SECOND CHAPITRE : LA CONVENTION SUR LA DIVERSITE
BIOLOGIQUE : UNE CONFRONTATION DES ENJEUX COMMERCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
Avant tout, il faut reconnaître le mérite de la
Communauté Internationale qui a su à un moment crucial de la vie
de l'humanité, s'arrêter, réfléchir et s'accorder
sur la nécessité de préserver la diversité
biologique et surtout de stopper son érosion. La CDB est donc la
manifestation juridique et institutionnelle de cette volonté. Cependant,
il serait utopique de croire qu'en adhérant aux principes et objectifs
de cette Convention, les différents Etats parties se seraient
concomitamment dépouillés de leurs nombreux intérêts
économiques relatifs à l'exploitation des ressources issues de la
diversité biologique. Ainsi, nous relevons que la conservation de la
diversité biologique conduit inéluctablement à une
confrontation d'enjeux que l'on
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peut d'une part, retrouver dans le texte de la Convention sur
la diversité biologique18 et d'autre part, déduire des
rapports entre la CDB et d'autres instruments internationaux plus contraignants
tel que l'Accord sur les Aspects des Droits de Propriété
Intellectuelle liés au Commerce (ADPIC) de l'OMC.
Section I : La confrontation des enjeux commerciaux et
environnementaux au sein de la Convention sur la Diversité
Biologique
La CDB dans son essence première vise la mise en place
de stratégies et de mesures dans le but de la conservation durable des
ressources issues de la biodiversité. Cependant, le constat est qu'au
delà de la dimension environnementale, la conservation de la
biodiversité, avec la multiplication des applications industrielles,
pharmaceutiques, agricoles, répond à des enjeux commerciaux et
financiers considérables. Ainsi dans le souci de concilier les
intérêts antagonistes, la CDB a procédé à la
consécration du brevet sur le vivant19 dont l'utilisation
peut influer négativement sur ses objectifs prioritaires.
Paragraphe 1. La consécration des Droits de
Propriété Intellectuelle
Avant de donner les raisons de la consécration des DPI
dans la CDB, nous essayerons d'examiner la notion de DPI.
A. La notion de Droit de Propriété
Intellectuelle
Le Droit de Propriété Intellectuelle est un
mécanisme juridique qui reconnaît à une firme ou à
un individu, la propriété sur une invention, sur les nouveaux
résultats d'une recherche ou d'une sélection. Pur produit de la
société industrielle et la logique du profit, il vise la
protection de toutes les créations de l'esprit. L'individu ou la firme
qui veut s'en prévaloir, doit accepter de se soumettre aux
procédures prévues pour la reconnaissance de son droit de
propriété.
18 La constatation des difficultés de
conciliation entre les objectifs et principes de la Convention sur la
Diversité Biologique ajoutée à la faiblesse de ses
obligations.
19 La consécration des DPI dans la
Convention avait pour but de contenter les Pays Développés
Parties à la Convention, malheureusement ces conditions d'application
étaient toutes sauf claires dans la Convention.
Historiquement, la notion de DPI a été
conçue avec les droits nord-américains et européens pour
protéger les inventions faites par des individus et des
sociétés industrielles, dans la mesure où durant cette
période toute innovation était considérée comme
appartenant au domaine public.
Il faut relever qu'il existe plusieurs types de droit de
propriété. Nous pouvant citer notamment le secret commercial, la
marque déposée, le certificat sur les obtentions
végétales et surtout le brevet qui a fait l'objet d'une
consécration expresse dans la CDB. Le secret commercial protège
la formule, la méthode ou la technique de fabrication d'un produit, le
procédé ou la compilation d'informations concernant ce produit.
Il rend toutes ces informations difficilement accessibles. L'un des meilleurs
exemples de secret commercial est la formule de Coca Cola. La marque
déposée protège le nom donné à un produit
pour une durée renouvelable de 10 ans. Le certificat sur les obtentions
végétales est accordé à un sélectionneur qui
a obtenu une nouvelle variété améliorée. Ce
certificat protège sa création à condition que celle-ci
remplissent un certain nombre de critères. Le brevet est un outil
juridique d'origine anglo-saxonne20 créé en 1883, il
confère à l'auteur d'une invention, le droit exclusif d'exploiter
son invention commercialement ou scientifiquement. C'est le mode de protection
de la propriété intellectuelle le plus utilisé parce-que
rapportant le plus de profit à son propriétaire en lui accordant
un monopole d'exploitation de 20 à 25 années. Cependant pour
être reconnu, le brevet doit remplir nécessairement les trois
conditions suivantes :
- l'objet breveté doit être une nouveauté,
- il doit relever d'une activité inventive,
- il doit être susceptible d'applications industrielles ou
commerciales.
En somme, il convient de retenir que les DPI sont
consubstantiellement liés aux activités économiques des
grandes industries notamment dans les domaines de l'agriculture et de la
santé.
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