CHAPITRE 2 : ANALYSE THEORIQUE DE L'IMPACT DE LA
DIVERSIFICATION DU PORTEFEUILLE DE CREDITS SUR LA RENTABILITE BANCAIRE
Dans ce chapitre il est question, de partir d'un ensemble des
études empiriques réalisées aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en voie de développement,
pour une analyse théorique des modèles dans lesquels le
portefeuille de crédits a été utilisé comme facteur
explicatif significatif de la rentabilité bancaire. Ainsi, un accent
sera mis sur l'impact de la diversification du portefeuille de crédits
sur la rentabilité. Ceci afin d'analyser dans notre contexte la
validité de la théorie qui stipule que la diversification du
portefeuille a pour effet soit la réduction du risque, soit la
maximisation de la rentabilité dudit portefeuille. Dans la mesure
où la gestion du portefeuille de crédits fait l'objet de
l'application de plusieurs théories, notre étude porte sur deux
d'entre elles. Premièrement nous nous focalisons sur la théorie
de MARKOWITZ. La deuxième analyse porte sur la théorie de
l'intermédiation financière.
Section 1 : la théorie traditionnelle du
portefeuille
En considérant le portefeuille d'activités des
banques, la théorie financière et le modèle
d'équilibre des actifs financiers appréhendent bien l'analyse des
risques liés à la diversification d'un portefeuille (Patry,
2002). Ainsi, le risque d'un ensemble d'activités est rapporté au
risque propre de chaque activité et aux corrélations entre ces
activités. Le risque pour une banque diversifiée sera d'autant
plus réduit que les corrélations entre les rendements des
activités bancaires et non bancaires seront faibles ou
négatives. La plupart des études empiriques consacrées
à la réduction du risque induite par la diversification font
allusion à la théorie de Markowitz. Ces études mettent en
évidence le fait que la diversification du portefeuille de
crédits diminue le risque du portefeuille de la banque.
Cette section passe en revue l'essence de la théorie
traditionnelle du portefeuille et son application à la gestion du
portefeuille de crédits.
I - l'essence de la théorie de MARKOWITZ
Markowitz formalise le problème du choix du
portefeuille par l'investisseur en supposant que celui-ci optimise ses
placements en tenant compte, non seulement de la rentabilité
espérée de son portefeuille, mais aussi de son risque
mesuré par la variance de sa rentabilité. Ceci peut être
illustré par un portefeuille d'actions qui offre un couple
rentabilité-risque meilleur qu'un titre individuel. Une
corrélation faible entre les titres individuels aboutit à un
meilleur rapport rentabilité/risque.
I 1 - l'idée de départ et les
hypothèses
La théorie financière et les modèles
de choix de portefeuille se sont développés depuis près
d'un demi-siècle dans le cadre de la théorie de
l'espérance d'utilité, reposant sur l'axiomatisation des
préférences individuelles de Von Neumann et Morgenstern.
L'hypothèse d'aversion au risque avec les travaux de Markowitz (1952)
sur la diversification du portefeuille ont donné un caractère
opérationnel à la prise de décision dans le domaine du
choix de portefeuille, en mesurant le risque par la variance de la
rentabilité du portefeuille. Le comportement de l'investisseur du type
Markowitz, est un comportement riscophobe et insatiable (Broihanne et al,
2006).
Le modèle de Markowitz repose cependant sur des
hypothèses fortes, relatives aux préférences des agents ou
à la distribution de probabilité des rentabilités
(Markowitz, 1952). Markowitz lui-même avait déjà
mentionné que cette mesure à savoir la variance
n'était peut-être pas la meilleure en suggérant une
alternative, la semi-variance, qui tient uniquement compte des
rentabilités inférieures à la moyenne. Il s'agissait
d'une première approche de ce qui est appelé aujourd'hui «
aversion aux pertes » (Broihanne et al, 2006). Selon Broihanne et al
(2006), Markowitz dans un second article publié la même
année (1952) et intitulé The Utility of Wealth,
proposait une fonction d'utilité concave du côté des gains
et convexe du côté des pertes pour tenir compte des comportements
couramment observés, et notamment les comportements de jeu et de
prise de risque dans certaines circonstances.
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