Diversification du portefeuille de crédits et rentabilité bancaire( Télécharger le fichier original )par André KADANDJI Université de Douala - diplôme d'études approfondies 2008 |
Section 2 : les enseignements du modèle de la rentabilité bancaire au CamerounCette deuxième section a pour objet de tirer des leçons de l'évaluation des effets des déterminants de la rentabilité bancaire sur cette dernière. Ladite évaluation va se faire sur la base des résultats de l'estimation de l'équation de la rentabilité bancaire. La présente section est subdivisée en deux points. Le premier présente l'impact des éléments de la marge d'intermédiation sur la rentabilité bancaire. Le deuxième examine le rationnement du crédit et l'efficience du marché bancaire camerounais. I - les vertus de la bonne tenue des éléments de la marge d'intermédiation et la rentabilité bancaire au CamerounLes résultats empiriques des facteurs managériaux sont exposés en examinant successivement l'impact de la distribution des crédits bancaires et des frais d'exploitation bancaire. Les moyens d'action pour accroître les marges bancaires et les profits, et partant la rentabilité des banques camerounaises, passent par la bonne tenue des éléments de la marge d'intermédiation. I 1 - L'attitude de la rentabilité bancaire face à la diversification du portefeuille de créditsAu Royaume-Uni, après avoir accusé un net ralentissement jusqu'en 1993, le crédit redémarre à partir de 1994, tiré par une demande interne relativement soutenue. La demande de crédit est restée forte, enregistrant des taux de croissance compris entre 7 et 8%13(*) suivant les années. Le crédit à la consommation, dont le taux annuel de croissance dépasse 10% depuis 1995, en fut la composante la plus dynamique. La consommation des ménages a enregistré une accélération presque permanente durant les années 90, atteignant une progression de près de 4% en 1999. En revanche, après une forte accélération entre 1992 et 1998, l'investissement a manifesté des signes d'essoufflement en 1999. Le produit net bancaire des banques britanniques a doublé entre 1992 et 1999 (+103,6%, soit +10,7% par an), tiré par la forte croissance de la marge d'intérêts (+11,5% par an) et, dans une moindre mesure, des commissions (+9,7% par an), lesquelles sont tirées par la bonne tenue du crédit. Si l'amélioration de la situation des emprunteurs, devenus plus sensibles aux conditions proposées, a exercé une pression à la baisse sur les marges d'intérêts en début de période, l'impact négatif de cette dernière sur le produit bancaire fut compensé par la faible répercussion de la baisse des taux directeurs sur les taux débiteurs au début des années 90. Tous ces brillants résultats demeurent fondés, pour l'essentiel, sur les volumes des encours de crédits et de dépôts. Ainsi, il ressort de l'expérience britannique des années 90 que la bonne tenue du crédit est une composante fondamentale de l'amélioration des marges bancaires. Les banques camerounaises peuvent se servir de cette expérience pour redorer leur blason. En fait, les banques camerounaises hésitent à distribuer des crédits par crainte de ne pas recouvrir les fonds distribués et tomber ainsi dans la crise d'illiquidité. La nature des dépôts à majorité de court terme oblige les banques à ne pas prendre le risque de s'engager dans des financements à moyen et à long terme et à assurer des fonds de garantie afin de pouvoir faire face à d'éventuelles faillites. De plus, la faible demande du marché camerounais, due essentiellement au faible pouvoir d'achat des ménages, image de l'insolvabilité, accentue le risque pour ces institutions et limite la politique du crédit. Les niveaux encore élevés des taux de crédit accentuent ce phénomène. Cette réalité peut être ajoutée à un faible encouragement de l'épargne, dû à des taux d'intérêt sur les dépôts encore faibles et, jusqu'à une date récente, à des frais de dossier plus ou moins élevés. Toutes ces pesanteurs relèvent du déficit de confiance. La modification du comportement d'offre de crédit peut également provenir de la capacité des intermédiaires à se diversifier. Depuis la théorie de la délégation des coûts de contrôle (Diamond, 1984), nous savons que la construction d'un portefeuille de crédits parfaitement diversifié permet à une banque de réaliser son activité d'intermédiation en assurant une rémunération certaine aux déposants. Ainsi, la taille croissante d'une banque engendre une réduction du risque de crédit. Néanmoins, la présence d'une composante systématique dans le risque de crédit empêche une parfaite diversification des portefeuilles de crédits. Lorsqu'une parfaite diversification du portefeuille de crédits est impossible, Winton (1999) soutient que le capital détenu par les intermédiaires permet d'absorber les pertes éventuelles liées à l'activité de crédits. En effet, les relations entre les banques et leur clientèle ne peuvent pas être profitables aux deux parties, dans un environnement de méfiance. La question de confiance est alors déterminante dans la profitabilité bancaire. Concrètement, les banques doivent envoyer un signal fort pour améliorer l'état de la confiance avec leur clientèle. Ce signal peut être le fait de prendre un peu plus de risque en accordant des crédits. * 13 Cf. Rapport Cruickshank in Laurent Quignon (2000), « Les banques britanniques trop rentables ? », Revue Conjoncture, Juillet-Août 2000.
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