II - la capacité des différentes variables
à expliquer la rentabilité bancaire au Cameroun en absence de la
variable taille des banques
Analyser la contribution des différents facteurs
à l'explication de la rentabilité bancaire, revient à
analyser tour à tour la contribution des variables organisationnelles,
variables macroéconomiques et les variables macro-financières.
II 1 - l'effet des variables managériales
L'analyse de la capacité contributive des facteurs
organisationnels à l'explication de la rentabilité bancaire,
passe par l'analyse de la contribution des charges d'exploitation
bancaire, des capitaux propres et de la distribution des
crédits bancaires sur la rentabilité bancaire.
Les résultats empiriques ressortis de nos estimations
et résumés dans le tableau 5, donnent en ce qui concerne la
robustesse d'explication des variables managériales des portées
différentes en absence de la variable taille des banques
(logactf). En effet, nous constatons qu'au niveau de l'estimation 4
c'est-à-dire estimation sans la variable logactf, il y a trois
variables (ihhp, fgactf et risk) qui ont une statistique de
Student calculée (respectives -5,178050 ; 4,840540 ;
-2,348372) supérieure en valeur absolue à la statistique lue sur
la table de Student au seuil de 5% avec un degré de liberté de
23 (2,069). Ainsi, sans tenir compte des signes des coefficients de ces
différentes variables, il est clair que ce sont celles là qui
expliquent significativement la rentabilité bancaire si nous ne tenons
pas compte de la taille des banques.
L'étude empirique de l'impact du non prise en compte du
risque et de la taille des banques dans le modèle (estimation 5),
aboutit à une réduction du nombre des variables qui expliquent
significative la rentabilité. Ainsi, pour cette estimation nous
constatons qu'il n'y a que la diversification du portefeuille de crédits
et les frais généraux (ihhp et fgactf) qui sont
significatifs dans l'explication de la rentabilité bancaire au Cameroun.
Ceci explique l'importance de la prise en considération du risque dans
le secteur bancaire. De plus, nous constatons que lorsque le manager ne tient
pas compte de la taille de sa structure et du risque, la diversification de son
portefeuille de crédits au lieu de stimuler sa rentabilité aura
plutôt un effet contraire.
Après avoir, interpréter la capacité
à expliquer des variables managériales, il est aussi important
d'appréhender l'impact des autres variables
II 2 - l'impact des facteurs macroéconomiques et
macro-financiers sur la rentabilité bancaire
L'étude empirique de l'impact de l'environnement
macro-financier sur la rentabilité des actifs des banques camerounaises
a également induit des résultats mitigés (tableaux 5).
Suivant nos estimations, la taille du secteur bancaire
(actfpib) n'est pas favorable à l'augmentation des profits
bancaires, suggérant qu'en général, les économies
d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la
profitabilité des banques. Comme on peut le comprendre à travers
les estimations 4 et 5, une hausse de l'actif consolidé des banques
camerounaises d'un point de pourcentage du PIB entraînerait une baisse du
résultat net bancaire d'environ 0,05 point de pourcentage des actifs.
Puisque les banques camerounaises regorgent de liquidités
sous-exploitées dans un contexte où les demandes de
crédits sont assujetties à des garanties draconiennes, les
possibilités d'amélioration de la rentabilité globale ne
seront que limitées. Une banque est capable d'élargir sa part de
marché si ses produits sont différenciés de ceux de ses
concurrents. Mais, ce rapport positif entre la part de marché
(conc) et la rentabilité (roa) peut faire
défaut si la demande de marché est peu proportionnelle à
la taille de la banque (Mansouri et Afroukh, 2008). Suite à cette
réalité, la politique de la concurrence au sein du secteur
bancaire n'aurait probablement aucun effet stimulant sur les profits.
L'occupation de la grande part du marché bancaire par un nombre
restreint d'acteurs bancaires (mouvements de concentration - conc -) a
un effet stimulant presque nul sur les profits bancaires au Cameroun. En effet,
selon nos estimations empiriques (tableaux 5), une intensification de la
concentration d'un point de pourcentage du total des actifs du système
bancaire entraînerait une amélioration de la rentabilité
des banques d'environ 0,0001 point de pourcentage des actifs. Les statistiques
de Student de ces différentes variables montrent qu'elles n'expliquent
pas significativement la rentabilité bancaire au Cameroun.
Enfin, en ce qui concerne les variables
macro-économiques, la croissance économique et l'inflation
semblent affecter positivement le rendement sur actifs des banques. La
croissance économique (pib) du pays influence positivement la
performance des secteurs d'activité, y compris le secteur bancaire. Une
croissance du PIB réel d'un pourcent induirait une amélioration
de la rentabilité bancaire de 0,0002 point de pourcentage des actifs
(voir tableau 5). La restructuration du secteur financier et l'introduction de
nouvelles techniques et technologies semblent profiter aux banques
camerounaises en vue d'améliorer les niveaux de bancarisation. L'impact
positif de l'inflation (inf) va dans le sens de la prédiction
théorique. Une hausse du taux d'inflation entraînerait une
amélioration du rendement bancaire. L'augmentation du niveau
général des prix permet aux établissements bancaires de
réaliser des profits substantiels. Les tensions inflationnistes
produisent une extension et une surévaluation des charges bancaires,
mais ce sont les déposants et les emprunteurs qui supportent de telles
charges en dernier ressort. L'inflation entraîne plus de charges
d'investissement mais également des taux de crédit
élevés et donc plus de revenus d'intérêt et de
profits.
L'étude de l'impact de la taille sur le modèle
de la rentabilité, nous a permis de prendre connaissance de la
capacité à expliquer la rentabilité de toutes ces
variables. Ainsi, il nous semble opportun de tirer les enseignements de notre
modèle.
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