CHAPITRE 1 : LES DETERMINANTS DE LA RENTABILITE
BANCAIRE
La crise bancaire de la fin des années 80 a abouti
à une révolution profonde du système
d'intermédiation financière de la zone CEMAC et de toute
l'Afrique francophone. Le dysfonctionnement de tout le système de
paiement a obligé les Etats à une entière restructuration
de leurs systèmes financiers. La forte réduction de
l'implantation des banques dans la zone CEMAC est couplée avec
l'instauration d'une plus grande discipline dans l'activité bancaire.
Discipline assurée par la COBAC qui est une institution engendrée
par la restructuration bancaire. Cette grande discipline a pour objectif
d'éviter les faillites bancaires tout en assurant aux
propriétaires de ces structures la rentabilité de ces
dernières. La prolifération des problèmes de la
rentabilité bancaire à une grande échelle a suscité
l'intérêt des économistes au cours de ces dernières
décennies à propos de la stabilité du système
financier, de la réglementation du système bancaire et de
l'analyse de la rentabilité bancaire. L'analyse des déterminants
de ce dernier aspect constitue la pierre angulaire de ce chapitre. Ce dernier
aborde dans un premier temps les déterminants managériaux de la
rentabilité bancaire. Avant d'examiner en deuxième lieu les
facteurs macroéconomiques et macro-financiers de la rentabilité
des banques particulièrement au Cameroun.
Section 1 : le portefeuille de crédits
diversifié : un déterminant managérial de la
rentabilité des banques
Comme toute entreprise, la banque a pour objectif de
générer des profits. Ainsi, elle doit disposer d'un
système de pilotage lui permettant de transformer les décisions
de ses différents acteurs en réalisation des résultats.
L'information des décideurs constitue un élément
fondamental de ce pilotage et c'est à ce titre que les documents
comptables de synthèse d'une banque sont présentés. La
banque se fixe ensuite des objectifs qui de façon classique en
théorie financière s'analysent en termes de rentabilité et
de risque. Pour examiner les principaux aspects de la gestion d'une banque, la
comptabilité fournit des éléments servant de point de
départ car elle a vocation à fournir une image fidèle de
l'entreprise. Il s'avère aussi nécessaire de prêter
attention à la question de la détermination des facteurs
explicatifs fondamentaux de la rentabilité bancaire et surtout dans le
contexte camerounais.
I - les éléments d'analyse de la gestion
bancaire
Les instruments d'analyse de la gestion de la banque sont
multiples. A notre niveau, nous nous limitons dans cette présentation au
bilan et au compte de résultat. La présentation du bilan quant
à elle ne tiendra compte que du bilan individuel annuel, à ne pas
confondre avec le bilan consolidé lorsque la banque fait partie d'un
groupe. Il en est de même pour le compte de résultat qui permet de
calculer la rentabilité de la banque. Nous prêtons une attention
particulière au hors-bilan qui revêt une importance
particulière pour les établissements de crédit du fait des
engagements hors-bilan que ces derniers prennent.
I 1 - le bilan bancaire : une présentation
explicite du portefeuille de crédits
Le bilan d'une banque est un tableau à deux colonnes
qui enregistre l'état de créances et dettes à un moment
donné. Il s'agit ici pour nous de présenter de façon
simplifiée les principaux postes de l'actif et du passif du bilan.
L'actif du bilan individuel de la banque comprend toute une
série de postes et il y a lieu de constater que par rapport au bilan de
la comptabilité générale, sa présentation est
inversée puisque le haut du bilan correspond aux opérations de
trésorerie et le bas du bilan aux immobilisations. De même, la
répartition habituelle de l'actif en trois colonnes (brut, amortissement
et provision nette) n'est pas retenue. Les valeurs fournies par l'actif d'un
bilan de banque sont des valeurs nettes d'amortissement et de provision. Quatre
catégories d'opération peuvent être distinguées dans
l'actif du bilan d'une banque à savoir les opérations de
trésorerie et interbancaire, les opérations avec la
clientèle, les opérations sur titre et les immobilisations.
Les opérations avec la clientèle sont
constituées des différents types de crédits
octroyés à la clientèle. Ainsi, tout bilan bancaire doit
répondre à la question de savoir quel montant de crédit
à court terme, du crédit à moyen terme et du crédit
à long terme que la banque a eu à faire durant la période.
Comme nous considérons que le portefeuille de crédits de la
banque est constitué de ces différents types de crédits,
d'où la présentation explicite de celui-ci par le bilan.
Comme l'actif, l'ordre des comptes du passif du bilan est
inversé par rapport à la comptabilité
générale, puisque le haut du bilan correspond aux
opérations de trésorerie et le bas du bilan aux capitaux propres.
Il y a également lieu de distinguer quatre composantes dans le passif
d'un bilan bancaire.
Les opérations de trésorerie et interbancaire
qui donnent naissance soit à des créances, soit à des
dettes.
Les opérations avec la clientèle qui concernent
les dépôts effectués par les clients d'une banque. Ces
dépôts sont classés selon les comptes d'épargne
à régime spécial (compte sur livret, compte et plan
d'épargne logement) ou autres supports. De plus, les critères
d'échéance du dépôt à vue ou à terme
sont retenus.
Les opérations sur titres qui concernent les titres
émis par une banque sur les différents marchés afin de se
procurer des ressources à l'exception des actions et des titres
subordonnés. Les souscripteurs de ces titres sont divers (particuliers,
entreprises et autres établissements de crédit).
Enfin, le poste de provisions et fonds propres qui
correspondent à deux types d'opération. D'un côté,
un certain nombre de postes qui reflètent les opérations de
provisionnement (les provisions pour risque et charge, les provisions
réglementées) et les fonds pour risques bancaires
généraux. De l'autre côté, les autres postes qui
composent habituellement les capitaux propres (dettes subordonnées,
capital, réserves).
La banque a quatre préoccupations principales
concernant la gestion de son bilan :
- s'assurer que la banque a suffisamment de réserves
(liquides) pour rembourser ses déposants quand il y a des mouvements de
retrait des dépôts c'est-à-dire la gestion de
liquidité ;
- acquérir des fonds à faible coût ou
gestion de passif ;
- décider du montant de fonds propres à
détenir et obtenir le capital désiré c'est-à-dire
l'adéquation du capital ;
- poursuivre un objectif de niveau de risque faible et
acceptable en acquérant des actifs avec un taux de défaut
réduit et en diversifiant les actifs détenus c'est-à-dire
son portefeuille d'où la gestion d'actif.
La stratégie de gestion des actifs poursuit trois
objectifs à savoir :
- chercher des rendements les plus élevés
possible sur les prêts et titres ;
- réduire les risques ;
- préserver une liquidité suffisante.
Pour la réalisation de ces objectifs, la banque peut
utiliser l'un de trois moyens : faire un examen sélectif pour
réduire les problèmes d'anti sélection, acheter des titres
à rendement élevé et risque faible en cas d'intervention
sur un marché financier (tel ne pas le cas pour les banques au Cameroun)
et diversifier les risques en achetant différents types d'actifs
(maturité, émetteur...) et/ou éviter de trop se
spécialiser sur un secteur (immobilier, énergie, import - export,
etc.)
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