II - le rationnement du crédit et l'efficience du
marché bancaire camerounais
Les banques camerounaises hésitent d'octroyer des
crédits de longue durée par crainte de ne pas recouvrir les fonds
distribués et manquer ainsi le respect du ratio de liquidité
prévu par la réglementation. Il y a aussi la nature des
dépôts à majorité de court terme qui oblige les
banques à ne pas prendre le risque d'octroyer des crédits de
moyen et de long terme. C'est ainsi que les banques se trouvent dans un
système de rationnement de crédit qui limite la politique de
diversification du portefeuille de crédits.
La diversification du portefeuille de crédits d'un
établissement bancaire qui a pour but d'améliorer la
rentabilité de cet établissement, lui permet de compenser les
pertes éventuelles d'un marché ou d'un produit, par des gains
dans d'autres. Autrement dit, au niveau microéconomique, cette tendance
repose sur une modification de la définition du champ stratégique
par l'établissement bancaire en termes des crédits. Les arguments
en faveur d'une diversification du portefeuille de crédits bancaires
sont de plusieurs ordres tels que : la maximisation de la rentabilité,
la réduction du risque, la distribution des fonds, etc. Le concept
d'efficience des marchés à trois acceptations d'importance
inégale : l'efficience fonctionnelle, le comportement rationnel des
acteurs sur le marché et l'efficience informationnelle. Dans la
littérature financière, il est communément admis que ces
trois notions d'efficience sont interdépendantes dans la mesure
où l'efficience allocationnelle d'un marché dépend
directement de l'efficience opérationnelle et informationnelle de
celui-ci. Nous essayons dans le paragraphe suivant, de donner une idée
plus claire sur l'efficience du marché des crédits
camerounais.
II 1 - l'efficience allocationnelle ou
fonctionnelle
Il existe des multitudes définitions attribuées
à ce concept, suite à son évolution au cours du temps, et
aux nombreux travaux empiriques réalisés depuis le premier
énoncé de ce concept. La définition originelle d'un
marché efficient est la suivante : Un marché financier est
efficient si et seulement si l'ensemble des informations disponibles concernant
chaque actif financier côté sur ce marché est
immédiatement intégré dans le prix de cet actif (Le Saout,
2008). L'efficience informationnelle nous enseigne donc que le prix d'un actif
intègre la totalité des informations économiques,
comptables et financières. L'aptitude d'un organe à
réaliser sa fonction, un marché est alors dit efficient si les
prix qui s'y forment constituent des signaux fiables pour les décisions
d'allocation des ressources. L'une des dimensions de l'efficacité des
marchés financiers concerne les fonctions proprement économiques
de l'industrie financière.
L'efficience fonctionnelle, ou dite encore
opérationnelle, indique que le marché est capable d'orienter les
fonds vers les emplois les plus productifs et contribue, ainsi, à un
développement satisfaisant de l'économie et la mutualisation des
risques et leur transfert vers ceux qui sont capables de les supporter.
D'après Le Saout (2008), l'efficience opérationnelle est relative
à ce qu'on appelle microstructure du marché c'est à dire
l'organisation du système de transaction. La diversification du
portefeuille de crédits bancaires est l'un des défis de
l'allocation des fonds. Elle aide à élargir les domaines et les
segments d'intervention de la banque afin d'augmenter les parts de
marché et même des revenus d'intérêt. L'offre de cet
ensemble de crédits doit aller en symbiose avec l'innovation au niveau
des moyens de communication entre la banque et sa clientèle. De plus,
nous savons que le portefeuille de crédits est concentré sur un
type de crédit lorsque IHHP est plus proche de un et il est
parfaitement diversifié lorsque IHHP est égale à
1/n. Ainsi, notre étude empirique montre qu'au Cameroun ihhp
est inférieur à 0,5. D'où la conclusion qu'au Cameroun,
les portefeuilles de crédits sont diversifiés et que les banques
orientent l'épargne vers les emplois le plus productifs. Cette
réalité valide notre hypothèse 2 qui stipule que les
portefeuilles de crédits bancaires au Cameroun sont diversifiés
et rentables. On conclut ainsi, que le marché bancaire
camerounais est un marché efficient par sa capacité à
orienter les fonds en fonction des besoins de l'économie.
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