000) signale qu'en Amérique du nord, les facteurs engendrant l'absentéisme et l'abandon des élèves sont multiples. L'école par son organisation et sa structure ne facilite pas une bonne fréquentation scolaire. Il ajoute également que les enfants issus de familles démunies ou à faible revenu présentent beaucoup de risques de s'absenter aux cours ou d'abandonner l'école. En ce sens que les prémices de l'abandon scolaire se manifestent par l'absentéisme chronique. C'est pour cette raison que MULLER (2006) évoque la question au Canada, sous l'angle de l'abandon scolaire. Pour lui, le décrochage scolaire est une réalité sociale qu'on ne peut nier ou dissimuler. Même si cette réalité prend actuellement des proportions alarmantes. Il affirme qu'il est important de questionner cette problématique qui a de graves conséquences et ce, tant dans la vie des jeunes que sur le plan social et économique. En effet, l'absentéisme scolaire est l'un des véritables signes précurseurs du décrochage qui s'inscrit dans l'échec scolaire.

Ainsi la problématique de l'absentéisme scolaire se pose ailleurs, même si ses causes sont différentes. Tandis qu'en Europe l'exercice parental, les difficultés familiales et les fréquents changements d'écoles sont mises en cause, en Amérique la pauvreté des familles et l'organisation du travail scolaire par l'institution sont indexées.

En Afrique, ESDIRI (2009), dans son mémoire pédagogique de fin de formation au professorat de l'enseignement secondaire souligne que les comportements anti-scolaires des élèves tels que la violence et l'absentéisme sont tributaires de l'abdication de la famille. Il

3Conseiller Principal d'éducation (CPE) de l'Académie Nancy-Metz.

affirme que : « le soutien familial fait défaut la plupart du temps au moment où l'enfant, notamment à l'âge de l'adolescence, passe par des changements physiologiques, psychologiques et comportementaux délicats ». En effet, le rôle des parents ne se limite pas à assurer aux enfants les besoins matériels et scolaires : argent de poche, cahiers, livres, beaux vêtements, ordinateurs, etc. L'élève a besoin aussi de parents qui l'écoutent, l'orientent, le guident, dialoguent avec lui et le mettent sur la bonne voie ; des parents qui l'accompagnent et lui fournissent le soutien nécessaire. Laissé en toute liberté, l'élève de cet âge est incapable encore de se contrôler et de prendre des décisions pertinentes. Il peut trouver une grande difficulté à se repérer et s'écarte souvent de la bonne conduite. Le fait de se sentir libre, sans aucune contrainte, ni surveillance parentale, peut dans ce cas lui être nocive. Ainsi, influencés par les changements et les exigences de la vie, les parents abdiquent et se détachent, bon gré, mal gré de leur principale responsabilité : l'éducation des enfants. Moins contrôlé et de plus en plus ignoré, l'enfant essaie de compter sur soi-même.

Au Burkina Faso il n'est pas rare de rencontrer certains élèves du secondaire déambuler en ville, dans les marchés ou dans les lieux de cérémonies sous prétexte qu'ils n'ont pas cours pendant que leurs camarades sont en classe en train de travailler sous la direction de leurs enseignants. La conséquence est qu'en fin d'année, on constate sur leurs bulletins de notes, une soustraction de points pour cause d'absentéisme. Aussi, chaque matin, dans les services de la surveillance des établissements, on y trouve toujours des élèves retardataires qui ne pourront rentrer en classe qu'à l'heure suivante.

En sus de cela, dans la plupart des lycées et collèges, les surveillants enregistrent au quotidien de multiples absences pour diverses raisons. Au CEG de Tchériba, nous avons constaté dans les cahiers d'absences les motifs suivants : maladies, funérailles, retard, frais de scolarité, inconnu. Ainsi toutes les absences non justifiées sont sanctionnées par un retrait de point. Les causes de l'absentéisme sont multiples. Le phénomène est aussi accentué par le manque criard de surveillants. Au CEG de Ouarkoye, il y a un seul Surveillant-GénéralEconome pour onze (11) classes. De plus, l'établissement n'est pas clôturé et certaines classes sont en dehors du domaine scolaire. Ce qui rend difficile le contrôle des sorties clandestines des élèves qui choisissent de se soustraire aux cours.

Un surveillant du lycée Philippe Zinda évoque d'une part, la position centrale de l'établissement dans la ville de Ouagadougou alors que les populations habitent dans les quartiers périphériques. Il signale d'autre part la grandeur de l'établissement, soit quatre vingt

(80) classes et quatre mille six cent quatre-vingt-douze (4692) élèves pour l'année scolaire 2010-2011. Plusieurs absences ne sont pas justifiées et selon le règlement intérieur local, toutes les absences non motivées sont sanctionnées par le retrait d'un point par heure. Lorsque l'absence concerne un devoir, la note zéro est automatiquement attribuée si une justification valable n'est pas faite dans un délai de soixante douze (72) heures. Les parents sont mécontents lorsqu'ils constatent sur le bulletin de leurs enfants ces retraits de points. Cela est plus irritant lorsque de telles sanctions occasionnent le redoublement de l'élève ou son renvoi.

Or, au plan psychologique, l'absentéisme peut être lié à une pathologie: HUERRE et LEROY (2006) affirment :

« De l'adolescent qui sèche un cours occasionnellement pour s'investir parfois dans d'autres activités, à celui qui décroche totalement parce qu'il ne parvient plus à trouver la motivation nécessaire, ou est en proie à une phobie scolaire par exemple, en passant par le « présent-absent » qui assiste aux cours mais sans jamais acquérir les savoirs fondamentaux, le terme d'absentéisme recouvre des réalités très diverses. Ainsi peut-il apparaître, selon les cas, comme une transgression normale accompagnant le processus d'adolescence ou comme le symptôme d'une pathologie ».

En effet, la plupart des enfants traversent leur période de crise de l'adolescence étant au lycée ou au collège. A cette période, ils ont de comportements impulsifs, des attitudes de fougues accompagnées de refus et de rejet en quête d'auto-affirmation. La crise de l'adolescence se manifeste par l'augmentation du nombre d'épisodes de comportements inacceptables pour l'adulte (mensonge, tromperie, dispute, fugue, saute d'humeur, impolitesse,...). Selon DELDIME et DEMOULIN (1994), c'est entre quatorze (14) et seize (16) ans que les difficultés des échanges entre les adolescents et les adultes sont les plus nettes et les plus nombreuses. L'adolescent veut affirmer sa personnalité ; il y a un abaissement, à ses yeux, du prestige de l'adulte. Les consignes sont mal acceptées, critiquées. L'opposition peut s'exprimer sous des formes différentes : opposition ouverte ou agressivité chez les garçons, résistance plus discrète mais résolue néanmoins chez les filles. A ce stade, les adolescents se dressent toujours contre une autorité contraignante. Le développement de ces problèmes de comportement se fait de manière graduelle et diminue considérablement pour disparaitre vers l'age de dix-huit (18) ans.

Ainsi, s'interroger sur le phénomène de l'absentéisme, c'est apporter un traitement particulier au suivi individualisé des élèves. Pour JACQUARD (2002), le Conseiller d'Education gère les absences et lutte contre l'absentéisme des élèves. Alors, lorsqu'un élève a

des difficultés, (notes en baisse, agressivité, abandon, retard et absentéisme), il doit bénéficier d'une attention particulière pour éviter la rupture des études. Ce qui constitue l'un des rôles essentiels du personnel d'encadrement : les Assistants d'Education (AssE), les Attachés d'Education (AttE), les Conseillers d'Education (CE) et les Conseillers d'Orientation Scolaire et Professionnelle (COSP). Mais la plupart de nos établissements d'enseignement secondaire se limitent à un bilan statistique des abandons, sans chercher à identifier les raisons pour lesquelles les adolescents se comportent ainsi, et mieux, à entreprendre des actions pour les soustraire à ces situations. En témoigne la présentation de la situation en fin d'année 2009-2010 du Lycée Municipal de Dédougou.

Tableau 1 : Nombre de classes et d'él~ves de l'année scolaire 2009-2010

Nombre de classes à la rentrée : 22 Nombre de classes en fin d'année : 22

Sexe

Nombre d'él~ves au 30
Octobre 2009

Nombre d'él~ves au 30 Juin
2010

Garçons

1344

1332

Filles

794

786

Total

2138

2118

Ce tableau se limite aux effectifs de rentrée et de fin d'année. Nous remarquons un écart de vingt (20) élèves qui n'est pas expliqué.

Tableau 2 : Situation des abandons par niveau et par sexe

Niveau Sexe

6e

5e

4e

3e

2de

1re

Tle

Total

A4

C

A4

D

A4

D

Garçons

01

01

03

03

01

00

00

01

01

01

12

Filles

01

02

01

01

02

00

00

00

01

00

08

Total

02

03

04

04

03

00

00

01

02

01

20

Ce tableau indique les différents abandons sans préciser les motifs et les manifestations.

Nous constatons que les deux tableaux statistiques concernent uniquement le nombre de classes, les effectifs en début et en fin d'année et les abandons au cours de l'année. La situation des absences n'est pas établie dans ce rapport. Pourtant l'absentéisme est un phénomène qui est vécu au quotidien. Lorsque le taux d'absentéisme est élevé, cela doit interpeller toute la communauté éducative de l'établissement. Peut-être que l'établissement ne fonctionne pas bien ou alors les élèves ont des difficultés à venir au cours. Lorsqu'il est bas, cela traduit la capacité d'un établissement à promouvoir une bonne fréquentation scolaire. Il s'agit d'instaurer une interaction facilitante qui permet aux élèves d'être moins en retard et de ne s'absenter que pour des raisons justifiées.

Selon le dictionnaire de la langue française, la fréquentation scolaire serait « le fait d'aller effectivement à l'école ». Sur le plan éducatif dans notre pays, la fréquentation scolaire intègre le caractère obligatoire de la présence de l'élève à l'école. Il convient d'ajouter à cette obligation de présence, une autre obligation, celle de la participation aux activités pédagogiques. Cette dernière peut être considérée comme effective si l'apprenant, présent aux heures et lieux fixés pour les activités scolaires, exécute les mêmes tâches que ses pairs. Nous pouvons donc retenir que la fréquentation scolaire est l'obligation de présence et de participation pour l'élève aux activités scolaires, aux heures et lieux déterminés à cet effet. C'est ici que le personnel d'encadrement doit s'investir davantage afin d'assurer une bonne fréquentation scolaire.

La fonction de surveillant que nous avons eu à assurer sur le terrain nous a permis de vivre certaines réalités au quotidien. Nous nous sommes rendu compte que l'absentéisme continue d'être une gangrène dans les lycées et collèges malgré la gestion actuelle axée sur les sanctions punitives. La plupart du temps, bon nombre d'élèves sont absents aux premières heures du cours de la journée parce qu'ils sont en retard. Certains sont absents après la recréation. D'autres ne viennent pas aux cours les mercredis. Souvent, les cours dans la soirée enregistrent plusieurs absences. Aujourd'hui, nous pouvons parler d'absences choisies ; c'est-àdire que l'élève choisit de s'absenter aux cours d'un professeur déterminé, soit qu'il n'a aucun respect pour l'enseignant, soit que la matière ne lui plait pas. Toutes ces attitudes constituent un manquement au respect de la discipline. Elles entravent la mission d'enseignement qui est de

garantir une formation de qualité à l'élève afin qu'il fasse preuve de discipline et de rigueur dans le travail et qu'il soit utile à sa société et à lui même.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille