2.2 Théorie topologique et point fixe
Dans cette section nous prouvons les théorèmes du
point fixe dans lesquels la structure topologique du problème joue un
role central.
Les théorèmes du point fixe de type topologiques
sont le théorème du point fixe de Brouwer et son
généralisation dimensionnelle infinie, le théorème
du point fixe de Schauder.
2.2.1 Théorème du point fixe de Brouwer
Une remarque a méditer : (dimension 3) le
mathématicien Luitzen Egbertus Jan Brouwer remarquait, en
mélangeant son café au lait, que le point central de la surface
du liquide, au milieu du tourbillon créé par le mouvement
rotatoire de la cuillère, restait immobile. Il examina le
problème de cette façon : A tout moment, il y a un point de la
surface qui n'est pas changé de place.
Nous allons examiner le problème en dimension ii suivant
Brouwer.
Soit
Bm = {x E Rn tel que kxk ~ 1} (2.12)
La boule unité fermée de Rn muni de la
norme euclidienne usuelle, et
S m_1 = 8 ~Bm
la sphère qui est sa frontière.
Lemme 2.2.1 Soit
T : A --! B
opérateur continue et compact dans A, ou A est un ensemble
fermé de l'espace normé B. Si l'équation x = T x est
résoluble approximativement dans A, alors il existe une solution dans
A.
Preuve Il existe une suite (xn) dans A avec
x -- T x --! 0 .
La suite (yn) = (T xn) admet une sous-suite
convergente dans A puisque T (A)est relativement compact.
Si on note encore par (ym) pour simplifier la
notation, alors
yn = T x --! y E B
et que
x n = y n + (xn -- T xn) --! y
.
Sachant que A est fermé, alors y 2 A . Ainsi
d'après la continuité de T
T xn --> T y .
Théorème 2.2.1 (Théoreme de Brouwer)
Toute application continue f de .13,n dans
Brn, admet au moins un point fixe .
Preuve On peut montrer, pour tout E > 0, qu'il existe polynome
P avec
Ilf - Pll < E .
Utilisons la norme maximum sur Bm définie
par
Ilf 11 = max {If (x)1 : x 2 An} , (2.13)
pour avoir
11.111 < 1 + E,
alors
P (x)
Q (x) = 1 + E
est une application régulière de .13,,, dans
Bm. Il est claire que
Ilf - QM 2E.
Supposons maintenant que x est un point fixe de Q, alors x est un
point fixe d'approximation de f vérifiant
Ix -- f (x)1= 1(2 (x) -- f (x)<2. (2.14)
Ainsi le lemme précédent montre que f admet un
point fixe si toute application régulière de .13,,, dans
Brn, admet un point fixe.
Démontrons maintenant le théorème dans
plusieurs étapes sous la condition f 2 C 1 (Bm) .
(a) Soit
P (A) = aA2 + bA + c,
avec a > 0, un polynOme quadratique réel
vérifiant la propriété P (0) < 1 et P (1) < 1. Comme
P est convexe on a exactement deux valeurs de Al et A2 telles que P (A1) = P
(A2) = 1. Plus précisément, on a Al < 0 < 1 < A2 et P
(A) < 1 pour Al < A < A2 .
2
,C,_ ( _ b + 1 - C
> 41 puisque A2 - Ai > 1 .
a a
Ainsi, A1,2 = A #177; N/C avec A = -- b
a
(b) Supposons que f n'admet pas de point fixe, alors la fonction
continue est positive. Sachant que ~Bm est compact, il
existe alors un 7 > 0 tel que
1f (x) -- x1 > 7
dans Bm . Pour tout x E Bm , le polynome
quadratique
P (A) = 1x + A (f (x) -- x)12
satisfait les propriétés de (a) :
P (0) = c = 1x12 < 1 , P (1) = 1f (x)12
< 1 ,a = 1f (x) -- x12 > 72
et
b = x [f (x) -- x]
La fonction Ai = A2 (x) est négative et appartient a C
1 (Bm) puisque Al = A -- N/C .
(c) On définit la fonction g de classe C 1
par
g (x) = Al (x) [f (x) -- x]
et
h (t, x) = x + t g (x) pour 0 < t < 1 et considérons
l'intégral
V (t) = I
Br,
|
oh (t x)
det Ox, dx = I
B,
|
det (1 + tag o (x)) dx (2.15)
x
|
. . oh ici et ox
|
o
ax sont sont les jacobiens d'ordre n x n
respectivement de h et g .
|
Montrons le théorème par l'absurde, pour cela
montrons premièrement que
V (0) = Bm 1 = Qm
(le volume de la boule unité ),et deuxièment que V
(1) = 0 puis V (t) = C to
(a) V (0) = Bm = Qm est par
définition de l'intégrale V . Pour prouver la deuxième,
notons premièrement qu'on a
1h (1, x)12 = 1x + Al (x) [f (x) -- x]12 =
P (A1) = 1 .
De plus h (1, .) est de Bm dans S m-1 = a (1, x)
m ,donc pour x E Bm la matrice ah ox
est singulière.
Sinon h (1, 0) devient une bijection donc elle associe tout
voisinage de x E ~Bm a un voisinage h
(1, x) Ainsi, pour x E
= 0, pour lequel on a (b). Pour montrer que V (t) = C
~Bm on a det oh (x)
ox
te, remarquons d'abord que la fonction g de classe
C 1 vérifie la condition de Lipshtz
lg (x) -- g (~x)l < L lx -- ~xl dans
Bra .
De plus, g (x) = 0 pour x E o~B, puisque dans ce cas P
(0) = lxl2 = 1 et donc A1 (x) = 0. Soit Q la projection sur la boule
unité
Q x = x pour lxl < 1
et
Q x = pour lxl > 1 .
lx xl
Il est facile de prouver que
lQ x -- Q ~xl < lx -- ~xl ,
donc la fonction g~ (x) = g (Q x) satisfait la condition de
Lipshitz dans IR.n avec la même constante L ( g~ est
simplement un prolongement de g a IR.n par 0 en dehors de B, ).
Nous allons démontrer maintenant :
1
(d) pour 0 < t < L, l'application h (t, .) est
une bijection de Bm dans Bm. Pour montrer ca, soit h (1,
t) = x + t .g (x)
et siot a E IR.n arbitraire.
L'équation h~ (t, x) = a est
équivalente a x = a -- t · g~ (x). Puisque le côté
droite est contraction avec la constante de Lipshitz t L < 1, il existe un
seul oint fixe x = xa avec h (t, a) = a, donc h (t, .) est une
bijection de IR.n dans lui-même. Toutefois, h (t, x) est
l'identité de IR.n \Bm et égale a h (t, .)
dans B, donc h (t, .) est une bijection de ~Bn
dans ~Bn.
(e) La régle de substitution des intégrale a n
dimension nous que V (t) = C te = Stn puisque h
oh (t, x)
(t, .) est une bijection de B, dans B, et det ox > 0 .donc il
existe un intervalle
ou V (t) soit constante, et comme V (t) est un polynôme
par rapport a t de degré < n, alors V (t) = R.,, pour 0 < t <
1.
Remarque 2.2.1 James Dugundji a montré en 1951 que le
théoreme de Brouwer caractérisait les espaces normés de
dimension finie, en prouvant que toute application de la boule unité
d'un espace normé X en elle-même a un point fixe si et seulement
si X est de dimension finie.
|