II 2 - présentation des données et
exposé du modèle
Les données des variables exogènes de
l'étude proviennent des données secondaires puisées dans
les bases des données de la COBAC, de la BEAC et de l'INS. Ces
données sont réparties en trois catégories notamment les
données des variables macroéconomiques, les données des
variables macro-financières et les données des variables
managériales.
Les données macroéconomiques concernent le taux
de croissance de l'économie et le taux d'inflation. Sur la base des
statistiques de ces données, il y a lieu de constater que la situation
macroéconomique du Cameroun a été
caractérisée au cours de la dernière décennie, par
un taux moyen de croissance réelle de 3,85 %. Ce taux relativement
faible est intervenu dans un contexte international marqué par une
amélioration sensible des termes de l'échange, résultant
essentiellement de la baisse du rythme d'accroissement de la production
pétrolière dans la CEMAC et ce, malgré la bonne tenue
d'ensemble du secteur non pétrolier. De même au cours de cette
décennie, le taux d'inflation en moyenne annuelle, s'est établi
à 2,51 %, chiffre inférieur à 3 % ; ce qui
témoigne de la bonne maîtrise de l'inflation par les
autorités monétaires. Les années 2006 et 2008 connaissent
des taux d'inflations record, ceci en raison essentiellement de l'ajustement
graduel au Cameroun des prix des hydrocarbures en fonction de
l'évolution des cours du pétrole brut sur les marchés
internationaux. Les taux d'inflation sont les plus bas en 2003 et 2004.
En ce qui concerne les données macro-financières
pour notre étude, nous nous limitons à la taille du secteur
bancaire et au degré de concentration bancaire. Le secteur bancaire
camerounais, le plus puissant de la CEMAC est moyennement concentré. En
effet, la concentration d'un marché peut être mesurée par
plusieurs indicateurs. L'un de ces indicateurs est le ratio de concentration ou
la somme des parts de marché (en pourcentage) des plus grandes
entreprises. Lorsque le ratio de concentration tend vers un (100 %), le
marché est fortement concentré. Plus particulièrement, la
concentration est jugée élevée dans un marché si le
ratio est supérieur à 65 %. L'examen minutieux de nos
données montre que la concentration bancaire au Cameroun rode autour de
50 %. On déduit donc que le marché bancaire camerounais est
moyennement concentré.
Les données managériales sont des données
relatives aux caractéristiques internes des banques. Elles regroupent
les statistiques des charges d'exploitation bancaire, des différents
crédits bancaires, des capitaux propres et de la taille de la
banque. Les frais généraux de l'ensemble des banques du Cameroun
se sont inscrits à la hausse au cours de cette décennie,
grâce notamment à la progression rapide des charges
générales d'exploitation et du nombre de personnes
employées par les banques camerounaises. L'évolution des
crédits bancaires confirme la tendance modérée
observée dans la distribution des crédits. Les fonds propres des
banques du Cameroun sont constitués pour plus de la moitié par le
capital. S'agissant de la taille, les banques poursuivent leur stratégie
d'augmentation de la taille. Un facteur particulièrement important de la
stratégie d'accroissement de la taille des banques est la volonté
d'extension du réseau de distribution à de nouvelles
régions, de nouvelles agences, de nouvelles associations, kiosques et
agents de vente directe, dans un souci de rapprochement de la banque de sa
clientèle et du grand public.
Pour l'estimation de la fonction de la rentabilité des
banques au Cameroun, le modèle à utiliser est une adaptation du
modèle utilisé par Hayden et al (2006) combiné à
celui de Mansouri et Afroukh (2008) c'est-à-dire une régression
multiple avec le ROA comme variable à expliquer, l'indice de
Hirsmann-Herfindal et d'autres éléments comme variables
explicatives. Ainsi, la même démarche et les mêmes
spécifications économétriques seront adoptées. La
période sur laquelle les données statistiques
agrégées sont observées (2000-2008, soit neuf
années), est relativement courte. Il y a lieu de noter donc que les
résultats de cette analyse seront issus de l'estimation
d'équations sur des données à fréquence
trimestrielle.
Le modèle utilisé ici pour estimer l'influence
des déterminants sélectionnés sur la rentabilité
bancaire au Cameroun peut être présenté sous la forme
suivante:
ROAt = â0 +
â1IHHPt + â2KXACTFt +
â3FGACTFt + â4LOGACTFt
+ â5INFt + â6ACTFPIBt +
â7CONCt + â8PIBt +
â9Riskt + åt
Avec :
ROA = (Return On Asset) variable
représentant la rentabilité ;
IHHP = l'indice de Hirschmann-Herfindahl qui
indique le niveau de diversification du portefeuille de
crédits ;
FGACTF = charges
générales/total actifs ;
KXACTF = capitaux propres/total
actifs ;
LOGACTF = log (total actifs) qui
représente la taille de la banque ;
INF = taux d'inflation ;
PIB = taux de croissance
économique ;
CONC = Somme des parts de marché des
banques les plus importantes, c'est-à-dire le ratio de concentration
bancaire ;
ACTFPIB = total actifs du secteur
bancaire/PIB, c'est-à-dire la taille du secteur bancaire
Risk = écart type de la
rentabilité, c'est-à-dire le risque du secteur bancaire.
Après la présentation de la démarche
économétrique, ce qui suit nous permet d'évaluer les
facteurs explicatifs de la rentabilité bancaire dans le contexte
camerounais.
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