II - les déterminants macro-financiers
Les divergences entre la théorie et l'empirisme
existent également au niveau de l'impact de certaines variables
macro-financières sur la rentabilité des actifs. En effet,
l'étude empirique de l'impact de l'environnement macro-financier sur la
rentabilité des actifs des banques a conduit à des
résultats mitigés. La théorie économique soutient
que la taille du secteur bancaire et la rentabilité des actifs
évoluent dans le même sens. De même la concentration
bancaire a elle aussi un impact positif sur la rentabilité bancaire.
II 1 - la taille du secteur bancaire
Si l'émergence des marchés de capitaux dans les
pays en voie de développement renforce l'activité bancaire comme
l'ont soutenu des études empiriques récentes
(Demerguç-Kunt et Huizinga 1999 et Mansouri et Afroukh 2008),
l'élargissement de ces marchés peut produire un effet de
substitution sur l'activité des banques, contredisant ainsi les
prédictions théoriques. En effet, le financement de
l'économie par le secteur bancaire produit des effets
d'entraînement qui améliorent le rendement des actifs bancaires.
La taille du secteur est sensée profiter aux différents
intervenants (Demerguç-Kunt et Huizinga, 1999). Toutefois, les
résultats de Mansouri et Afroukh (2008) montrent que la taille du
secteur bancaire n'est pas favorable à l'augmentation des profits
bancaires, suggérant qu'en général, les économies
d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la
profitabilité des banques. La taille du secteur bancaire est
mesurée par le rapport total actif du secteur bancaire sur PIB.
C'est-à-dire : La taille du secteur bancaire (actfpib) = total
actifs du secteur bancaire/PIB.
II 2 - la concentration bancaire
La concentration bancaire a un impact
généralement positif sur la rentabilité des actifs
bancaires, ce qui valide empiriquement la théorie économique
(Mansouri et Afroukh, 2008). De même, traditionnellement, les
stratégies de concentration et leurs développements sont
justifiés par la réalisation des économies
d'échelle. L'introduction de cette variable a empiriquement
prouvé une relation positive avec le rendement des actifs
(Demerguç-Kunt et Huizinga, 1999).
La concentration d'un marché peut être
mesurée par plusieurs indicateurs. L'un de ces indicateurs est le ratio
de concentration ou la somme des parts de marché (en pourcentage) des
plus grandes entreprises. Pour ce qui est du marché bancaire, le ratio
de concentration peut être obtenu en additionnant les parts de
marché des banques les plus importantes en termes de total de bilan, de
total de crédits et de total de dépôts. Si le ratio de
concentration tend vers 0 (0 %), on est en présence d'un marché
très concurrentiel. Lorsqu'il tend vers 1 (100 %), on est en
présence d'un marché fortement concentré. Plus
particulièrement, la concentration est jugée élevée
dans un marché si le ratio est supérieur à 65 %. Dans la
plupart des études empiriques, la concentration bancaire est
mesurée par l'indicateur présenté ci-dessus. Ainsi,
le ratio de concentration bancaire (conc) = total actifs des banques plus
importantes/total actifs bancaires.
Le tableau ci-dessous récapitule les différents
déterminants macroéconomiques et macro-financiers
précités.
Tableau 2 : les déterminants
macroéconomiques et macro-financiers de la rentabilité
bancaire
Les déterminants
macroéconomiques
La croissance économique
logpib = Log (PIB réel par tête)
|
L'inflation
inf = taux d'inflation
|
Les déterminants
macro-financiers
La taille du secteur bancaire
actfpib = total actifs du secteur bancaire/PIB
|
La concentration bancaire
conc = Somme des parts de marché des banques les plus
importantes = Le ratio de concentration bancaire
|
Source: Mansouri et Afroukh (2008).
En résumé, ce chapitre a présenté
l'importance des outils d'analyse de la gestion d'une banque, à savoir
le bilan et le compte de résultat des banques, dans la gestion du
portefeuille de crédits comme facteurs d'explication de la
rentabilité bancaire. Il s'est également intéressé
à la littérature économique consacrée aux
déterminants de la rentabilité bancaire. Le prochain chapitre
sera focalisé sur l'analyse des études empiriques sur la
diversification du portefeuille de crédits en tant que
déterminant de la rentabilité bancaire, études
réalisées dans les pays développés et
sous-développés.
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